2 : Son entrée vers un autre monde

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L'air était frais, le sol chaud comme elle l'aimait, la brise faisait voleter ses cheveux devant elle et elle en riait. En sortant des cours, elle avait retiré ses sandales, un petit signe pour elle qui reflétait sa nouvelle liberté. Ses yeux se baladaient de droite à gauche, redécouvrant le chemin qu'elle empruntait chaque jour pour rentrer chez elle. Sa bouche sifflait discrètement une petite mélodie qu'elle avait l'habitude de chanter une fois arrivée.

Ses doigts entourèrent finalement doucement la poignée du portail. Elle entra dans l'allée de sa petite maison. Les plantes grimpantes formaient un arc au-dessus de sa tête avant de dévaler sur les bords du jardin. Chèvre-feuilles, lierres, rosiers, plants de tomates... Tout avait grandi au fil des années pour devenir un véritable dôme végétal, qui la rendait d'humeur à danser à chaque fois qu'elle passait dessous. C'était son entrée vers un autre monde. Et tandis que sur le chemin les oiseaux gazouillaient et les abeilles bourdonnaient, bientôt le seul bruit qui lui parvint fut des cris, des pleurs et des rires, qui s'amplifièrent lorsqu'elle s'approcha de la porte d'entrée.

Elle souffla un grand coup avant de toquer dans un rythme particulier et quotidien le matériel blanc et froid qui la séparait de l'intérieur. Tac. Tac, tac, tac. Tac, tac. Immédiatement, tout les cris s'interrompirent et, au bout de quelques secondes où elle croisa les bras en attendant, le bruissement des clés dans la serrure se fit entendre. A la rapidité avec laquelle la personne ouvrit la porte, elle sut avant même de la voir qui allait apparaître. Une crinière rousse et lisse apparut dans son champ de vision, et bientôt elle sourit en remarquant la moue boudeuse de sa petite sœur, Anna.

- T'es en retard, râla cette dernière. Du coup Gabriel s'est encore pris pour le roi du monde.

Avant même qu'elle ai le temps de répondre quoique ce soit, un grand garçon au visage constellé de petites tâches déboula. Ses cheveux coupés courts étaient d'une nuance plus sombre que la couleur de ceux d'Anna, sa bouche formait un grand sourire pendant que ses yeux étaient écarquillés en la regardant. Gabriel fila jusque derrière sa petite sœur avant de l'attaquer pour lui faire des chatouilles. Les mains sur les hanches, Bérénice se racla la gorge en souriant.

- Excusez-moi, monsieur le « Roi du Monde »... (Gabriel releva immédiatement la tête sans cesser ses activités, pendant que sa sœur lui hurlait d'arrêter) Sans vouloir vous vexer, vous sentez horriblement mauvais. Auriez-vous l'obligeance de lâcher votre pauvre sœur qui n'a rien demandé, et de rapidement aller vous doucher, avant que je n'aille chercher le reste de vos sujets ?

- Oh mais avec grand plaisir, Votre Honneur.

Il mima une courbette avant de filer dans les escaliers, pendant qu'Anna reprenait tout juste son souffle en grimaçant. Bérénice tendit la main pour l'aider à se relever. Sa sœur leva la tête, attrapa sa main et se releva en bougonnant :

- C'est pas mon frère, pas possible. Non mais t'as vu cet idiot ? (Elle croisa les bras, indignée) J'en ai marre, 'Nice.

- T'inquiète pas, c'est un garçon c'est normal, rit Bérénice, avant de commencer à tresser les cheveux légers et fins de sa sœur. Tu t'es déjà lavée ?

- (Elle hocha la tête) La salle de bain, c'est le seul endroit où il me fiche la paix.

L'aînée leva la tête vers l'horloge. Plus que dix minutes avant que ce soit l'heure d'aller chercher les plus petits. Elle finit la tresse de sa sœur et lui sourit avant de crier vers l'étage :

- Gabriel ! Bouge tes fesses, ça va être l'heure !

Elle laissa sa sœur s'échapper vers sa chambre, rangeant par la suite la brosse et les chouchous dans une trousse rose bonbon. Elle reposa cette dernière à sa place, puis se dirigea vers le frigo. Presque vide. Il serait temps que ses parents pensent à faire les courses. Et à rentrer aussi, accessoirement. Sinon elle serait obligée comme la dernière fois de faire elle-même les achats de la famille, et il était prévisible que ce soit de l'argent dépensé que ses parents ne lui rembourseraient jamais. Elle attrapa alors rapidement de la viande hachée, des oignons, quelques œufs et les posa sur le plan de travail. Ce soir, elle ferait la cuisine. Cela faisait longtemps, et elle avait envie de fêter ce joli jour d'été où elle était enfin en vacances. En plus, ça leur ferait plaisir, et elle ne pouvait attendre mieux. Elle regarda à nouveau l'horloge : 16h54. Bon, elle mettait en général trois minutes pour arriver là-bas à pieds, et son petit frère n'était toujours pas sorti.

Une myriade d'étoiles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant