Partie 6, noyée

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Je pense que c'est cet instant qui a été déterminant dans ma vie, entre autre, mais c'est celui qui m'a fait croire que j'étais pas de ce monde, que j'étais pas comme tout le monde, et que c'était impossible que je remonte la pente.

Les années les plus sombres de ma vie ont débuté à cet instant...

Le lendemain j'étais à la porte du petit appartement de chez Ghita, m'excusant de mon comportement et s'était reparti... Reparti pour la grande vie, la vie qu'on s'était conçue elle et moi.
J'avais peu d'amis, mes seules connaissances, je les côtoyais grâce à Ghita. C'était elle la meuf sociable, elle qui nous tiré dans des soirées hype, elle qui nous ramenait des mecs pétés de thune.

Elle me présente donc à ces nouvelles fréquentations du moment, dont son mec : un mec qui sortait de la Sorbonne, qui avait la belle voiture, les diplômes, l'argent, les parents, les entrées, les fréquentations. On étaient passées à un level au dessus. Ghita me prêtait des sappes quand on sortait dans les soirées avec son mec : Dior, Chanel ect.

On a continué à écumer les soirées, mais les soirées plus classes, où les bouteilles à 400 € défilaient sur la table, mais surtout où la drogue circulait aussi facilement qu'une clope.

J'ai jamais été attiré par ce genre de trucs, j'avais vu les dégâts que ça provoquait autour de moi. Et puis pour moi la drogue, c'était simplement pas de mon milieu, pas pour nous. Chez moi on la vendait, on la consommait pas.
Ghita et moi nous avions toutes les deux tirées sur des joints à l'époque du Lycée, avec Bilel et sa bande. Mais on avait jamais été plus loin, on avait jamais touché à la drogue dure, aux substances réellement mortelles, provocatrices de dégâts.
La première soirée que j'ai passé avec la bande du mec de Ghita, j'ai vu un mec sniffé un rail de coke sur la petite table du carré vip de la boite. Ça m'a glacé le sang en vérité, ça m'a effrayé plus que la présence de Bilel. Puis mon attirance pour l'autodestruction a vu en cette merde l'avenir...
C'est comme ça qu'avec Ghita on est devenu des poules à mecs pétées de thune. Les mecs de quartiers, les petits mecs qui taffaient en intérim ou qui touchait juste le smic, ça nous intéressez pas. On voulait du high level, enfin surtout Ghita... Plus accro que moi aux marques et aux sappes de luxe. Moi c'était plus la drogue : le besoin d'évasion, le besoin de me déconnecter et de me défoncer tranquillement, sans conséquences.
J'étais une meuf des soirées désormais, je dormais la journée et le soir je sortais dans des soirées bourgeoises, tout ça aux frais de la princesse.

Ma mère avait bien remarqué que y avait un problème, met à l'évidence, c'était le cadet de mes soucis. Je calculais pas ses remarques, ses crises à répétition et ses menaces.

Un soir Ghita et moi étions invitées à l'anniversaire de sa cousine. C'était dans une chicha/boite de la capitale, un truc tout neuf qui venait d'ouvrir à l'époque. J'avais aucune envie d'y aller, car moi, depuis Bilel j'avais pas fréquenté les chichas, c'était plus dans mon état d'esprit. Mais je m'étais pris la tête avec ma mère et Ghita m'a tirée à cette soirée.
Sappée avec des grandes marques, on a déboulé à cette soirée comme des stars, sous les regards envieux des meufs présentes : on faisait de l'ombre. Je salue Meriem, la cousine de Ghita et m'assoie dans un coin du salon. Je regarde les meufs se déhancher et les mecs coller leurs proies. Ghita prend un verre et rigole à gorge déployée avec deux meufs. La soirée se déroule tranquillement, je discute rapidement avec la cousine de Ghita, finalement je balaye mes aprioris sur cette meuf. Elle est rigolote et pas casse tête. Ghita se déhanche sur la piste avec un mec. Moi je sirote ma vodka en envoyant des textos au mec de l'époque qui me courrait après : Alexandre. Un type que j'ai rencontré dans l'une des fameuses soirées avec Ghita. On s'était échangé nos numéros, sans qui se ne passe jamais rien entre nous. Curieusement ce mec je le voyais comme un ami, la seule véritable personne sur qui je pouvais compter à part Ghita. Il touchait pas à la coke, il était plutôt réservé, timide, pas trop dans le bling bling et surtout l'essentiel : c'était pas quelqu'un de méchant, de violent. C'était un grand romantique, il était resté 5 ans avec sa meuf pour réaliser qu'elle se tapait son meilleur ami. De fil en aiguille il m'a avoué des sentiments, mais malheureusement pas réciproque. Ça aurait simple pour moi, ça aurait la facilité : il était beau riche, gentil, aimant, il voulait m'aider et même me présenter à ses parents.
Mais moi à part me servir de lui quand j'avais besoin de thune ou d'un chauffeur, je ne voyais aucun avenir avec lui. Même si je savais pertinemment qu'il était ma seule porte de sortie à l'époque. Mais bien évidemment, plutôt que prendre la sortie de secours en courant, j'ai préféré courir vers le feu.

- C'est pas correct de rester coller à son téléphone quand t'es à un anniversaire.
Je lève les yeux de mon écran, un mec est assis à côté de moi et me lâche un sourire charmeur.

Un rebeu "fashion" comme je les appelais à l'époque : coupe au gel, grosses bagues, sappes de marques, verre de vodka à la main, prêt à tout pour rentabiliser sa soirée en ramenant à l'hôtel la plus bonne des plus bonnes. Ce qui est marrant avec ce genre de types, c'est qu'il se doute jamais que Ghita et moi on crament leurs vices à 500 km. J'ai vu immédiatement sur sa gueule que c'était un mec trop sûr de lui, qui charmait toutes les meufs aux alentours. Il s'attend à ce que je lui lâche mon plus beau sourire, mais mes yeux viennent se reposer sur mon téléphone, sans trop s'attarder sur lui. Ça a surement dû agacer son égo, vu qu'il s'est rapproché et m'a dit :

- Et c'est encore moi correct de pas répondre quand on te parle la miss
- De quoi je me mêle ?
Son petit sourire narquois disparais, il tire une tête de chien de garde prêt à mordre :
- Eh parle bien, si tu veux pas je te mette une gifle !
- Bah vas-y mets t'attends quoi !
Le son de la musique a couvert ma voix, mais mes grands gestes et la tête que je devais tirer à du lui transmettre quand même le message. Il se lève en faisant un geste de la main du genre "ferme ta gueule" et retourne vaquer à ses occupations... Tant mieux.

La rose fane mais pas ses épinesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant