XII: Nuit

33 1 0
                                    

Je restais là, assis par terre.
Qu'est-ce qu'il pouvait avoir de plus beau que ça ?

Sa poitrine se levait à intervalles réguliers, elle semblait si douce. Elle ressemblait à une peluche géante.

Une peluche géante qui avait failli tué son nouvel ami. Encore plus badant.

« T'as vu la merde que t'as foutu dans ce bled ? Lui lança t'il en secouant le journal qu'il tenait entre ses genoux. Et puis je crois entre nous, que t'as traumatisé l'autre débile...

Il aimait bien se tenir là.
Étrangement la bête ne l'effrayait pas. Pas même d'une petite once de peur.
Il aimait juste la comtempler. Observer ses muscles saillants. Sa musculature élégante. Cette allure d'empératrice

- Tu fais la première du «Petit Caribou» , incroyable non ? Il marqua un temps d'arrêt. Ils disent que tu as dû t'enfuir d'une maison d'un de ces riches gars qui s'achètent des grands prédateurs comme animaux de compagnie. Tu viens vraiment de là-bas ?

La masse noire ne répondit pas. 
Il sourit, étirant ses lèvres en une petite fossette.

- Qu'est-ce que les gens font avec des choses comme toi ? Hein ? Moi j'adorerais avoir un tigre ou un léopard, une hyène peut être... T'en penses quoi ? Rien, c'est bien ce que je me disais. Tu vois moi, même si je vous adore je sais aussi que vous êtes pas heureux, Il fit un grand geste embrassant la salle des bras, Là-dedans, du coup c'est pour ça que j'adopterai jamais une bestiole dans ton genre. Et puis surtout entre nous parce que, tu dois bouffer au moins cinq kilos de viande crue par jour et.

Quelque chose d'étouffant avait brusquement envahi l'atmosphère et interrompu son monologue.

Ça sentait le vieux.

Ça sentait le pourri.

La forêt.

Matthias sentit son cœur se crisper en un mouvement violent.
L'air lui retournait littéralement l'estomac.

Il tourna la tête et ne sût s'il était plus rassuré qu'avant.

Un homme se tenait là.

Immense.

Démesuré même.

Les traits durs et un air hautain qui semblait transparaître à travers le lourd tissu de ses vêtements.

- Vous êtes venu la voir aussi ?

L'homme ne bougea pas.

Ses pupilles mousses le regardait d'un air dérangeant.

D'un air de tueur.

Ça devait être encore un gars de la brigade.
Ces types lui foutaient toujours les jetons.

- Vous avez pas croisé mon pote dans les couloirs par hasard ? Non ? Bon bah je vais aller le chercher hein.

Le jeune homme se releva tout en en quittant la poussière inexistante de son derrière.

- Au revoir, bonne soirée, la bonne année

L'homme le suivit du regard jusqu'à ce qu'il ne sentît plus sa présence dans le corridor.

Son regard se porta alors sur la masse ébène.

Il alla fermer la porte, il n'appréciait pas l'excès de luminosité.

Il n'y avait pas de clef, mais cela ne lui était d'aucune utilité.
Le prochain qui aurait envie de venir voir ce qu'il se passe se fera égorger.

Il sortit délicatement un appareil à souder de son sac à dos et enfila le masque à visière.

Pas question qu'il s'abîme les mains sur ce métal.

-K L Ä N- Empire Of DominationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant