Partie 8, coup de main

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Je lève la tête trouvant face à moi Karim. Vêtu d'une simple serviette autour de la taille, les cheveux mouillés. Il a souris en voyant la surprise sur mon visage. Je n'ai aucun souvenirs de cette soirée, je ne me souviens pas comment je suis arrivée et surtout avec lui ! Je pose mes yeux sur son torse, sur la chaîne autour de son cou. Je ne me souviens de rien, la perte de contrôle me fait paniquer.

- Je fais quoi ici?
- Bonjour déjà non ?
- Je fais quoi ici, avec toi ? il s'est passé quoi ?!!

Il laisse tomber sa serviette, se retrouve en caleçon face à moi. Son attitude décontractée et impudique m'angoisse encore plus. Il enfile son jean :

- T'es encore sappée non ? Bah t'as ta réponse !

Je jette un coup d'œil à ma tenue, effectivement je suis encore habillée de ma robe, mais pas pour autant rassurée.

- Donc il s'est rien passé?
- Non, c'est pas mon délire les meufs complètement khabat qui se vomissent dessus
- Ouais bah les kassos dans ton genre non plus c'pas mon délire !
- C'est pas ce que tu disais hier hein!

Je me souviens à peine avoir danser avec lui, je ne me souviens de rien, je ne peux même pas riposter, je deviens rouge pivoine et cherche mon sac dans la pièce. Il rigole voyant qu'il a réussi à me déstabiliser:

- Luisa c'est ça ?
- Hum..
Un miracle qu'il se soit souvenu du nom d'une meuf qu'il ramène un soir à l'hôtel.
- Moi c'est Karim
- Ouais j'sais bref, on va se raconter nos vies là ?
- T'étais plus bavarde hier soir
- C'est toi qui m'a ramené là?
- Ouais, t'étais complètement défoncée, j'ai une conscience j'allais pas te laisser là-bas. Dit-il avec un sourire charmeur. Quel playeur !

Ses attitudes de mec supérieur m'agace, comme si j'étais la seule à avoir abusé de l'alcool, la seule à jouer avec le feu. Je le toise du regard, passe mon sac autour de mon épaule et lui lance un :


- Ok l'abbé pierre.
- Ah t'es plutôt comme ça toi ? On te ramène au tel-ho et tu fais la starlette hautaine ! Les françaises toutes les mêmes, pleines de manières !
- C'est bon tu vas t'en remettre d'avoir emmené une meuf à l'hôtel sans contre-parti !

Je m'apprête à traverser la pièce pour sortir d'ici, mais il me barre la route. Face à sa masse de muscle et sa grande taille je ne fais pas le poids. Rapidement les angoisses reviennent, dans quelle merde je me suis foutue encore.

- Qui t'as dit que j'attendais pas de contre-parti ?
- Casse-toi
Je lui laisse même pas le temps de riposter que je me rue vers la porte et l'ouvre rapidement.

- T'as cru t'étais assez bonne pour que j'ai envie de te violer ou quoi !

Il hurle cette phrase dans le couloir, je m'arrête paralysée par le mot, rien qu'à l'attendre mon sang se glace.

- Ta gueule !
- Toi, tu vas voir !

Je prête pas attention à sa menace et je prends les escaliers. J'appelle Ghita en espérant qu'elle soit réveillée pour me sortir de cette galère. Une fois sortie de l'hôtel, je cherche mon téléphone... plus de batterie... putain ! J'essaye de repérer les lieux, cet enfoiré m'a emmené en Russie ! Je vois même pas d'arrêt de bus, étant donné ma tenue j'ai pas envie de partir en randonnée pour aller vérifier. Je retourne à l'intérieur en espérant que la meuf de l'accueil m'aide à appeler un taxi. Je me dirige vers l'accueil, la grosse dame qui doit surement passer sa journée à mater des films sur son pc me regarde à peine :

- Bonjour, excusez-moi j'ai un soucis, j'ai plus du tout de batterie vous auriez un téléphone pour que je puisse appeler un taxi ?
- Ouais... y a une cabine là-bas... faut de la monnaie !

Je sens une présence à côté de moi, l'autre relou est descendu !

- Bah alors, on est perdu ?

Je continue en l'ignorant, la meuf de l'accueil est blasée !

- Euh... j'ai pas de monnaie, vous auriez pas un fixe par hasard, c'est juste pour quelques secondes ?
- On peut pas donner le téléphone aux clients.
- Et vous vous avez pas un téléphone ? C'est pour 2 min !

Je voulais l'étrangler, je voulais me débarrasser de l'autre con à côté de moi qui nous matait avec un air satisfait ! Je voulais rentrer dans mon putain de quartier et dormir. Elle m'a toisée du style « et puis quoi encore ? ».

- Ouais c'est bon je vais me démerder
J'avance vers la sortie, je prie pour que l'autre me suive pas, mais malheureusement :

- Je suis sûr que tu rêverais de monter dans mon bolide
- Casse toi putain, t'as pas des meufs à aller baiser j'sais pas, du shit à vendre, va faire un truc là !
- Toi wallah continue et j'vais te casser ta grande gueule, tu l'ouvres trop ! Bourgeoise de merde !

Il passait sa vie à me traiter de bourgeoise, je relevais pas parce que j'avais aucune envie de lui raconter ma vie, mais ça avait le don de m'agacer. Je le regarde partir et je me dis que j'étais vraiment débile. Il m'avait ramené à l'hôtel sans me toucher, alors il était bien capable de me ramener chez moi sans me faire de mal. Mais trop méfiante vis-à-vis de la gente masculine je préféré marcher plutôt que monter dans sa voiture. Puis j'ai regardé mes jambes à l'air et je me suis dis que fallait pas que je sois suicidaire non plus, fallait que je rentre chez moi vivante.

- Oh !

Il se retourne :

- Quoi ?
- Faut vraiment que je rentre chez moi, j'ai plus de batterie...
- Je m'en bas les couilles

Il se retourne et continue son chemin. Alors là quel fils de... ! J'voulais lui cracher à la gueule, mais c'était pas la meilleure stratégie à adopter. Je l'ai suivi tout à fait naturellement, peut-être il allait pas remarquer ma présence.

Mais il se retourne vers moi avec un sourire narquois :

- Tu fais quoi là, c'est pas par là pour l'arrêt de bus
- J'te rappelle que c'est toi qui m'a emmené ici, j'sais même pas où on est
- Et à quel moment c'est mon blémpro ça ?
- C'est bon je t'ai pas demandé de m'épouser ! Je veux juste que tu me ramènes !
- Karim, mort de rire : Ah ouais, ça t'arracherait la gueule de dire s'il te plaît toi
- S'il te plait !
- Non.
- Mais quel fils d...
- Vas-y monte avant j'te pète le nez

Pour une fois je me tais et je m'assoie côté passager. Voiture intérieur cuir, toutes options. Ca paye la bicrave. J'attrape son chargeur d'Iphone branché à la voiture, ça va me sauver la vie ce truc là.

- Te gêne pas surtout...

Je lui réponds même pas, j'attends impatiemment que celui-ci se rallume. J'appelle directement ma mère, qui répond dès la première sonnerie :

- Luisa ! DOVE SEI ??? Lei impazzirà questo bambino ! Non ho sentito da voi da ieri sera! Ho chiamato la madre di Ghita ha detto che sapeva dove eravate! Mi prendi in giro? Pensi di essere in hotel, troppo? Puoi lasciarmi notte insonne? (j'ai pas de nouvelles de toi depuis hier soir ! J'ai appelé la mère de Ghita elle m'a dit qu'elle savait pas où vous étiez ! Tu te fous de ma gueule ? Tu crois que t'es à l'hôtel aussi ? Que tu peux me laisser sans dormir de la nuit ?)
- Sono la mamma dispiace tanto! Mi dispiace, mi dispiace, ho avuto più batteire Ho preso una camera d'albergo ho avuto un po 'troppo da bere Sono la mamma dispiace, ci vado (je suis vraiment désolée maman ! je suis désolée désolée, j'avais plus de batteire, j'ai pris une chambre d'hôtel j'avais un peu trop bu je suis désolée maman)
- Da quando si beve alcol? non è che Luisa! Non è mia figlia!
- Mi dispiace mamma... Io riesco anche a Aya scuola a mezzogiorno, non ti preoccupare (je suis désolée, je vais chercher Aya à 12h)
- Hum... me rifarla (me refais plus ça)
- Non t'inquiète à tout à l'heure..

Je raccroche, complètement retournée, je fais du soucis à la seule femme au monde qui me veut du bien, la seule femme que j'aime plus que tout...

- T'es italienne ?

J'en avais presque oublié l'autre à côté de moi. J'hoche la tête et il continue de rouler sans dire un mot. D'habitude j'aurais eu le réflexe de lui demander de me déposer dans un quartier de riche pour qu'il ne sache pas où j'habite, pour être tranquille. Mais là j'étais beaucoup trop fatiguée, j'voulais rentrer et pas rater la sortie de classe d'Aya. Alors il m'a déposé au milieu des grandes tours HLM. Il a rien dis, mais j'ai compris qu'il s'était senti con, il était très loin du compte.

La rose fane mais pas ses épinesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant