3 : L'harmonie n'est jamais donnée, elle doit se conquérir

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La grande aiguille, qui attendait son tour depuis maintenant une minute atteignit le quatre. Quatorze heures et vingt minutes.

Dans la petite maison des Lawlor, seulement un poul battant irrégulièrement était perceptible. Des respirements excessifs, mais inaudibles, sortaient de la bouche d'un jeune homme.

Ces derniers furent cachés par le tambour de la machine à laver, cette dernière étant à moitié fichue, le tambour faisait un bruit ignoble. Un bruit insupportable envahissait toutes les pièces lorsqu'elle était en route. De toute part, dans toutes les pièces de la maison, on pouvait l'entendre.

Mais au-delà du perpétuel spectacle de la machine à laver, se trouvait le blondinet.
La tête droite, mais les yeux levés au ciel, il larmoyait.

La pression accumulée depuis tout ce temps était de trop, il fallait s'en débarrasser. Pleurer, c'était la façon de Léo pour se défaire de sa pression. La pression qui apparaissait tous les jours, qui se multipliait avec les habituelles vingt-quatre heures qui passaient, avec les souvenirs qui peu à peu, disparaissaient.

Les dernières paroles qu'il avait entendu, le son de sa voix et puis la douceur de ses gestes. Ses sourires et ses étreintes si douces, qu'il n'aura plus jamais. Sa gentillesse et son attention envers autrui qu'il avait toujours admiré...

Léo sourit en repensant aux dernières images qu'il lui restait. Un sourire sincère accompagné de phrases rassurantes, l'informant qu'elle reviendrait vite et de ne plus pleurer, parce que ça le rendait pas beau, et qu'elle préférait quand il souriait.

Pour passer à une image, un passage. Son sourire n'était plus dressé, ses yeux ne dégoulinait plus de son authenticité habituelle. Ses cheveux n'était plus en bataille comme elle aimait si bien les laisser, elle ne portait plus de bleu, ni de jaune.

A huit ans et demi, Léo avait vu sa mère allongée dans un cercueil, habillée d'une robe noire, alors qu'elle détestait le noir. Ses cheveux blonds, bien peignés, étaient regroupés en un chignon au-dessus de sa tête. Elle ne souriait plus.

Léo avait éclaté en pleurs au moment même où il avait aperçu sa mère, sans plus aucune vie, immobile, avec un visage neutre. Au même moment que les pleurs de l'adolescent, au beau milieu de la ville, se trouvait son aîné, Chris.

Tandis que son frère pleurait en se remémorant des souvenirs douloureux à quelques lieux de là, lui avançait fièrement le long du trottoir, la tête haute avec un sourire dragueur, tout le monde se retournait vers lui. C'était un charmeur, et il le savait, il en jouait. La démarche décontractée, il avançait doucement mais sûrement. Son habituel sourire cajoleur était scotché sur son visage, accompagné de son regard envoûtant qu'il osait tourner vers les demoiselles qui passaient par là. Celles-ci souriaient timidement ou grandement, une de plus, pensait chaque fois Chris.

Il aperçut son "amie" et coura un peu pour la rattraper, et quand il arriva enfin à sa hauteur, il posa son bras sur son épaule.

- Ma pute préférée !

Cette dernière se retourna vers lui, piégée.

- Arrêtes de m'appeller comme ça! Je m'appelle Mart-

- Ok, ça commence à devenir ennuyeux, la coupa Chris avec un soupire théâtral.

Chris avança un peu plus rapidement les talons pour reprendre son "défilé", mettant le visage de la prénommée Mart, alias l'ennuyeuse, dans un coin de sa tête, pour l'éviter la prochaine fois.

La fille aux cheveux dorés lança suffisamment fort, pour qu'il l'entende malgré la distance qu'il avait déjà pris :

- On a couché qu'une seule fois ensemble Chris, et j'étais bourrée !

Une myriade d'étoiles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant