Sur le « Nostromo », trois jours et des milliers de clichés plus tard.
La situation allait bientôt changer pour l'équipage, leur vie allait prendre un virage à cent-quatre-vingts degrés, comme elle aime le faire parfois, sans prévenir. Ce virage avait été envisagé depuis la découverte de Xandéria, mais il n'en serait pas moins incertain.
La tension à bord du vaisseau était montée d'un cran. Elle était due au fait qu'ils étaient restés trop longtemps à attendre quelque chose qui ne se produisait pas et cela n'était pas du goût de tout le monde. Les opinions divergeaient.
L'équipage était réuni au réfectoire depuis vingt bonnes minutes en train de discuter et tous n'étaient pas d'accord sur la suite à donner à la mission.
Cette fois-ci, ce n'était pas Henry, mais Buck qui luttait seul contre les trois autres Nostromotes et, visiblement, il n'avait pas l'avantage.
— C'est une très mauvaise idée, dit-il. On ne devrait pas faire ça. Je ne les sens pas, moi, ces extra-terrestres.
— Alors, quoi ? lui demanda Henry. On fait demi-tour et l'on rentre au bercail ? On fait comme si l'on n'avait rien vu ? C'est ça ta superbe idée ?
— Non. On rentre au bercail, on donne tout ce qu'on a aux gars de la NASA et on les laisse se débrouiller avec. Voilà mon idée. Notre mission était de découvrir une planète habitée, c'est fait ! On a découvert une planète habitée ! Maintenant, c'est à eux de faire le reste.
— Voyons, c'est ridicule, lui rétorqua Henry. Vingt ans que nous voyageons à travers l'espace, nous avons enfin trouvé ! Et tu veux qu'on s'en aille. Ça nous prendra deux décennies pour rentrer sur Terre ! En supposant que tout se passe bien. Nous avons eu de la chance de voyager pendant vingt ans sans le moindre encombre matériel. Qui sait ce qui peut arriver dans l'espace ? Ne veux-tu pas les voir avant de partir ? Te dire que tu as accompli ta mission avec succès. De quoi as-tu si peur, Buck Artigan ?
— De rien ! Je n'ai... je n'ai peur de rien, mais...
— C'est décidé, nous allons descendre, le coupa le commandant. Nous en avons assez discuté. Le débat est clos.
— Commandant ! s'écria Buck les yeux écarquillés. Je vous en conjure ! C'est une erreur. Je vous le demande à nouveau, êtes-vous sûr de vous ?
— Pas vraiment, mais le but de notre expédition se trouve sur cette planète. Quel serait le sens de cette mission si nous devions leur tourner le dos maintenant ? Nous avons assez attendu. Cela fait cinq jours que nous maintenons le vaisseau en orbite. Nous les observons depuis notre arrivée. Si leurs intentions étaient hostiles, nous le saurions depuis. Vous ne croyez pas ?
— Je ne crois rien du tout, Commandant. Seulement... je ne leur fais pas confiance.
Steve Sanders éclata de rire.
— Vous ne faites confiance à personne, Buck. Tout va bien se passer, lui dit-il, essayant de le rassurer. Nous allons nous poser sur cette planète et essayer de communiquer avec eux. Nous ne ferons rien qu'ils pourraient interpréter comme une menace. Je compte sur vous Artigan. Je peux vous faire confiance ?
Après quelques secondes de silence, il répondit.
— S'ils tentent la moindre attaque, je les descends.
— Et vous signerez notre arrêt de mort à tous.
— Arrête de déconner, Buck ! lui intima Astrid. Tu n'es pas sur un champ de bataille.
Il renifla de mépris en guise de réponse.
— Elle a raison, renchérit Henry. Leur planète est vingt fois plus grosse que la Terre. Imagine un peu la densité de leur population ! Tu les attaques et en représailles ils décident de s'en prendre à nous. Je ne parle pas uniquement du vaisseau, mais de la Terre tout entière ! Qui te dit que nous pourrions lutter ? Nous ne connaissons rien d'eux. Ont-ils une technologie dépassant la nôtre ? Ont-ils des armes aussi puissantes que nos bombes A ? Une bombe antimatière ? Peut-être ont-ils la puissance nécessaire pour créer des trous noirs ? J'exagère un peu, je vous l'accorde. Mais tout ça pour dire que nous ne savons rien d'eux. Leur réaction face à notre agressivité pourrait s'avérer catastrophique pour l'humanité.
— Je suis d'accord avec vous, Henry, répondit le commandant. Le but de cette mission n'est pas de déclarer une guerre intergalactique, mais de trouver d'autres formes de vie. Et nous en avons trouvé une !
— Oui, mais...
— Nous avons assez parlé, Buck. Nous sommes trois à penser la même chose. Ou si vous préférez, je suis le commandant de ce vaisseau, je commande ! Il est temps d'aller les voir. Astrid, à votre poste.
— Oui, Commandant.
Tous se levèrent.
Astrid suivit Sanders dans le cockpit et prit place dans son fauteuil pour l'assister dans la manœuvre de l'atterrissage.
Henry Fonda alla se servir un café et se rassit sur une chaise du réfectoire. Un air ravi sur son visage.
Buck serra les dents et ne démordit pas.
Je ne les sens pas du tout ces extra-terrestres.
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La vérité est ailleurs
Science FictionPetit clin d'oeil à Mulder et Scully ! Chris Carter ne m'en voudra pas.