Je n'osais même pas regarder mes parents dans les yeux. J'étais tellement en colère contre eux. Ils ne faisaient aucun effort pour me croire ne serais-ce qu'une fois !!
Je me sentais vide. Brisée. Seule.
Cette fureur que je gardais en moi depuis tant d'années était en ébullition, j'étais comme une bombe qui s'apprêtait à exploser.
On aurait pu croire que j'avais fini par garder un certain calme, mais, en vérité, je n'attendais qu'une occasion de partir en vrille.
Ma chambre, mon reflet dans le miroir, mon apparence... Tout me dégoûtait. J'avais envie de vomir.
Comment avais-je pu laisser une chose pareille m'arriver ?
Je les avais laissé prendre le contrôle.
C'était une erreur.
Toutes ces émotions qui remontaient à la surface me faisaient l'effet d'un tsunami venu m'engloutir.
Je ne pouvais pas redevenir moi-même tant que j'étais faible.
Il fallait que je devienne forte.
Sinon, Anne allait finir par me détruire.
- Beverly ! Viens ici tout de suite !, ordonna ma mère, sur les nerfs.
Je n'avais pas la force de descendre et de voir ta face de vipère. De monstre. Je n'avais aucune envie de me retrouver enfermée dans la cave, une fois de plus.
- BEVERLY PIPER ABBOTT !! Descend immédiatement !
Elle avait beau m'appeler par mon nom complet, ça ne changeait rien. Je ne voulais pas descendre la voir. Si elle voulait me parler, il faudrait qu'elle monte, suivi de mon père, sans aucun doute, et, si elle venait à me gifler, il était hors de question que je sois un pot de peinture demain, juste pour cacher un bleu.
- BEVER...
La première marche de l'escalier craqua, mais la sonnerie retentit avant qu'elle ne put arriver à moi.
J'étais sauvée.
Sauf si... Oh, merde ! Si c'était Craig, ma mère allait commettre un meurtre ! Encore pire si c'était Chad ! Oh, non, non, non.
Je courus dans l'escalier, arrivant juste devant une scène réunissant mon père, ma mère et... Chad.
Bon. C'était officiel : ma mère allait tuer quelqu'un.
- Que fais-tu là, garnement !?
Mon père fit signe à Chad de se sauver, mais celui-ci ne voulut rien entendre. Son regard était dur. Froid. Glacial, même.
Aucun doute : ça avait un rapport avec moi. Ou ma mère.
Dans le cas présent, je me disais que si c'était avec ma mère, on était déjà morts. Tous.
- Bonsoir, Madame Abbott. Je viens vous priez de bien vouloir arrêter d'essayer de nous mettre, nous, les Rosebury, dans une misère financière.
Il avait tourné la phrase avec classe et avait garder son calme jusqu'au bout.
Je ne comprenais pas vraiment ce qu'il se passait.
Qu'est-ce que ma mère avait encore fait avec leurs parts de l'entreprise ?!
- Ça, c'est la meilleure ! J'essaye simplement d'aider l'entreprise, même si cela exige des sacrifices. Beverly ! Raccompagne-le chez lui. Il ne trouvera rien de ce qu'il cherche ici.
J'ai longuement regardé ma mère, qui tentait tant bien que mal de garder son calme, malgré la situation.
Ma mère détestait les Rosebury plus que tout.
En même temps, je me demande s'il y a bien quelqu'un sur cette Terre qu'elle appréciait !
- Mais madame...
- Chad. N'en rajoute pas. La soirée a déjà été assez compliqué comme ça..., le stoppa mon père, en faisant un mouvement amical.
Le jeune homme se retint de dire quoique ce soit, et serra les poings. Très fort.
- Beverly ! Fais ce que l'on te dit ! Raccompagne-le., m'ordonna-t-il en fuyant le regard de Chad.
J'étais très en colère. Moi aussi, je voulais fuir. Alors j'ai accepté et je suis sortie, suivi de Chad.
Il était encore plus furieux que moi, et il avait nombre de raisons de l'être !
- Je n'en peux plus. Ces parts de la société appartiennent à ma mère, et elle en fait n'importe quoi !!
- Mais...
- C'est officiel depuis dix-neuf ans ! Ce sont ses parts ! C'est ce que ma mère a gardé du divorce !!
- Je sais, Chad...
- Pardonne-moi, je suis un peu...
- Je vois ça. Tu n'es pas le seul.
- Ça ne va pas ?
Je me suis mordue la lèvre inférieure. J'en avais trop dis... Encore.
Je peux lui faire confiance., me soufflait une voix dans ma tête. Ma voix.
- Je ne sais pas si j'arriverai à garder ce rôle encore bien longtemps, Chad.
- Tu n'en as jamais eu besoin. Craig dit souvent que tu te condamnes toi-même pour quelque chose que tu n'as pas fais. Écoute... pourquoi tu ne peux pas simplement être honnête avec toi ?
- Tu pourrais commencer.
Il se tut, il savait que j'avais raison. Aucun d'entre nous n'est sincère avec lui-même.
- Et bien ? Montre l'exemple. Tu es plus âgé.
- Je suis Chad Rosebury...
- Menteur.
- Si, je suis Chad Rosebury.
- MENTEUR ! Tu l'es parce que tu le veux bien !! Tu es un Abbott, toi aussi, contrairement à ton frère ! Tu es un Abbott ! Montre donc l'exemple, grand frère !
****
Bien des années auparavant.
Quelqu'un toque à la porte de Angélique Rosebury. Elle s'empare de son carnet (au cas où elle aurait besoin de parler, ou plutôt, d'écrire) et va ouvrir. Elle tombe nez à nez face à Keith Abbott, plus souriant que jamais.
- Bonjour Angélique. Chad est là ? J'ai quelqu'un à lui présenter !
Il ne dit même pas bonjour, ni rien. Il est trop excité pour cela. Mais après tout, elle a l'habitude. C'est une des raisons de leur divorce. Il ne la regardait plus, et avait même finit pas ne pas lui adresser la parole. Leur amour s'était évaporé comme un papillon s'envolerait pour un ailleurs plus confortable, plus accueillant, plus aimant.
Tout ça est loin derrière eux.
Angélique indique le salon et voit passer son ex-mari devant elle, suivi d'une magnifique femme qui ne lui lâche pas la main.
Elle a de merveilleux cheveux d'or et les yeux noisettes, les pommettes bien relevées... On dirait une star de cinéma. Encore une que la vieillesse n'aura pas si facilement.
Elle a un beau sourire., remarque Angélique.
Un sourire qui cache une grande tristesse, elle le voit bien. Après tout, il faudrait être aveugle, pour ne pas l'apercevoir. Ou totalement fou amoureux.
Or, Angélique est muette, pas aveugle.
- Chad ? Viens là, mon garçon. Je te présente June.
Un petit garçon de trois ans s'avance, le sourire qui s'efface peu à peu à force de perdre l'équilibre.
- June, voici mon fils, dont je t'ai déjà parler...
- Bonjour Chad.
- Bonz'our !, sourit-il.
Elle le scrute un instant et élargie son sourire. Elle lui tend la main pour lui serrer.
- Je suis certaine que toi et moi deviendront de grands amis, Chad...
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Les secrets de Beverly Abbott
Teen FictionEt si vous voyiez les choses du côté de la garce qui cache un lourd secret ? Voire deux ? Ou même une infinité ? De celle qui fait du mal aux gens pour se rassurer de sa propre souffrance ? Si vous voyiez mon point de vue, à moi, Beverly Abbott ? A...