Juste après ça, j'étais rentré à pied. J'aurai pu rentrer avec lui, mais le besoin de réfléchir s'annonçait trop pesant. Les fines gouttelettes chérissent mon visage, mes épaules et mes chaussures. Je marche dans les flaques d'eau, abordant néanmoins un sourire benêt au visage, repensant à la scène de tout à l'heure. Que va-t-il se passer par la suite ? Sean ne quittera jamais sa copine... Mais alors, qu'est-ce que l'on est ?
J'arrive encore à sentir la sensation qu'il m'a procuré, que seul lui réussi à me procurer. Je suis perdu... Devrais-je prendre ce qu'il me donne, sans me soucier du monde autour de moi et ne rien dire ? Je ne sais pas si je pourrais entretenir une relation comme ça, juste remplie de moments volés, quand c'est seulement lui qui décide. Mais en même temps, je sais que seul lui peut m'apaiser. C'est ça ou rien ?
Je prends le bus pour qu'il me dépose dans mon quartier. 22 heures. 6 appels manqués de ma belle-mère... Merde ! Elle a dû s'inquiéter. Je pousse la porte de l'entrée et voilà qu'une grande brune enroule ses bras autour de mon cou. C'est elle.
— Baptiste ! Mon dieu, j'ai eu tellement peur ! Mais à quoi te sert ton portable ?
— Désolé... Souriais-je.
— C'est pas drôle !
— Désolé encore.
— Mais qu'est-ce que tu faisais ?
— Je suis rentré à pied, j'avais envie de marcher.
— Préviens-nous la prochaine fois.
— Promis.Je pénètre un peu plus dans le salon, quand je le vois. Pourquoi il est là ? Je fronce les sourcils et m'avance vers lui.
— Qu'est-ce qu'il fait là ?
— Je lui posais des questions, comme la dernière personne qui t'a vu était lui, je l'ai appelé.En effet, c'est bien lui. Je rougis en repensant à ce que nous avions fait.
— Bon maintenant qu'il est en vie, je vais rentrer chez moi. S'exclama Sean en souriant.
— Merci à toi Sean.Il passe à côté de moi. Mais ce que je n'avais pas remarqué, c'est mes légers tremblements. J'avais oublié que ces médicaments ne marchaient que très longtemps après... Très efficaces... Mais avant que je ne puisse cacher ma main, en passant, il me l'effleura de son index, délicat et rassurant. Son geste, accompagné d'un tendre sourire, me réchauffa le cœur et me calma.
Je monte ensuite dans ma chambre et me pose sur le lit. Ça y est, mes médicaments font effet.
▽
Le lendemain, j'arrive à ouvrir les yeux assez facilement. Il fait beau, enfin. Il est 7 heures du matin, étonnement, je n'ai plus sommeil. Je sors de mon lit, parcours les marches de l'escalier et descends dans le salon. Je prends mon manteau et sors. Je m'assieds sur les escaliers de la devanture de la maison. Je mets mon casque audio et ferme les yeux pour m'imprégner du cosmos musical. Puis je rouvre les yeux, observant le lever du soleil, arborant ses rayons au travers des nuages, rosissant les collines lointaines de Bel-Air. J'ai sûrement un sourire niais, mais ce spectacle est magnifique et me permet de commencer une bonne journée. Je referme les yeux. J'imagine un avenir comme tel, avec la personne que j'aime et un labrador. Sean ? Je rigole à cette pensée. Mais, après tout, serait-ce possible ? Non, il me glisserait tout le temps entre les doigts...
— Que fais-tu là de bonne heure ?
La voix cristalline qui me parle me surprend. Ma belle-mère se pose à droite de moi, deux tasses à la main. Elle m'en donne une.
— Chocolat chaud ? lui demandais-je.
— Oui, tu dois avoir froid.Je regarde au loin, jouant avec ma lippe.
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GIVRE
Roman d'amourBaptiste, un Français qui arrive à Los Angeles, dans les quartiers de Beverly Crest. En face, la maison des Miller. Dedans : Sean. C'était le garçon typiquement américain ; cliché dirait-on. Bonne réputation au lycée, sportif, beaucoup d'amis. Mais...