Le grand méchant toutou

Chapitre 34 (partie 1) : Réunion

J'entendais des voix, au loin. Est-ce que j'étais morte, comme je l'avais cru bien des fois ? Est-ce que j'étais arrivée dans l'au-delà où la voix des personnes disparues se faisaient entendre dans mon subconscient ?

Vu la douleur que je ressentais au niveau de la tête, non.

Et puis, dans l'au-delà, y'avait-il des bébés qui pleuraient ? Aux dernières nouvelles, non plus.

J'entendis vaguement un soupir de soulagement et une voix familière, qui me réchauffa le cœur immédiatement : « Elie... réveillée... »

« Bienvenue parmi nous, Elie. » fit la voix chaude et grave d'Heldon.

Il n'y avait pas à dire, ce loup avait une manière bien plus diplomate de me réveiller qu'Oswald et ses ordres intempestifs.

J'ouvris difficilement les yeux, et ma vision fut baignée d'une lumière blanche que j'avais déjà vue. La dernière fois que je l'avais aperçue, c'était pour me faire recoudre le poitrail quand César me l'avait déchiqueté : j'étais dans le laboratoire de Bethany.

Son visage apparut au-dessus de ma tête comme une apparition surnaturelle et je me crispai, prise de surprise. « Ne bouge surtout pas, Elie ! » m'ordonna-t-elle en m'enfonçant un thermomètre dans la bouche.

Après m'avoir engoncé cet outil dans la gorge comme on met un entonnoir dans le bec d'une oie pour la gaver, elle disparut pendant un temps et je l'entendis lancer des ordres à quelqu'un : « Mary, Lyndon, tenez-le-moi, on doit placer le crochet... César, tu es sûr que...

-C'est un crochet ou rien. » rétorqua la voix de son partenaire d'un ton sûr.

Bethany poussa un soupir de frustration tandis que j'en poussai un de soulagement. La dernière fois que j'avais vu César, il était effondré par terre après que sa main gauche ait été coupée par Marcus. Il semblait se porter comme un charme, désormais, tout comme Lyndon qui avait été apparemment recruté par Bethany en tant qu'assistant par intérim avec Mary.

Je reprenais peu à peu conscience et je tentai de déterminer ce qui s'était passé après ma perte de conscience, au QG de la Meute Blanche. Jack avait tué Marcus, je m'étais évanouie, mais que s'était-il passé après ?

Essayant d'omettre le fait que tout mon corps semblait gémir de douleur au moindre mouvement, je me redressai, faisant fi des ordres de Bethany. La première personne que j'aperçus fut Jack, et je me laissai tomber dans ses bras lorsqu'il me les ouvrit pour un câlin. Il était couvert de bandages liés aux griffures de Marcus sur son corps de chiot, mais il me sourit, confiant. Il allait bien... J'en étais tellement soulagée que j'en sanglotais malgré moi. « Tu sais, Elie, je ne te l'ai jamais dit, mais tu n'as vraiment pas la larme gracieuse... me fit remarquer Jack d'une voix douce.

-C'est tout ce que tu trouves à me dire ? grommelai-je, la tête contre son épaule.

-Je t'assures que les trois quarts du temps, je te trouve ravissante, mais quand tu pleures, ton visage se boursoufle et tu es toute rouge et bouffie. En plus, quand tes émotions te submergent, tu ne peux plus gérer ton loup et tes crocs ressortent d'une manière menaçante. Alors ne pleure plus... Tout va bien. »

Je levai ma tête de la grande épaule de Jack pour regarder autour de moi, tentant au passage de rétracter mes crocs sortis sur le coup de l'émotion. Le laboratoire de Bethany ressemblait régulièrement à un champ de bataille à cause de toutes les opérations importantes qu'elle devait mener, ces derniers temps, mais cette fois-ci, on aurait dit qu'une bombe était tombée dans la pièce. Des ustensiles de médecine traînaient partout, des bassines remplies d'eau et de sang étaient éparpillées partout dans la salle et surtout, Bethany n'avait sûrement jamais eu autant de blessés à soigner.