-Romain, tu m'écoute là?
Je sortis subitement de mes pensées et chercha la voix qui venait de me déranger. C'était Tommy. Il avait son visage expriment l'interrogation tourné vers moi de façon à ce que je puisse voir ses yeux bleus perçants, qui me scrutait le visage en attendant une réponse à une question qui selon moi n'avait aucunement besoin d'être posée. Quant à son bras, qui était d'ailleurs très musclé, était posé sur mon épaule de sorte que ses longs et jolis doigts puissent se balancer, dans l'air frais, de ce Lundi matin du mois de Janvier.
Tommy a toujours été, d'aussi loin que je m'en souvienne, un bon garçon. Il est beau, musclé, intelligent. Il fait la fierté de ses parents. Il enchainent les bonnes notes, il a son avenir tout tracé. Il va reprendre l'entreprise familiale de son père.
Mais le pire dans tout ça, c'est que moi Romain, est bien je suis rien à côté de lui.
Je n'ai jamais eu un A à un devoir. Je suis faible, mes bras ressemblent à des baguettes chinoises, je suis aussi pâle qu'un torchon blanc qui vient d'être lavé, j'ai toujours fait peur aux gens avec mes énormes poches en dessous de mes yeux. Je suis tout le temps dans mes pensées et jamais à l'écoute des autres. J'ai jamais était une personne bien pour qui que ce soit. Pourtant Tommy s'obstine à être mon ami mais, pourquoi fait-il ça? A quoi ça va lui servir? A avoir un égo, de petit bourge, un peu plus développé que celui des autres. Alors sans contrôler mes paroles je lui dis:
- Non je ne t'ai pas écouté, lui répondis-je sincèrement, et tu le sais. Alors pourquoi t'obstine-tu à rester mon ami? Si tu le sais que je ne t'écoute pas, évite de me poser ce genre de questions, comme ça, la prochaine fois, tu économisera ta salive.
Avant même que je puisse entendre le son de sa voix, son bras avait déjà quitté mon épaule et mes jambes, toutes frêles, avaient, pour la première fois, réussies à faire plus de trois pas sans trembler. Fier de moi, j'avança vers un banc libre au fond de la cour et m'assailli. C'était la première fois que j'ai osé tenir tête à Tommy, devant tout ses amis. Avant, j'avais l'habitude, de lui répondre positivement à n'importe quelles questions posées. Même si souvent la réponse était plutôt négative. Mais j'en ai ma claque de faire croire à tout le monde que tout va bien. Moi aussi j'ai le droit d'aller mal, j'ai le droit comme tout les autres de verser une larme de temps en temps. Alors non, je ne suis pas désolé de lui avoir mal parler, et j'irai sans aucun doute certainement pas le voir pour m'excuser.
Je commença à ouvrir la fermeture de mon sac pour y prendre un livre qui me changera les idées, mais la sonnerie, me rappelant que je déjeune que deux heures, m'en empêcha.
