Ce que je regrette le plus au monde ? T'avoir menti.

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2015


- Tu savais !? Tu savais et tu ne m'as rien dit !

- Beverly, calme-toi, je t'en prie...

- Me calmer !? ME CALMER ? A cause de tous vos mensonges, James et Lexie sont à l'hôpital, entre la vie et la mort !! Pourquoi ne jamais m'avoir dit que j'avais un frère !?

- Demi-frère.

- Peu importe ! Maman a abandonné son enfant ! Son fils ! Pourquoi est-ce que vous m'avez caché ça !?

- C'était le choix de ta mère... Tu sais, avoir un enfant après avoir immolé à contrecœur le premier, ce n'est jamais simple...

- Simple ? Non mais je rêve ! Il veut sa mère ? Je la lui donne ! Elle a l'air de tenir plus à lui qu'à moi !

- Beverly, ta mère tient à toi.

- Oh, mais oui, bien sûr ! Enfermer son enfant est une preuve d'amour, j'avais oublié !, ironisais-je, furieuse.

Furieuse ? C'était même bien plus fort que ça. A tel point que je ne trouvais pas le mot ! J'étais sur le point d'exploser de rage ! Tous mes sens étaient en alerte, et ma tête bourdonnait comme un moteur de voiture.

Je n'avais qu'une envie : hurler !

- Elle tient à toi., insista-t-il, les dents serrées, dérangé par mon comportement vis-à-vis de ma famille, mais aussi très compatissant. Trop compatissant.

- En public, oui. Et pas besoin de me regarder comme ça, je ne suis pas un être dont tu dois avoir pitié !

- Tu ne comprends pas, Beverly... Tu as le droit d'être en colère, d'en vouloir à la Terre entière s'il le faut mais... Mais il faut que tu saches pardonner. Si je ne te l'ai jamais dit, c'est parce que ce n'étais pas à moi de te le dire, mais à ta mère...

- Bien ! Parlons-en ! Où est-elle ? Son fils est à l'hôpital, et elle n'est pas là ! J'aurais quelques questions à lui poser !

- Beverly, ne fais pas ça... Je t'en prie, ne fais pas ça.

J'étais déjà loin dans le couloir, à la recherche de ma mère, lorsque j'ai entendu mon père crier :

- BEVERLY ! Je t'interdis de...

Puis plus rien. Mon père était fatigué de me cacher la vérité, lui aussi.

C'était comme si une part de lui prenait partie pour ma mère et que l'autre était d'accord avec moi.

- BEVERLY PIPER ABBOTT !

Il continua de hurler mon nom complet à travers l'hôpital jusqu'à ce qu'une femme vienne lui dire de la fermer.

Mais c'était trop tard. J'étais partie. Je devais retrouver ma mère.

Ma mère indigne.

Car elle allait avoir à répondre à bon nombre de questions.


****


De nos jours.


J'aurais dû partir de la boutique tant que j'en avais encore le temps ; ça m'aurait empêché de croiser mon père alors que j'allais en sortir.

- Beverly ? Qu'est-ce que tu fais ici ? Tes amis ne sont pas là ?

J'avais envie de me tirer une balle. C'est bien l'une des dernières personnes que je voulais voir là maintenant.

Et pour cause ! Parler avec Craig m'avait rappelé des souvenirs que je tentais depuis longtemps d'oublier.

- Si. J'étais avec Craig.

Je désigna l'adolescent de dos qui entrait dans la salle "réservée au personnel", que je savais être la réserve. Mon père ne tourna même pas la tête vers lui, respirant un grand coup.

Il détestait que je sois amie avec Craig.

- Et toi, que fais-tu là ?

- Et bien...

Mon regard pouvait être impartial, dans ma tête, je bouillonnais, en attente de sa réponse.

Qu'est-ce que mon père pouvait bien faire ici ?

Faisons une liste :

Il n'y avait ni ma mère, ni Mme. Rosebury, ni Chad.

Alors il y avait deux solutions : soit il savait que j'y étais (mais je ne pense pas que ce soit ça), soit il venait voir Craig (et, vu le taux d'affinités entre eux, j'en doute).

Il y avait donc une troisième raison.

Ce qui signifiait que mon père allait me mentir. Encore. Comme ma mère avant lui.

Je me retournais alors et, comme un éclair, j'en aperçus la cause.

Les parents de Lexie !

Depuis la mort de Lexie, mon père leur venait en aide comme il pouvait.

Et, s'il me mentait, c'était cette fois pour me protéger des larmes qui remontaient et qui étaient toujours prêtes à couler le long de mes joues.

- Je viens prendre un smoothie avant de retourner au boulot.

- Bien sûr..., murmurais-je, la gorge serrée et la boule au ventre., Je passerai par l'hôpital avant de rentrer.

- Tu y croiseras peut-être ta mère...?

- Aucune chance.

J'ai fais signe à Craig pour le prévenir que je partais, tandis que mon père le regardait de travers, comme s'il était un criminel.

Bien évidemment, dès que je partis, mon père me sourit, faisait comme si de rien n'était, et attendit que je sois assez loin pour aller rejoindre les parents de Lexie.

J'ai marché aussi vite que j'ai pu pour que personne ne voit mes quelques larmes rouler sur mes joues (oui, encore !) jusqu'à ce que je tombe sur Anne et la bande.

Bien sûr, j'avais pris le temps d'effacer toute trace de pleurnicherie avant qu'elle ne s'approche de moi.

- Beverly ? Je croyais que tu avais des choses à faire.

- Oui, justement, j'y vais.

Je me força à sourire, et, sincèrement, j'espérais que ça ne se voit pas.

- Tu vas où ?

- A... un rendez-vous.

- Ouh ! Un rendez-vous amoureux avec Trent ?

Si je disais oui, j'allais encore avoir plus mauvaise réputation auprès des élèves et des professeurs.

Non, cette fois, je ne pouvais pas laisser passer. Il fallait que j'invente une autre excuse.

- Non... Un rendez-vous chez le médecin !

- Tu es malade ?

- Euh, non, bien sûr ! C'est la routine, pour savoir si je suis en bonne santé, c'est tout...

Elle laissa s'échapper un petit "ah !" puis se retourna vers les autres et sourit.

- Si tu veux nous rejoindre, on va au centre-ville, pour voir plus de boutiques.

- J'y penserai.

- Allez, vous autres ! On y va ! On va envahir les boutiques !!

Anne s'éloigna et tout le monde suivit.

Elle était le berger. Et, eux, ils étaient les moutons.

Et j'avais pris la décision de lui mentir, à mon tour.

J'étais vraiment la pire de toutes.

Les secrets de Beverly AbbottOù les histoires vivent. Découvrez maintenant