Je suis levée par des effluves de café. Oh mon Dieu. Cette odeur me donne la nausée. De graines écrasées en train de fondre dans de l'eau chaude. Les adultes sont des extraterrestres. Je sors de mon lit et vais dans ma salle de bain. Je rince mon visage et tente un sourire. Beurk. Je descends en pyjama. Là, je vois ma mère qui lit une revue tout en mordant dans une tartine. Cyrill lui regarde la télé. Les infos. Locaux... Pourquoi faire ? Je m'assois :
-Bonjour Nami, lance joyeusement ma mère
-Salut, ajoute Cyrill
-Bonjour, je réponds, lentement, pour exprimer mon besoin de morosité quotidien.
J'attrape une tartine, que je beurre et la grignote.
-Oh, Nami, je te laisse ma voiture pour tes déplacements.
-Merci m'man. Je pense que je vais me changer pour aller à l'orphelinat.
-Tu ne manges pas ?, s'enquit Cyrill, qui s'était tourné vers moi.
-Je ne suis pas... affamée. Merci.
-Bon..., dit-il.
Il est... inquiet ?
Je monte vers ma chambre pour me préparer. J'ouvre ma valise. Rien n'y est plié. J'ai tout balancé en vrac dedans. Je fais un effort et mets un jean propre. J'attache les lacets de mes vans. Je caresse du bout de l'index le trou dans ma chaussure gauche. Je me lève et prends mon sac à dos. Je le vide totalement sur mon lit. Un univers entier en découle. Des livres. Des chargeurs. Des bonbons. Des cahiers et des feuilles volantes. Un gloss à la framboise. Des pins. Une brochure. Un paquet de chewing-gum. J'y mets mon CV, mes chewing-gums et un stylo. Il est bleu pailleté. Et un livre. Je descends et vais vers le jardin de ma mère.
Là, je suis bluffée. Il a quadruplé en taille et en qualité. Maman a eu beaucoup de temps pour elle après le divorce :
-Maman ?
-Ici Nami !
-Les clefs s'il te plaît, dis-je en avançant vers elle.
-Prends-les sur le comptoir. Tu veux bien que Cyrill t'accompagne, juste pour te montrer la route. C'est toi qui conduis.
Ma mère connaissait mon entêtement vis-à-vis de mon indépendance. Et je lui en suis reconnaissante.
-Oui, c'est bon pour cette fois. Salut.
Je l'embrasse sur la joue. Elle semble surprise. Je passe en vitesse dans la cuisine pour prendre les clefs, et prévenir Cyrill. Mais juste à côté de la table, je vois une pile de crêpes chaudes. Je regarde autour de moi.
-Prends-en une, me conseille Cyrill.
-C'est... c'est pour moi ?
-Entre autre.
-Pourquoi ?
-Prends-en une, on y va, répond-il, tout sourire.
Je saisis une crêpe chaude et on se dirige vers le garage. Je m'arrête net devant la voiture de ma mère. Peut-être que mon chat est mort. Mais la voiture de ma mère persiste. Cette veille 4x4. Je monte dedans et inspire un grand coup. Cyrill me dirige à travers les rues avec sa voiture devant moi. Les maisons sont tellement espacées ici qu'elles en deviennent immenses. Finalement, on arrive devant un grand bâtiment gris. Il s'arrête et me fait signe qu'il part. Je le salue et part me garer. Je saisis mon sac, inspire à fond et sort de la voiture. Je pousse la porte et atterri dans un de ces couloirs blancs que l'on voit dans les films d'horreur. Je tire sur les manches de mon pull. J'ai froid. Je me rends à l'accueil :
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Apprends-moi à voler
Aktuelle LiteraturJe ne vais pas mettre de résumer ici. Se serait trop facile. Trop rapide. Et cette histoire ne doit pas être résumée. Aucun livre ne devrait l'être. Bonne lecture.