4 : I thought the birds would sing and sparkles would fly

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Les sandales de la jeune fille pendaient dans le vide pendant qu'un silence englobait la bulle que les deux sœurs s'étaient construites. Seuls les cris des oiseaux et le chant des premiers criquets étaient perceptibles pendant qu'elles occultaient tout le reste, et les geignements de leurs frères et sœur, et les aboiements du chien tout gris qui leur courait après. Leurs mains entourant sans force les cordes rêches et usées de la vieille balançoire du parc, les deux rousses avec pourtant 4 ans d'écart discutaient comme deux jumelles.

La plus petite, Anna, brisa le silence qui les reliait d'une voix hésitante :

- Alors... Tu vas les laisser te jeter là-bas sans rien dire ? Demanda-t-elle.

- Et bien, oui, j'imagine oui, répondit Bérénice. Je ne pense pas que ça vous fera tellement de mal à tous de vivre sans moi tu sais... Il-

- Comment ça, pas tellement de mal ? (Elle arrêta net le mouvement de la balançoire sur laquelle elle se trouvait) T'as déjà imaginé un seul instant la maison fonctionner sans toi, franchement ?

La bouche de la grande rousse se referma, surprise. Un sentiment de honte ou de peine, allez savoir, remonta dans son ventre à toute vitesse car oui, oui elle y avait déjà réfléchi. Et le résultat à chaque fois n'était pas beau à voir. Gabriel oubliait toujours de se doucher quand elle était absente ou en retard, Anna mourrait de prendre l'un des plus petits pour taper sur l'autre, Alice, elle, oubliait même carrément de manger. Ah, et d'aller à l'école aussi, mais Bérénice savait que ce dernier relevait plus de la volonté de rester chez soi que de l'oubli. Les deux jumeaux de cinq ans, eux, ferait de leur chambre et même de toute la maison un véritable champ de bataille et de terrain de jeu si elle ne les calmait pas quotidiennement, et le plus petit, Nolan, n'arriverait lui pas à dormir, puisqu'il avait besoin d'une chanson ET de sa voix pour ne pas pleurer et plonger dans le monde des rêves. Enfin bon, toutes les fois où elle s'était imaginée disparaître ne l'avait pas mené bien loin.

- Justement, commença-t-elle néanmoins au bout d'un temps de réflexion. Je pense qu'il serait plutôt une bonne idée que vous appreniez à vivre un mois ou deux sans moi. Surtout que dans cet intervalle, vous n'aurez même pas école, donc pas besoin de s'inquiéter sur qui ira chercher les petits ou qui vérifiera que Cathy est bien arrivée.

- Je sais mais-

- Pas de mais. Tu as neuf ans Anna et pourtant tu as une vision de ce qui t'entoure qui m'émerveillera toujours. Je pense que ton intelligence est assez élevée pour comprendre que ce départ est une bonne chose. Et qu'il est temps que tout le monde ici prenne conscience que je ne suis pas votre maman, mais que la vraie est à la maison et prendra soin de vous tout l'été.

La jeune sœur soupira, agacée. Elle savait que Bérénice avait raison, mais elle savait aussi que même elle, qui pourtant venait de débiter ces paroles pleines de sens, ne croyait pas un mot de ce qu'elle disait. Malgré tout, rien ne servait de discuter sur ce sujet, car Emma et Sébastien Martin avaient eux-même tout prévu sans aviser l'avis de personne, et Bérénice serait obligée de quitter sa famille pendant deux longs mois dans maintenant seulement quelques jours.

Cette dernière compta silencieusement en fixant ses doigts. Un, deux, trois, et quatre jours. Donc on lui avait annoncé qu'elle partait il y a pile dix jours. Elle était terrifiée, le temps défilait trop vite. Mais son sourire restait figé.

Deux petits coups sur sa tête firent éclater sa bulle et elle poussa un petit cri de surprise. Deux mains éteignirent alors toutes les lumières en se posant devant ses yeux. Elle attendit une seconde, curieuse, et reconnut le rire de sa sœur puis finalement celle de la personne derrière elle.

- Valentin... soupira Bérénice avec un sourire.

- Ha, c'est la faute de ta sœur! Elle m'a fait rire!

Une myriade d'étoiles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant