Apparition

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Même mort, il hantera toujours l'esprit du proche.

Le lendemain, la police se rendit sur les lieux en compagnie de Rosalie et d'Alexandre. Une fine neige tombait du ciel. Elle rendait la présence du manoir plus féérique et moins sombre. Une dizaine de policiers empilèrent les cadavres trouvés dans le bâtiment. Certains morts manquaient à l'appel dont le corps d'Amélie, de Maxime et celui de Bill. Tant qu'à George, ils l'avait trouvé pendu au rez-de-chaussée. Les autres furent emmenés pour être examinés et découvrir la cause de leur mort.

Rosalie sous un arbre défeuillu toute seule, cherchait à faire du ménage dans son esprit. Des larmes coulaient sur ses joues pendant qu'elle contemplait la maison qui lui paraissait moins effrayante le jour. Elle pensa à son frère qui avait périt dans les mains de l'ombre de Dévir. En pensant à cela, elle trouva sa mort atroce et qu'aucun être humain devrait vivre. Elle pensa aussi à ce qu'elle deviendrait puisque son père était mort durant la nuit.

Après un petit moment, Alexandre rejoignit son amie. Il ne savait pas comment entrer en conversation avec elle et ne savait pas s'il devait. Soudain, il ne s'attendait pas à ça mais une autre jeune fille fit son apparition sur le terrain du manoir.
C'était Laurie.
Elle n'était pas venu à cause de la mort de son grand-père.

- Tu vas bien? J'ai appris ce qui s'est passé! dit Laurie.

- Je pense mais...Rosalie semble moins bien. Elle a perdue son frère et son père. Le reste de sa famille.

- Pauvre elle... J'ai eu raison de ne pas venir. La mort de mon grand-père m'a sauvé.

Laurie alla vers son amie tout en regardant le sol enneigé sous ses pieds. Elle jeta de vagues coup d'œil à son entourage où elle ne trouva que des policiers sous le choc des découvertes. Enfin, elle arriva à son amie en larmes. La jeune fille pleurait  en regardant le manoir hanté de ses yeux terrorisés, mais Laurie l'abordit quand même.

- Tu sais, tu pourras vivre chez moi.

- Merci, mais je voudrais être seule pour l'instant.

Laurie acquiesça d'un petit sourire et s'éloigna à petits pas vers Alexandre.

Rosalie reposa son regard sur la vieille maison, mais cette fois-ci elle remarqua qu'une personne l'a regardait par l'une des fenêtres. C'était celle de la deuxième chambre. La jeune fille cligna des yeux, mais l'apparition ne voulait pas partir. Elle essaya de distinguer des traits qu'elle pourrait reconnaître et vit que la silhouette avait la tête penchée sur le côté. Elle remarqua aussi une petite ombre à côté de celle-ci. La jeune fille la reconnut, c'était le chat noir. Elle le croyait disparut, envolé tel de la brume.

Rosalie se leva, essuya ses larmes et se dirigea seule dans la bouche du loup. À l'intérieur du manoir, les hauts couloirs semblaient plus espacés, l'escalier du deuxième étage était plus accueillant et les murs moins sombres. En montant, les marches ne firent aucun bruit et la jeune fille atteignit le palier silencieusement. Tout était calme et vide, mais la nuit lui a marqué une cicatrice dont elle ne verrait plus jamais le bâtiment de la même manière.

Rendu à l'étage, elle marcha lentement vers la chambre. La porte était entrouverte.
À sa gauche, la salle d'art émanait une odeur de peinture qu'elle s'était servie pour dessiner la mort de ses compagnons.
Tout droit, la première chambre lui rappelait le souvenir de s'être réveillé dans un garde-robe.

En entrant dans la chambre, elle vit un être fantomatique, dos à elle. Il ressemblait à un jeune garçon, de son âge ou un peu plus grand. Sa particularité était horrible, son cou était brisé.

Rosalie se posa plusieurs questions, mais une seule lui revenait sans cesse en-tête:

Était-ce son frère?

Lorsque l'être fantômatique se retourna, son visage familier bouleversa la jeune fille prête à chambouler d'un moment à l'autre.

Il disparut d'une lenteur époustouflante comme s'il ne voulait pas partir.
Rosalie comprit qu'il était tant de faire ses adieux et de le laisser s'en aller. Elle l'avait perdu à tout jamais, tout cela par sa faute. Par une escapade nocturne.

***

Quelques temps après, le manoir fut fouillé de long en large puis, détruit afin que le massacre ne se reproduise pas. Les derniers corps furent portés disparu et le tueur, toujours pas retrouvé.

Lors d'une nuit d'hiver, Rosalie dormait au coin de sa fenêtre dans l'appartement de la famille de Laurie. Elle était au chaud et portait une couverture jusqu'au cou. Dans un profond sommeil, elle ne remarqua pas le temps changer à l'extérieur. Une fine neige tombait flocon par flocon tout en étant illuminé par les lampadaires des rues. La lune était à son apogé et le vent soufflait un froid mordant.
En face de la fenêtre de la jeune fille, une ombre apparut. Elle était grande et portait autour de sa main un bracelet fait de cordes. Elle s'en servait pour attraper ses proies et prendre leur âme. La grande ombre regardait Rosalie avec un regard absent ou quasi-absent. Elle déroula sa corde, mais quelque chose l'interompit.
Rosalie se réveilla avec un bâillement lent et profond avant de poser ses yeux à l'extérieur. Elle eut un frisson en voyant la neige tombée et la lune l'éclaboussée. La jeune fille sentit que quelque chose la regardait. Elle fouilla du regard et vit quelqu'un s'éloigner avec une vitesse meurtrière vers l'obscurité. Elle crut que ce n'était qu'une illusion des derniers évènements, mais elle ne sentit pas la présence de Dévir dans les ombres. Celui qui avait enlevé la vie à ces amis et à sa famille en les pendant au bout d'une corde. Une corde qu'elle avait dessiné tel sa destinée.

Fin.

Au Bout D'une CordeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant