PDV Levi:
Je suis tellement soulagé d'avoir enfin pu le revoir. Mais il a tellement changé... Il semble maigre et faible, sa peau d'habitude matte est blanchâtre, et son sourire jovial a disparu.
Eren était, il y a un an encore, un rayon de soleil. Mon rayon de soleil.
Joyeux, enfantin, taquineur. Mais la vie l'a transformé.
C'est l'homme qui méritait le moins ce qu'il lui est arrivé. Il n'a jamais fait de mal à personne, et était le premier à s'inquiéter pour les autres.
C'était grâce à lui que j'avais appris à sourire et à rire. Que j'avais appris que la vie n'était pas un simple quotidien qu'on répète inlassablement 365 jours par an.
Il m'avait sauvé de la boucle infernale dans laquelle je m'étais enfermé.
Si je l'avais pu, j'aurais échangé mille fois ma place avec la sienne. Je lui aurais donné mes yeux. Et lui n'accepte même pas ma simple présence à ses côtés.
Ça me tue. Littéralement. Si je n'étais pas venu aujourd'hui, je n'aurais su comment continuer à vivre.
Il a remarqué, bien sur, les marques sur mon avant-bras. Marques ancrées en moi, alors que je me sentais tellement en colère de la souffrance qu'il ressentait et de mon inutilité face à elle.
Sois préparé, Eren. Je ne repartirais plus jamais loin de toi, même si tu me chasses à coup de fusil. Tu connais ma détermination.
Déjà, te laisser tout à l'heure a été un véritable calvaire.
Ça fait une heure que je tourne en rond dans ma chambre d'hôtel, me demandant ce qu'il fait.
Il dort sûrement déjà, car il semblait exténué.
Et lorsque je repense au Eren que j'ai trouvé, recroquevillé, par terre, dans la rue, j'ai envie de me frapper.
Je n'aurais jamais du l'écouter, j'aurais dû rester à ses côtés, m'occuper de lui. Ça aurait été plus facile pour nous deux.
Je décide d'aller me coucher, fatigué par mes longues heures de voyage.Le lendemain, mon réveil sonne, à 07:55.
J'envoie un message sur le portable audio-assisté d'Eren;
-"Je passe chez toi dès que tu es réveillé pour t'amener un croissant au chocolat et un café macchiato, dis moi quand tu es levé."
Il répond presque aussitôt:
-"Je suis déjà réveillé. Et merci."
Sa réponse me fait soupirer. Je sais que c'est normal après tout ce qu'il a vécu, mais voir qu'il n'est plus le même me fait tout de même un pincement au cœur.
J'espère que le déjeuner que je vais lui amener, il prenait tout le temps ça lorsque nous habitions ensemble, lui fera plaisir.
J'appel mon chauffeur, et rejoins la maison d'Eren. J'y suis en dix minutes.
Je monte les escaliers, et sonne à la porte.
J'attends quelques instants et il vient m'ouvrir.
Il porte déjà ses lunettes, ses cheveux bruns sont ébouriffés sur sa tête, et je me surprends, en guise de bonjours, à passer une main dans ses cheveux.
Il me laisse entrer, puis dit:
-"Tu as oublié le déjeuner."
Et merde.
-"Euh... Non, on va aller le manger dehors."
-"Toujours aussi tête en l'air", dit-il d'un ton mi-agacé mi-amusé.
Je lui tend sa veste qui était accrochée au porte-manteau, et lui dis de se dépêcher.
Il prend une chaussure, et tâte le sol pour trouver la deuxième qui correspond à la paire.
Je me baisse, et la lui donne.
Il me grommelle un "merci" ronchonnant.
Je souris.
Il m'attrape le bras, et se laisse guider par moi.
Nous sortons, et grimpons dans la voiture.
Quelques minutes plus tard, nous nous arrêtons devant une boulangerie à l'air appétissant.
Je propose à Eren de rester dans la voiture, mais il hoche la tête et me suit, toujours accroché à mon bras.
Je commande deux cafés, et deux croissants au chocolat.
Nous sortons dans la rue, à la recherche d'un banc où nous asseoir.
J'ai l'habitude qu'on nous dévisage, moi et Eren, mais cette fois la raison est différente.
Avant c'était car nous étions un couple gay. Point barre. On nous insultait, parfois. Mais souvent les gens nous observaient comme si nous étions des bêtes curieuses et un poil dégoûtantes.
Maintenant, en réalité, ce n'est plus moi qu'on dévisage. C'est juste Eren. Il est accroché à moi, et regarde tantôt le sol, tantôt tourne la tête à droite à gauche, surement interpellé par un son, une odeur.
Ses oreilles et son nez sont devenus ses yeux.
Les enfants, souvent indiscrets, posent des questions à leur parents ou le pointent du doigt.
Les parents expliquent alors que ce gentil jeune homme est mal-voyant, et qu'il cache ses yeux avec ces lunettes.
Avant, lorsqu'un enfant posait une question innocente sur nous, la réponse n'était pas donnée pleine de compréhension et d'amitié.
C'était une réponse souvent méfiante, pleine de dégoûts et de prévenance envers leur enfant, espérant de tout coeur que jamais il ne finirait "pd".
Comme aujourd'hui, c'est Eren qui souffrait le plus de ces remarques. Lui qui était gentil avec tout le monde, il ne comprenait pas pourquoi les gens étaient si cruels, alors qu'il ne faisait rien de mal.
Ça lui était même arrivé de s'énerver contre un passant qui avait fait une remarque un peu trop fort. La tête qu'avait fait l'homme interpellé était hilarante.
Je soupirs doucement, amusé. Être avec Eren me remémore plein de souvenirs nostalgiques.
Un banc libre est en face de nous, et nous nous y installons.
-"Levi?" appel Eren
-"Quoi?"
-"Je peux juste... Toucher ton visage?" à ces paroles, il rougit.
Je lui prend ses mains, et les pose sur mes joues.
Ses longs doigts fins palpent chaque parcelle de mon visage.
Je ferme les yeux lorsque ses doigts frôlent délicatement mes paupières, puis il atteint mes lèvres.
Il reste un moment là, et ses doigts dessinent le contour de mes lèvres.
Il a la tête baissée, et je vois des larmes s'écraser sur le banc entre nous.
Je prends son menton, et soulève sa mâchoire.
J'approche mes lèvres des siennes, et c'est lui qui franchit la barrière du baiser.
Il m'embrasse, fougueusement, passionnément. Ses mains courent partout sur mon cou, ma mâchoire, mes paupières, passe dans mes cheveux.
Je retrouve sa bouche, sa langue.
Notre baiser est mélangé à un goût salé. Il pleure.
Nous nous séparons. Il est rouge, et respire précipitamment, la bouche entrouverte. J'admire sa beauté, partiellement cachée par ses lunettes noires.
Il tâtonne et trouve le paquet de la boulangerie, qu'il ouvre brusquement. Il semble vraiment embêté par la situation, car je crois qu'il voulait se contrôler davantage.
Il me tend le croissant trop vite, et me le plante dans la joue.
-"Eeh doucement" je dis en souriant.
Il prend lui aussi un croissant, et mort dedans.
Il fait la grimace, et mâche lentement, comme si il avait un goût étrange.
Il semble réfléchir, puis dit:
-"Je dois aller à la rééducation à 10h30, tu vas visiter la ville?" Pff, il tente encore de se débarrasser de moi.
-"Je suis venu ici pour toi, Eren. Pas pour visiter." Il boude.
Lorsque j'ai fini mon croissant, car Eren ne mange pas le sien, nous partons.
Nous empruntons le chemin du retour, silencieusement, et montons dans la voiture en direction de l'hôpital.
Une fois arrivés, je le laisse me guider, car il connaît mieux l'endroit que moi, y ayant rendez-vous presque tous les jours.
Nous montons sept étages, dans un énorme ascenseur.
Il s'est mis au coin opposé de moi, et a les bras croisés, un air contrarié sur le visage.
Lorsque la voix de femme nous annonce que nous sommes au septième, Eren se précipite dehors et manque de foncer dans un infirmier.
Il semble vraiment contrarier, pour faire n'importe quoi comme ça.
Je récupère son bras, et le sens se raidir contre moi.
Nous arrivons devant une porte où Eren sonne.
Une femme à lunettes ouvre, avec un grand sourire.
-"Bonjour, Eren! Oh mais qui voilà ? C'est votre petit ami?" dit elle en me tendant sa main que je serre en haussant les épaules en grimaçant un sourire, gêné.
Eren ne prend pas garde à sa question, et cette dame, Hanji, le guide jusqu'à une chaise devant son bureau.
Je m'assieds à côté, et écoute en silence.
-"Bon, Eren. Est-ce que tu as un nouveau geste que tu as besoin d'apprendre, depuis une semaine ? Ne m'en dit pas plus que trois, d'accord ?" dit-elle en rigolant.
-"Euh... Hier j'ai essayé de servir un verre de vin, et j'en ai mis plein à côté, et aussi, j'aimerais apprendre à mieux juger la distance entre deux objets."à ses paroles, Eren rougit légèrement. Il se remémore surement l'épisode du rosé et du croissant.
Pendant les deux heures suivantes, Hanji donna des techniques à Eren, lui faisant même passer quelques exercices de pratique pour différentes tâches quotidiennes.
J'observais Eren, tellement appliqué et concentré.
Avant de partir, de nouveaux assis, Hanji fait un débriefing sur comment se sont passées cette séance et les précédentes;
-"C'est bien, Eren, tu reprends du poil de la bête! Tu te sens bien mieux, depuis quatre mois, n'est-ce pas?"
Il sourit légèrement en réponse, mais c'est un sourire froid que je ne lui connais pas.
Puis Hanji nous libère, précisant que les rendez-vous ont été déplacés par Mikasa.
Ça me gène que tout soit déplacé pacque je suis là sans l'accord d'Eren, mais celui-ci ne semble pas s'en soucier.
Il semble perdu dans ses pensées, depuis ce que Hanji lui a dit.
-"Tu veux aller manger quelque part?"
-"Je n'ai pas faim." répond-t-il, puis, semblant se rendre compte de son impolitesse, il ajoute:"Mais allons quand même croquer quelque chose."
Nous allons dans une rue où abondent les restaurants de toute sorte.
Je marche en guidant encore Eren, bras-dessus bras-dessous.
Je m'arrête devant un restaurant qui propose une cuisine Italienne variée.
L'endroit semble plein, mais un serveur nous assure qu'une table est libre.
J'allais accepter, quand je sens Eren me tirer par la manche.
Je me tourne vers lui, et vois que des perles de sueur gouttent à son front, et que sa respiration est saccadée.
-"Rentrons" souffle-t-il.
Je l'entoure par les épaules, et l'éloigne de cet endroit.
Il halète toujours autant, comme un animal blessé, et semble à deux doigts de s'évanouir.
Nous arrivons rapidement à la voiture, et je l'assieds sur la banquette.
Je commence à paniquer, et lui demande ce que je dois faire.
-"Juste rentrer." dit-il d'une voix faible, en m'offrant un petit sourire. Ses sourires sont si rares, et il m'en offre seulement pour me rassurer.
Il s'est calmé, mais semble toujours aussi faible. Nous prenons l'ascenseur, et je l'amène directement sur le canapé, à sa demande.
Je lui amène un verre d'eau, et attend qu'il s'endorme pour appeler Mikasa, qui débarque une demi-heure plus tard.
Elle ne semble pas spécialement inquiète, et lorsque je lui demande d'où lui viennent ces crises d'angoisse, elle me répond;
-"Ça lui arrive de temps en temps, lorsqu'il est entouré de monde par exemple... Ça c'était calmé il y a quelques mois, mais je pense que te revoir fait ressurgir pas mal de choses. C'est normal, et ça passera. Les médecins disent que pour lui c'est une manière de se débarrasser d'un surplus de stress."
Je soupire. Je suis la cause de ces crises ?J'ai l'impression qu'il a commencé à angoisser lorsque Hanji lui a parlé d'il y a cinq mois.
Elle avait dit qu'il se sentait mieux depuis cette période, mais dans quel état devait-il être avant ? Et surtout, avant quoi?
-"Mikasa, qu'est-ce qu'il s'est passé il y a cinq ou six moi?"
A ce moment, Eren s'agita. Il se tourna dos à nous, et dit, sous l'œil triste de Mikasa;
-"Il y a sept mois, j'ai fait une tentative de suicide."
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Aveuglément amoureux (ereri)
FanficLevi et Eren vivent un amour passionnel depuis plus de quatre ans. Mais une maladie s'abat sur le jeune Eren, lui retirant la vue et sa joie de vivre. Dévasté, il quitta son ancienne vie et, malgré lui, son amour. Un an plus tard, ils retombèrent...