" T'as déjà tiré m'sieur ? " (Dernière partie)

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Mes menottes entravent ses poignets. Du sang coule de sa tête... Des sirènes, les pompiers, des collègues qui courent... J'ai encore le son des coups de feu dans ma tête. J'ai tiré sur un homme... Non, ce n'est pas ça la vérité. J'ai tiré sur un type qui voulait me tuer. Il est pris en charge par les secours.

-Il est encore en vie lance un pompier en découvrant sous sa chemise un gilet pare balle en kevlar. Un kevlar en 1993 ???(NDA: putain j'était même pas née XD !) Même nous, les forces de l'ordre, nous n'avions pas ce genre de protection.

Qui est ce type ? Qui sont ces types ? Armés jusqu'aux dents, protégés par des gilets, porteurs de talkie-walkie, de fausses cartes de police, ils savaient que des coups de feux pouvaient être échangés. Il s'était protégé lui !!! Il voulait buter du flic, ce n'est pas possible autrement.

-Venez boire un café m'sieur l'agent. Vous êtes passé bien près... me dit gentiment la boulangère en m'asseyant sur un tabouret dans sa boutique.

Bien près ? Passé bien près de quoi ? Une main se pose sur mon arme, je me retourne d'un bloc, le visage fermé. Un brigadier. Sa main légère sur mon bras. Un gentil sourire.

- Doucement Eric. Faut que je prenne ton arme c'est obligé tu comprends ?

Une zone neutre. Trouver une zone neutre. Rester concentré ne rien oublier des consignes de sécurité. Respirer, doucement, calmer les battements de mon cœur.

-Il est en vie, merci mon Dieu ,je pense doucement.

Je sors mon arme lentement pour la seconde fois. Je vide le barillet. Si j'avais su que je ne la reverrai plus jamais, j'aurais pris un peu de temps avant de la lui tendre.

La BRB arrive et investit les lieux. La PJ de quartier cède le terrain, suivie par la Division de Police Judiciaire.

- M'sieur, je sais pas si vous croyez aux anges gardiens, mais le vôtre aujourd'hui, il était pas de repos ", me dit gentiment un voisin qui... a tout vu de son appartement surplombant la rue de l'église.

Je comprends que je suis passé tout près comme elle a dit la boulangère et j'ai une pensée pour mon... ange gardien. Merci à toi d'avoir veillé sur moi. J'entends des voix qui me disent avoir libéré les otages. Des otages ? C'est quoi cette histoire d'otages ? Les gens que nous avions vu entrer dans la banque et ne pas ressortir et bien, ce sont eux les otages et dans le tas, deux collègues de la BAC. Heureusement qu'ils n'ont pas été détectés par les braqueurs car là, dans la banque, on n'ose même pas penser aux conséquences.

Voitures de la BRB, convoi, sirènes hurlantes, direction le saint des saints le siège de la Brigade de Répression du Banditisme. Je suis juste un jeune îlotier, perdu, dépassé par une journée qui n'en finit plus.

Audition, questions, prise de sang, re-questions par un enquêteur de la BRB qui fait tout pour ne pas m'intimider mais qui n'y arrive pas vraiment. Je ne suis plus dans mon commissariat de quartier, je suis perdu, je n'ai plus de repère.

- Allez viens petit, on va te mettre dans une pièce en attendant, me dit l'enquêteur.

- Heu, ben, ok c'est vous qui savez quoi faire . Je dois lui faire un peu pitié mais bon j'suis qu'un îlotier.

Une pièce, deux chaises, un bureau. Je m'assois. J'attends. Pas longtemps. Ils font entrer un type avec un gros pansement sur la tête et les mains entravées dans le dos. Je comprends que c'est mon tireur, celui qui m'a... flingué comme je l'ai lu dans mes romans policier. Il est haineux. Ses yeux font ce que son arme n'a pas réussi à faire ce matin. Ils me tuent avec rage et fureur.

- Pourquoi ? je lui demande simplement.

-Je regrette de pas t'avoir buté. Je voulais buter du flic, faut que j'bute du flic . Il me crache au visage.(NDA: violence x)

Je recule devant sa haine. Je ne comprends pas. Nous avons sensiblement le même âge. Il me semble être de bonne condition sociale. Pourquoi ?

Enfin la journée se termine. Je retrouve ma femme, mon foyer, mon havre de paix. Je suis en vie, je peux la serrer dans mes bras. Hé mon ange gardien ! Encore une fois merci à toi.

Quelques années passent et un jour. Convocation, cour d'assise. Procès. Les voir à nouveau devant moi, protégés cette fois-ci par 5 avocats, exit le kevlar, la robe noire et la Loi prend la relève. Et oui, ils sont 5 dans le box des accusés. Les 3 braqueurs. Un pilote d'hélicoptère qui les attendait à l'héliport de Paris pour s'enfuir et un logisticien qui avait fourni voiture et armes.

Ils ont bien travaillés les collègues de la BRB. Ils ont retrouvés tout le monde et tout le monde est là, ils doivent répondre devant les juges, devant la cour et les jurés. 7 ans pour celui qui a tiré, 5 ans, 4 ans et 3 ans pour le reste des prévenus. Il est mort du sida à la prison de la santé, celui qui a tiré et son père... Un brigadier-chef suspendu à quelques années de la retraite pour s'être fait voler son arme de service par ce fils, a du sûrement pleurer sa triste fin.

Et oui, c'était un père flic qu'il voulait buter, qu'en avait-il à faire d'un jeune îlotier ?... Rien. J'avais juste le même uniforme que son père. Le même uniforme que des milliers de flics.

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Flippant de me dire que mon père a vécu ça !

Heureusement c'est rare !

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A+


[OS] les folles aventure d'un policierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant