Un jour de juillet...

Chapitre 1, Iris

Ses pas résonnaient sur le bitume et la grille grinça lentement lorsqu'elle l'ouvrit. Les feuilles qui étaient collées dessus par le vent s'engouffrèrent à l'intérieur et elle souffla d'agacement. Comme si elle n'en avait pas déjà assez marre.

Elle sortit à l'extérieur et lança un dernier regard à sa chambre puis serra son sac sur elle. Elle remit ses cheveux derrière son épaule et avança le long du mur puis passa dans un petit chemin et longea le grillage derrière lequel dormait un jardin peu entretenu, voir même pas entretenu du tout. D'un coup, la jeune fille s'arrêta et un rayon de soleil éclaira son visage. Elle était plutôt banale, portant des lunettes, un débardeur bleu marine et une veste en jeans par dessus. D'une main de maître, elle tapota un numéro sur son portable et attendit.

- Allô?

- Raphaëlle... Je... Je suis partie...

- Partie d'où?

- De chez moi...

Une larme coula sur sa joue, suivie d'une autre et bientôt ce fut une multitude de sanglots qui résonnèrent dans l'appareil. 

- Ah... Tu veux venir chez moi? Mon père est pas là...

- Non... Tu veux pas me rejoindre ?

- Bin oui mais où?

- A la maison...

- Tu veux dire... La maison?

- LA Maison même.

- ... Tu vas rentrer?

- Oui...

- Sûre? Je préfèrerais que tu m'attende...

- Oui, je vais rentrer, tu n'as qu'à prévenir les deux autres et venir?

- Iris, c'est dangereux, imagine que...

- Cette maison n'est pas hantée, ce sont des blagues pourries tout ça, moi j'y crois pas. Dans une heure on se retrouve devant la porte?

- Iris... C'est pas des fantômes dont je parle... Mais imagine qu'il y ai quelqu'un à l'intérieur ? Genre...un clochard ? Des jeunes mal intentionnés ?... Des rats !!

- J'ai mon couteau suisse.

- Pour les rats?

- Raphaëlle... Je crois que ce dont on a le moins à craindre, c'est bien les rats non?

- Bin... Attends-moi et j'arrête de t'embêter.

- Ok...

- J'arrive.

Elle raccrocha et Iris soupira puis passa dans un trou de la clôture et s'engagea entre les arbres et les buissons. Dans le jardin, plus loin, aucun bruit ne régnait et la jeune fille ressera son sac contre elle puis sortit son couteau suisse. En quelques pas, elle fut devant la porte endommagée. Elle la poussa et cette dernière s'ouvrit dans un grincement terrifiant. Une odeur de renfermé submergea Iris qui fronça son nez et avança. A sa droite, un escalier de bois montait à l'étage et elle l'emprunta sans trop tarder. Rester quelques secondes au même endroit la terrifiait. Enfin de compte, elle aurait peut-être dû écouter Raphaëlle et l'attendre devant. Mais en même temps, elle avait peur que ses parents ne la retrouvent ainsi trop facilement. Elle en avait sérieusement ras-le-bol. Trop absents, trop égoïstes, trop trop trop. Un putain de trop plein de trop. A en donner mal à la tête.

Elle s'engagea dans les couloirs, entre les pièces situées en enfilade et se glissa dans l'une d'entre elles. A l'intérieur on devinait sans problème une commode et une chaise cachées sous des draps gris et jaunes, pourrissant sans vergogne, sûrement depuis des lustres. Iris s'approcha de la fenêtre et ouvrit un volet mais un grincement l'arrêta. Elle se tourna et murmura:

- Raph'... C'est toi?

Personne ne lui répondit et elle chassa l'angoisse de sa tête, la renvoya aux oubliettes puis se remit en tâche d'ouvrir les volets. Ils se bloquèrent et Iris grinça des dents. Puis blanchit alors qu'une main se posa sur son épaule. Elle fit volte-face avec rapidité et déglutit:

- Raph'... Si c'est toi c'est pas drôle! 

Un murmure presque inaudible lui répondit et la jeune fille vit la porte se fermer toute seule. Elle se crispa puis hurla lorsque la même main lui prit le poignet et la balança dans un coin de la pièce. Elle se recroquevilla sur elle-même en fermant les yeux et serra les poingts jusqu'au sang. Une lame apparue à sa droite, un cri aigu résonna et la pièce devint noire.