Chapitre 6

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BUNNY.

Je me sens mal, horriblement mal. Cet inspecteur à mes côtés pu l'oignon mal digéré et me souffle sur le visage à chaque fois qu'il ouvre la bouche. Mes tripes se tordent et j'ai une envie de vomir tenace. Ce n'est pas juste ce mec à mes côtés qui me fait vriller. Je dois bien me l'avouer. Mes émotions sont exacerbées depuis qu'il a prononcé mon nom et que ce Jamie en question, a compris qui j'étais.

L'affaire Santini...

Ces deux mots me hantent nuit et jour. Quand il m'a regardé avec pitié j'avais encore plus envie de mourir. Cette idée reste ancrée dans ma tête. Mourir et le rejoindre... Le revoir, le chérir, l'embrasser et l'aimer plus que de raisons. Tout ça c'est fini, bel et bien enterré, tout comme mon âme.

Je dois chasser ses pensées noires de ma tête et me concentrer sur le présent, sur ce pauvre client égorgé devant moi. Ce n'est pas le moment de repenser à cette scène, de toute façon un jour ou l'autre je passerais de l'autre côté et toutes mes blessures seront pansées. Maintenant je vais rentrer chez moi, me servir un verre de vin rouge ou un martini et noyer mon chagrin dans l'alcool. Ça, c'est un bon programme. Ça, je maîtrise.

-Quelle couleur de cheveux ?
-Noir, rétorqué-je.

Il souffle encore une fois puis me regarde avec insistance.

Qu'est-ce qu'il a cet abruti de première ?!

-Il me faut plus de détails Madame Santini, épais, long, court, le style de coiffure... Enfin tout ce qui peut nous permettre d'établir un portrait-robot le plus ressemblant possible.

Je lève les yeux au ciel, mais bordel je n'attends qu'une seule chose c'est me barrer d'ici vite fait, de toute cette merde que j'ai vu et d'oublier cette... parenthèse de ma misérable vie.

-Mi-longs je dirais, coiffés en arrière et rasés sur les côtés. Après épais ou fins, j'en sais rien ! Bon sang ! Vous croyez que je l'ai approché pour lui toucher les cheveux ?

Mon ton acerbe ne lui plait pas et je m'en contrefous. Ils n'ont pas des photos de mecs pas clairs dans leur ordinateur ? Non mais sérieux ! Enfin, un mec qui égorge ses victimes ça ne doit pas courir les rues. Je suis  certainement tombée sur les pires enquêteurs du siècle... C'est bien ma chance !

-Je sais que vous êtes choquée mais pour faire avancer l'enquête, il nous faut vraiment des détails...
-Il était vêtu de noir de la tête aux pieds...

Je mets un temps de pause puis le dévisage. Aucun son sort de ma bouche, je suis en apnée. La porte s'ouvre avec fracas sur l'inspecteur Rizzo, ce Jamie si... viril.

Super... Maintenant je me mets à fantasmer sur un flic. Disons que ma petite escapade dans les chiottes ne m'a pas permise de tarir ma soif de sexe pour aujourd'hui. Mais merde !
Un flic ! Un flic, bordel. Je ne m'étonne même plus de tomber si bas.

-Vous vous souvenez de quelque chose, n'est-ce pas ? Demande-t-il en me fixant du regard.
-Oui...
-Dites-moi, comme ça vous vient.
-Il lui a tranché la gorge de la main gauche et il avait un tatouage.
-Main gauche ? Vous êtes sûre ?

J'opine du chef puis ferme les yeux pour revoir mentalement la scène.

-Il avait la peau bronzé, une trace blanche sur l'annulaire gauche...
-Il était marié... Lâche-t-il sur un ton à peine audible.

On se regarde en chien de faïence. Je penche un peu la tête sur le côté et admire ses traits. Je ne l'avais pas vu sous cet angle. Il est très beau garçon sous ses airs d'hommes des cavernes. Un poil impressionnant, enfin... en théorie. Aucun homme m'impressionne, je les connais par cœur, leurs moindre désirs, leurs faiblesses... le sexe. On en revient toujours à ce point crucial dans la vie d'un homme. Et d'une femme aussi d'ailleurs.

-Le tatouage ? Ajoute-t-il en coupant court à mes réflexions.
-Un trèfle à quatre feuilles, noir...
-Qui prend toute la main ?

J'écarquille les yeux et me mets à rire. Ce connard connait l'assassin et me fais chier en me cloitrant entre ses quatre putain de murs !

-Vous savez qui a fait ça et vous me retenez ici ! Hurlé-je.
-Calmez-vous, j'ai juste des doutes. Si c'est ce tatouage, c'est alors un homme qui fait partie d'une bande de malfrats assez connu de nos services...

Des frissons me gagnent, dans quoi mon client a pu tremper pour se retrouver avec la tête à moitié disloquée ?

-Madame Santini...
-Je m'appelle Bunny putain !

Il se gratte la tête puis souffle tout l'air qu'il contenait dans ses poumons.

-Ok Bunny, vous êtes en danger. Ce groupe n'est pas... Enfin bref on va faire une garde rapprochée et...
-Quoi ?? Ah non, non, non, non, non ! Je finis votre merde de portrait-robot et je me barre chez moi me coller la pire cuite de ma vie ! Je ne resterais pas une demi-heure de plus dans ce trou à rats à supporter vos collègues !
-Vous n'avez pas le choix, l'homme qui vous a vu est très dangereux, c'est pas un gentil garçon qui rentre chez lui pour partager un repas avec sa famille et baiser sa femme une fois couché. Ce mec va vous chercher et éliminer le peu de preuves que nous avons, c'est à dire vous ! En ce moment même si vous n'étiez pas là, mes collègues comme vous le dites si bien, seraient à la morgue pour vous identifier.

Je suis bouche bée, je crois que c'est la première fois depuis longtemps qu'on ne m'a pas parlé aussi brutalement que ce qu'il vient de faire. Et puis ça me fait quoi à moi qu'il veuille me buter ce connard d'égorgeur ? Grand bien lui fasse ! Je partirais rejoindre mon doudou plus vite que prévu. Je n'aurais plus besoin de faire mourir mon chagrin dans mon addiction au sexe, plus besoin de supporter ces regards emplis de pitié qu'on me lance dès qu'on entend mon nom, plus besoin de faire semblant d'exister...

-Vous allez être placée sous garde rapprochée dans une planque pendant que l'affaire...
-Quoi ? Mais où vais-je aller ? Et avec qui ? Et mes affaires ? Mes fleurs ? Putain, mes roses blanches !
-Il y aura tout ce dont vous pourriez avoir besoin. Je ferais la première garde dans la maison.
-Oh super... Le pied quoi ! Je vais être enfermée, séquestrée pour un connard qui n'a pas retenu ses pulsions !

Et les pulsions j'en connais un rayon. Bunny, espèce de lâche, t'es la première à ne pas pouvoir te passer de sexe juste une journée alors les pulsions...

-C'est pour votre protection.

Tu parles d'une protection ! Je ferme les yeux. Je suis dans la merde. Comment vais-je faire pour assouvir mon besoin de sexe ? Baiser avec un flic ou deux ? Non, pitié. J'ai besoin de plus que ça, j'ai envie de me défoncer au sexe brutal, de me sentir vivante et je doute que dans cette planque il y ait des petits joujoux pour me faire planer. À part si je trouve celui qui deviendra mon jouet...

BUNNY BITCHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant