Partie 1 - Louisy

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— On en parle de notre fascination pour les magasins ?

Je pose la question à ma plus vieille amie célibataire Romane, que je connais depuis... heu... six mois... Non d'accord, trois mois, mais qui est devenue ma nouvelle meilleure amie attitrée depuis que Margaux s'est casée ! En même temps que mon futur mari d'ailleurs...!

— Non Louisy, pas tout de suite !

La voix rieuse de Romane me tire de ma rêverie. Je me tourne vers elle pour lui répondre.

— Franchement la fixette sur nos tenues doit être flippante pour les mecs. Parce qu'on finit toujours par leur dire comment s'habiller !

— Que veux-tu ? Nous sommes nées pour leur éviter la faute de mauvais goût !

— Je dirais même que nous sommes faites pour donner du goût à leur vie !

Je sifflote mon verre de vin blanc moelleux, un truc typiquement féminin cet alcool, en me rassurant comme je peux ! J'ai trente ans dans deux heure, et je ressens le besoin de dresser un bilan de ma superbe vie de bombasse de fille trop classe. Et oui, tout ça à la fois ! Parce que JE le vaux bien merde, c'est mon horoscope qui me l'a dit ! Tous les matins je l'écoute à la radio et j'y trouve à chaque fois un petit clin d'œil pour moi. Même si je sais que tout ne peut pas correspondre à tous les gémeaux nés entre le 21 mai et le 21 juin. Je trouve ces astrologues trop forts parce que je ne peux pas m'empêcher d'être contente quand mon signe est au top ! Et puis après c'est l'annonce tant redoutée des célébrités décédées la nuit passée. Où dont la mort est à célébrer, il arrive que je m'y perde ! Et l'animateur de radio a toujours une petite phrase merveilleuse à leur égard : l'actrice Falbala nous a quittée cette nuit laissant derrière elle des fans anéantis. Heu c'est qui Falbala ?

Si je devais mourir demain, mon éloge funèbre ressemblerait sûrement à ça et je ne sais pas si je dois en rire ou en pleurer, ou les deux à la fois :

En ce jour très très lointain, nous commémorons la perte de notre très, très, très, trèèèès, chère – et très belle – Louise Blanc ! Elle qui faisait toujours dix-huit ans, et dont aucune ride ni cheveux blancs ne venaient entraver la beauté !

Notre pauvre Louise est partie avant de découvrir les joies de la vie maritale et des gamins dans les pattes.

Elle qui ne rêvait que de liberté - notamment celle de porter un sac assorti aux chaussures (au diable l'avis de Christina ma chérriiiiiie !) et d'égalité – pourquoi les filles n'auraient-elle pas le droit de faire pipi debout après tout ?

Elle pour qui le sens de l'amitié était innée – "Cette pouffiasse de Daphnée est bien trop moche pour lui! Elle ressemble à un canard avec ses yeux enfoncés et sa bouche pincée. Son mec mérite quelqu'un de mieux... Quelqu'un comme moi !". " Oh salut ma belle Daphnée, ta robe te va trooop bien !"

Louise était une trop bonne cuisinière. Surtout pour choisir le meilleur programme sur le Cookéo et appuyer sur le bouton marche. Ses desserts de chez Picard étaient délicieusement bien réchauffés au four et sentaient bon dans toute la maison.

Qu'importe, disait-elle souvent, l'important c'est la CONVIVIALITE ! Surtout dans les soirées où, un peu trop alcoolisée, elle pleurait sur sa vie de célibataire en proclamant haut et fort qu'elle était épanouie et ne s'encombrait pas d'un mec ! Que ces histoires de couples c'était bon pour les sentimentalement faibles. Et qu'elle était une femme forte et indépendante.

Elle qui était si féministe ! Elle appelait souvent son voisin pour venir chasser une petite araignée de chez elle. Louise se battait pour la considération de la femme dans la société en ne sortant jamais sans son rouge à lèvre rose nude. "On peut se faire entendre mais avec une bouche désirable quand même". Aimait-elle dire à ceux qui la jugé comme étant trop superficielle.

Car la superficialité n'avait pas de place dans sa vie. Tellement attachée à l'aspect vestimentaire et à la coiffure impeccable. Elle qui ne sortait jamais de chez elle sans être maquillée.

Mais sa perte ne sera pas superficielle pour nous, elle nous affecte en profondeur, et quoiqu'on puisse en penser, ce sont tous ces traits d'elle qui vont le plus nous manquer. L'important n'est pas d'être irréprochable, mais d'être vrai...

Les larmes perlent sous mes yeux, j'en pleure tellement je suis touchée ! Vite un stylo et un papier que je note mon éloge funèbre. D'ailleurs une idée germe dans mon esprit. Il faut que je trouve quelqu'un pour le lire !

— Romane, tu fais quoi le jour de mon enterrement ?

Elle n'a pas le temps de me répondre, nous voyons notre petite tornade arriver. Des jambes interminables, un petit cul moulé dans un short en jean et un haut blanc qui cache joliment la courbe de ses seins, Anouck fait son entrée perchée sur des chaussures compensées. Elle se laisse tomber sur le canapé à côté de moi et bois dans mon verre.

— On se fait royalement chier ici ! Aucun canon ! Tu as choisi un hôte planplan pour ton voyage de noce Louisy !

Je ne l'ai pas vraiment choisit, c'est Romain qui voulait quelque chose de calme, tout le contraire de moi en fait ! Anouck est, enfin était, mon témoin de mariage. Un caractère volcanique qui nous a valu quelques aventures assez coquasses ! Mais elle n'a pas tort, nous sommes ici depuis une journée et à part bronzée et se baigner il n'y a pas grand-chose à faire... Hors de question que je passe mon voyage de noce à déprimer ! J'ai besoin d'actions, j'ai besoin de lâcher prise, j'ai besoin d'alcool et de rencontre... Non en fait je crois que j'ai juste besoin de sexe !!!

Nymphos, Connasses et DragibusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant