HuggyDoll.

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En bas de l'échelon, on trouve la criminalité ordinaire. Meurtre, empoisonnement, viol. C'est insupportable bien sûr, mais très courant et assez classique.

Au niveau intermédiaire, viennent les aggravations. les crimes précités sont alors commis sur des mineurs, des handicapés ou des personnes âgées, parfois dans des conditions sordides.

Enfin au niveau ultime, on assiste à des aberrations. Démembrements à la tronçonneuse, étranglements de la victime avec ses propres viscères, ou encore auto-cannibalisme.

 

Ce dernier niveau regroupe les cas les plus atroces et heureusement les plus rares.

Toute ma carrière s'est ainsi construite autour de ces trois catégories de ressentis.

Pourtant, lorsque l'affaire "Huggydoll" est survenue, j'ai dû me rendre à l'évidence : il existait une catégorie supplémentaire, la plus élevée dans l'échelle de l'insupportable.

Je l'ai nommée l'innommable" (le jeu de mots est involontaire). Cette catégorie est si invraisemblable qu'elle ne contient que l'affaire précitée, celle dont je vais vous parler maintenant.

Il n'y a pas si longtemps, j'étais de permanence de nuit. Mon équipe et moi avons été contacté par le CIC (Centre d'Informations et de Commandements) , le fameux "17" , "police-secours". Ils avaient reçu un appel inquiétant d'une fillette en pleurs, qui expliquait que son papa l'avait puni avant de quitter la maison familiale en la laissant toute seule. Sa mère était décédée et elle vivait sous la garde exclusive du père. La petite affirmait que l'intéressé n'était pas revenu depuis plusieurs heures, et qu'il ne lui avait donné aucune information sur son éventuel retour. Il n'avait pas non plus pris la peine d'emmener son smartphone avec lui.

Craignant un abandon d'enfant, une équipe a été dépêchée sur place afin de vérifier le sérieux des déclarations de la fillette (les canulars sont très fréquents parmi les appels au 17). Au passage, elle disait s'appeler Sara.

 

Une fois arrivés sur les lieux, les collègues ont frappé à la porte du domicile, à l'adresse indiquée lors de l'entretien téléphonique. La jeune Sara n'a pas tardé à ouvrir la porte, mais elle affichait, selon le 17, un air fragile et très craintif. Et surtout, elle présentait des ecchymoses au niveau du visage, sous les yeux. Suspectant la présence de blessures plus graves sur d'autres parties du corps de la victime, ceux du 17 ont fini par contacter mon équipe afin de passer le relais. Nous nous sommes empressés de nous rendre sur les lieux.

 

Dès que mon regard s'est posé sur Sara, j'ai tout de suite eu des bouffées de rage. Voir cette gamine de huit ans, blondinette aux yeux bleus, marquée par des traces certaines de coups, apeurée et angoissée à l'idée de ne plus revoir son paternel qui la battait me révoltait. Si je retrouvais ce fumier, je n'aurais aucun mal à commettre ce que nos bons journalistes appellent communément une "bavure".

Toujours est-il que les traces de violence étaient là, et j'ai donc décidé d'agir en flagrance. Cela signifie que j'avais suffisamment d'indices apparents en ma possession pour perquisitionner le domicile du père de Sara, toujours absent. N'ayant pu joindre téléphoniquement ni le propriétaire des lieux ni son entourage, j'ai fait appel à deux voisins pour assister à la fouille de la maison, conformément à la loi.

 

Pendant que mon équipe débutait son inspection dans le hall d'entrée de la demeure, je me suis employé à rassurer la petite Sara sur nos intentions. Je lui ai déclaré que son papa allait revenir, que nous étions justement là pour le retrouver et qu'elle n'avait pas à s'inquiéter.

HuggyDoll (Horreur)Where stories live. Discover now