Chapitre 17

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Je la regarde depuis maintenant au moins 5 minutes. Les larmes ont commencé à couler sur ses joues. Alors comme ça elle s'en veut. Mais pourquoi?
Je ressemble le peu de force que j'ai dans mon bras droit pour lui attraper la main. Elle relève ses yeux vers les mien, un air surpris dans le regard.

- Pourquoi tu dis ça? je demande.

Elle tourne la tête pour fixer un point près de la fenêtre.

- Je suis malade depuis plus longtemps que toi. J'étais sur mon lit de morte quand tu es partie. Je n'ai pas le droit de te piquer la vie que tu aurais dû avoir...

Je réfléchis un instant à ce que je pourrais lui dire mais une seule chose tourne dans ma tête. Elle va vivre! Elle va se marier et avoir des enfants!
Je suis tellement heureuse qu'un sourire s'affiche automatiquement sur mon visage. Elle parait encore plus surprise.

- Tu plaisantes j'espère! C'est le meilleur cadeau que tu puisses me donner! Tu vas vivre, Zoé! Mon Dieu c'est tellement génial!

J'ai du tellement crier que Sylvia arrive en courant dans ma chambre, paniquée.

- Tout va bien Rose?! s'exclame-t-elle.

- Si je vais bien? Je vais hyper bien! Je ne peux pas aller encore mieux! Elle va vivre et elle va se marier! Dès que mon putain de corps voudra bien se bouger, on fêtera ça comme il se doit!

Je me suis enfin tournée vers mon amie qui me regarde bizarrement mais avec un sourire aux lèvres.
Nous sommes restées le reste de la matinée ensemble. Elle m'a expliquée que la greffe avait eu quelques complications au départ. Son corps la rejetait mais après quelques médicaments et quelques rendez-vous à l'hôpital, tout allait mieux.
Ses parents lui ont apparemment acheté une voiture pour fêter son retour. Elle m'a promis qu'elle m'emmènerait en voyage quand j'irai mieux même si elle sait très bein que tout est fini pour moi.
Quand l'après-midi commence à venir, elle dû me laisser pour que je puisse aller faire mes radios.
J'étais seule dans ma chambre depuis la fin de mon IRM. Je regarde les aiguilles de mon horloge tourner et c'est seulement après une heure que la porte s'ouvre enfin sur ma mère accompagnée d'Eden.
Je remarque directement que son maquillage à coulé signe que les résultats sont très vite arrivés et que ce ne sont pas de bonnes nouvelles.
Elle vient s'asseoir à côté de moi sur un fauteuil tandis que Ed se poste en face de mon lit, les yeux rouges lui aussi.

- Rose, nous avons reçu tes résultats d'examens... La tumeur a pris l'ampleur. Ell est maintenant en phase 4. Une intervention est impossible dorénavant mais, ce que nous pouvons encore faire, c'est continuer la chimio pour que tu puisses vivre plus longtemps. C'est toi qui vois.

Je savais déjà que les nouvelles allaient être mauvaises mais à ce point ça me révolte.
Toutes les informations tournent dans ma tête et ça fait deux bonnes minutes que je regarde mes mains sans parler. La chambre est silencieuse. Seul les reniflements de ma mère me fait comprendre que le temps ne s'est pas arrêté.
C'est après dix minutes que je trouve enfin ce que je veux faire.

- Combien de temps me restera-t-il si je ne fais pas la chimio?

- Deux mois, pas plus. me répond Ed.

- La chimio est puissante?

- Pour les deux premières, tu te sentiras seulement fatiguée mais, par la suite, tu seras terriblement fatiguée. Tu ne sauras plus faire ce que tu veux et tu devras beaucoup te reposer.

- Donc, je vivrai plus longtemps mais mal?

- Oui, c'est ça.

- Et si je ne la fais pas?

- Ta tumeur continueras de grandir mais les symptômes seront moins violents. Tu te sentiras juste faiblir au fur et à mesure du temps pour ensuite t'endormir. Tu n'auras plus d'appétit et tu auras certainement des réactions violentes de temps en temps. Tu seras paralysée à un moment et tes sentiments prendront souvent le dessus.

Toutes ces informations n'ont fait que confirmer mes choix. Si je fais ma chimio, je serai encore plus mal que si je ne la fais pas et je ne pourrai pas profiter de mes derniers jours, profiter de ma mère, profiter de Zoé, profiter de lui... Ce serait trop dur...

- Très bien, j'ai pris ma décision.

Ma mère relève sa tête vers moi, des larmes plein les yeux. Je sais que ma décision va la faire souffrir mais ce sera trop dur de supporter la douleur. Je tourne mon regard vers Eden pour voir que des larmes ont réussi à se procurer un chemin sur ses joues.
Je commence aussi à sangloter  et c'est avec une voix brisée que je leur annonce:

- Il est hors de question que je fasse une chimio. Si c'est pour ne plus avoir rien faire alors que ma mort se rapproche, autant ne pas la faire. Je veux profiter du temps qu'il me reste avec les personnes que j'aime même si c'est peu de temps.

Les pleurs de ma mère ont doublé et elle est obligée de partir à l'extérieur prendre l'air. Ed se rapproche de mon lit pour venir s'asseoir à côté de moi.

- Tu es en colère? je lui demande.

- Pourquoi le serais-je?

- Car je vous abandonne... Je suis faible...

Il relève son regard vers le mien.

- Tu n'es pas faible Rose, au contraire, refuser la chimio est l'acte le plus courageux que tu puisses faire.

Je commence à pleurer dans ses bras. Il me sert contre lui et, après une dizaine de minutes, je sombre dans le sommeil.
J'ai passé le reste de ma journée d'hier à dormir. Aujourd'hui, mon corps veut bien bouger. J'en profite pour appeler Zoé pour se faire une journée entre filles.
Programme: shopping, bouffe, shopping!
Nous nous retrouvons en face de mon hôpital vers midi. Sa voiture est juste magnifique. C'est une décapotable rouge super confortable. Elle m'aide à monter et à ranger ma chaise roulante que je ne peux plus quitter maintenant. Ce sera compliqué pour essayer des vêtements mais on fera avec. Je profite de la route jusqu'aux Champs Élysées pour la mettre au courant de mon état. Elle est visiblement sous le choc mais essaie de retenir ses larmes. Je sais qu'elle s'en veut et c'est complètement idiot.
Après quelques magasins, nous décidons d'aller manger un petit quelque chose avant de continuer. J'ai voulu absolument abandonner ma chaise roulante un petit peu pour faire fonctionner mes jambes. Nous sommes presque arrivées au restaurant visé quand je commence à avoir des douleurs insoutenables aux jambes et au crâne. Je m'écroule au sol en un cri et la dernière chose que j'entends avant de sombrer dans le noir est le hurlement de Zoé.

Bravo Rose, tu as encore tout gâché...


Encore un moment avec toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant