Chapitre 3

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Au bout de la cinquième sonnerie, Carlos s'apprêtait à raccrocher quand elle s'interrompait et au bout d'une demie seconde un "allô" lentement articulé.
- allô! Bonjour Madame. Vous m'avez donné votre carte hier et m'avez demandé de vous...
Il n'avait pas fini sa phrase déjà qu'elle lui répondait sur un ton toujours lent et sensuel tout en agitant vigoureusement la main en direction de Frédéric pour lui signifier qu'elle voulait être seule.
- allô chouchou! J'attendais ton appel depuis la minute où je t'ai donné ma carte. Tu m'as fait attendre mais je savais au fond de moi que tu allais faire signe. Appelle-moi Anne. C'est beaucoup plus simple tu ne trouves pas?
- oui m'dame! Euh Anne.
- voilà! C'est très bien. Tu apprends vite. J'adore. Tu conviens avec moi que le téléphone n'est pas le bon moyen pour communiquer hein, chouchou. Je te propose qu'on se rencontre demain à l'hôtel du port. Ça te convient? Surtout ne me dis pas non hein.
- non, euh...oui M'dame, euh...Anne.
- très bien! Rendez-vous demain, dix sept heures, là où on s'est dit.
- Eh ben, directe et directive. Drôle de femme. Elle ne m'a même pas laissé en placer une. Et Elle n'a même cherché à savoir comment je m'appelle. Vraiment bizarre. Carlos, interdit, soliloquait, son téléphone à la main.
Mme Agbadjoumon jeta son téléphone sur la table et cria le nom de Frédéric qui rappliqua aussitôt, se dressant comme un « i »
- Madame!
- Note dans mon agenda : demain, dix sept heures, rendez vous à l'hôtel du port.
- ok Madame, tout de suite Madame.
Il tournait les talons qu'elle le rappelait d'une voix perchée:
- le téléphone.
Frédéric s'empara de l'objet tout en s'excusant.
Il retrouvait Thomas dans Sa cuisine, lui aussi aux aguets.
- Encore un abruti qui va tranquillement se faire avoir. Si seulement on pouvait lui épargner ce qui l'attend.
Thomas haussait les épaules.
- Ouais. Mais ne te mêle pas de ça. Les jeunes d'aujourd'hui pensent que l'argent tombe du ciel. La moindre difficulté leur fait peur et la facilité s'érige en reine. C'est triste, seulement c'est celui qui touche le beignet qui s'imprègne les doigts d'huile.

Et de un et de deux et de trois. Carlos venait d'éliminer trois des chemises qu'il avait l'intention de porter pour l'occasion. Il optera finalement pour un polo blanc qui reflétait bien ses pectoraux et mettait en valeur ses biceps, un jean bleu marine, moins cintré que d'habitude et des baskets neuves bleu marine et blanc. Sa montre, imitation Rolex, achetée sur le marché à tout, Missèbo indiquait seize heures vingt sept. Il se mira une dernière fois, fit un tour complet sur lui même pour apprécier son look et sa « bogossité ».
- Avec une grande dame comme celle-là, il valait mieux être à l'heure. Se disait-il.
Il enfourcha sa moto, direction l'hôtel du port à vingt, trente minutes de chez lui en fonction de la circulation qui était un peu dense à cette heure de la journée. Mister D. de sa salle de muscu, d'un geste de main lui demandait où il allait.
- J'arrive. Se contentait-il de répondre, le sourire en coin. Il démarrait et s'en allait laissant derrière lui un épais nuage de fumée.

Carlos Où les histoires vivent. Découvrez maintenant