Chapitre 7

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JAMIE
Cette femme est un mystère, j’ai beau connaître les détails les plus sombres de l’affaire Santini, je suis incapable de percer à jour son âme. Enfin, je devine quand même qu’elle a sombré il y a longtemps maintenant. Mais quand je la vois faire un esclandre comme celui de tout à l’heure au poste pour récupérer ses effets personnels, je me demande ce qui anime cette déesse. Ils ont été mis de côté le temps que nous nous assurions qu’elle n’était pas impliquée dans cette affaire. Parce que si je suis honnête, cette femme est d’une beauté brute assez époustouflante. Ses longs cheveux blonds sont brillants, on voit bien que cette femme s’entretient mais son véritable atout, ce sont ses grands yeux noirs qui animent son visage.
Bon pour le moment, l’émotion que je lis, c’est surtout de la colère contre moi. Il faut dire que j’ai été obligé de hausser le ton. Elle était en train de hurler contre mon équipier alors que nous avons l’intention de la placer sous garde rapprochée et de la planquer en attendant de retrouver le tueur, le temps de boucler cette affaire. Parce que nous n’avons jamais réussi à coincer ce sale type impliqué dans de nombreux crimes non élucidés et sans son témoignage, nous n’avons aucune preuve. Bien entendu, il n’y a pas une empreinte, on n’a même pas retrouvé l’arme du crime. Alors la discrétion sera de mise pour les jours, les semaines et peut-être les mois à venir. J’ai volontairement omis de lui préciser que cette situation pourrait durer plus que de raison, elle était déjà assez agacée. Je conduis la voiture banalisée qui sera la nôtre et elle est assise à mes côtés, elle mâchouille un de ses ongles manucurés et enroule une mèche de ses longs cheveux autour de ses doigts libre. Cette nana est une énigme. Quand je suis sorti de mon bureau après avoir rassemblé quelques affaires pour les deux prochains jours, j’entendais ses cris à l’autre bout du commissariat. Je me suis rué sur elle et je l’ai plaquée dans le couloir un peu trop violemment. Non mais en plein milieu de la nuit, alors qu’elle doit déjà avoir plusieurs contrats sur sa tête, cette nana se met à gueuler sur tous les toits qu’elle veut rentrer chez elle et récupérer ses affaires. Même si nous sommes encore à l’intérieur, elle attire les regards de tous mes collègues et ce n’est pas malin. Je me demande bien ce qu’il y avait dans ce petit sac pour qu’elle en fasse toute une histoire. Je reluque le sac posé sur ses genoux et elle me prend en flagrant délit. Aussitôt, je sens son regard sur moi, on dirait qu’elle me passe au rayon X. Cette nana a une façon de m’observer qui me donne chaud. Je rentre le ventre, mais pourquoi ? Je secoue la tête et décide de soutenir son regard. Je suis un professionnel, je resterai professionnel. Le fait que cette femme soit une bombe ne changera rien, j’en ai vu d’autres et puis je suis un loup solitaire, ça ne changera pas, un point c’est tout.
— Madame Santini, nous allons passer un moment ensemble, vous pouvez m’appeler Jamie si vous le souhaitez.
Elle ne répond pas. Ce n’est pas vraiment une surprise mais elle pourrait quand même faire un effort. Si moi j’en fais alors elle pourrait en faire autant, merde. Je connais toutes les techniques d’interrogatoires et habituellement je les applique naturellement mais avec elle, j’ai du mal. Je n’ai pas envie de la manipuler. D’ailleurs, si je ne me forçais pas je serai naturel avec elle, autant dire que ça pourrait vite devenir brutal entre nous. Elle m’attire, c’est dangereux. Mais je ne sais pas pourquoi, quelque chose me dit que ça ne lui poserait aucun problème, cette nana c’est de la dynamite. Elle me tire de mes pensées par un chuchotement.
— Je t’ai déjà dit de m’appeler Bunny. Mais je suis ok pour Jamie.
Bon, on progresse. Pourtant je sens que rien n’est gagné avec elle. Puis elle fait voler ses cheveux et les replace derrière son épaule avant de se tourner vers moi.
— Tu vas me séquestrer où ?
Sa voix est plus assurée et je sens immédiatement qu’elle a repris le dessus.
— Dans une planque et je ne te séquestre pas, je te protège parce que si tu rentres chez toi, tu vas te faire buter en moins de temps qu’il ne te faudra pour le dire.
— Et qu’est-ce que ça peut te foutre ?
— Ce type est un malfrat de la pire espèce, il baigne dans un tas de trucs bien dégueulasse et si j’ai une chance de le mettre hors d’état de nuire, ce n’est certainement pas toi qui va m’en empêcher. Alors je vais être clair, tes petites scènes d’hystéries à partir de maintenant, tu les oublis et tu fais profil bas. Sinon….
— Sinon quoi ? Tu crois vraiment que tu me fais peur ?
Elle me coupe la parole. PUTAIN JE DETESTE ÇA !
Nous sommes arrivés et je pile pour stopper la voiture. Je détache sa ceinture, la mienne et je m’approche d’elle. Je suis si près de son visage que je sens son parfum, un mélange assez surprenant de ce que je devine être son odeur naturelle et une huile de massage au goût douteux. Ses yeux ne quittent pas les miens et je lis à travers leur éclat que je ne lui fais pas peur, bien au contraire, j’ai la sensation que mon ardeur la rassure, c’est très étrange et ça me plait.
— Sinon… je te fous sous sédatifs et je t’attache. Crois-moi que tu ne me feras plus chier. Nous avons besoin de toi vivante et en état de témoigner, le reste je m’en tape !
Ce n’était pas ce que j’avais prévu de lui dire mais c’est sorti tout seul. Je suis quand même un mec super impressionnant et je n’aime pas que l’on ne me prenne pas au sérieux alors j’ai un peu changé mon fusil d’épaule. Je suis d’habitude gentil et réconfortant pour faire contraste avec mon physique mais avec elle pas question, elle n’en a pas besoin.
Je vois alors un sourire s’étaler sur son visage mais elle ne dit pas un mot.
— Bon, nous allons sortir de la voiture et tu vas me suivre. Si tu tentes de t’enfuir ou de nous faire remarquer, je t’assomme ! Compris ?
Elle acquiesce de la tête sans un mot. J’ouvre ma portière et je contourne la voiture pour ouvrir la sienne. À peine est-elle dehors que je saisis sa main. Le contact de nos deux peaux crée une étrange sensation et quand je verrouille la voiture alors que j’ai dans ma main un sac avec nos affaires, je sens que ses doigts serrent les miens. Nous entrons dans l’immeuble situé en plein centre de la ville et nous dirigeons directement au cinquième étage par les escaliers. Quand nous pénétrons la planque, je ferme la porte avec les trois verrous avant d’aller baisser tous les stores. Bunny n’a pas bougé. Elle se tient debout au centre de la pièce vide. Ici, pas de fioriture, une table, deux chaises, un canapé et dans la pièce d’à côté, un lit. Aucune décoration et le frigo est vide. Elle observe autour d’elle et je n’arrive pas à voir une quelconque émotion sur son visage. C’est très déconcertant parce que moi je suis habitué à ce genre d’endroit mais je devine que pour elle ça doit être un choc.
— Nous sommes loin de ce à quoi doit ressembler ta maison, mais ici, nous sommes en sécurité.
— Tu ne sais rien de ma maison. Je me fous de savoir où je suis. J’ai juste besoin de …. Enfin j’ai certains besoins et je ne vais pas pouvoir rester longtemps sans les satisfaire…
Elle se drogue… pitié pas ça. Il n’y a rien de pire qu’une toxico, je suis vraiment dans la merde ! Bon, en même temps, je n’ai pas vraiment le choix si je veux qu’elle coopère.
— C’est quoi ta came ?
Je vais voir ce que je peux faire mais il faut que tu me dises. Elle avance vers moi, on dirait qu’elle est le prédateur et pour la première fois de ma vie, j’ai le sentiment d’être la proie. Pourtant, je suis au moins deux fois comme elle, cette nana est dangereuse….
— Ma came comme tu dis, c’est toi !
QUOI ? Elle va me faire quoi ? Non attends, elle ne peut rien te faire si tu n’es pas d’accord, c’est une femme et tu es bien plus fort. Mais les souvenirs de la scène de crime me reviennent, les cordes, sa tenue, les flacons, les foulards…. Dans quel merdier je me suis fourré…
— Moi ? Tu te défonces avec des mecs, c’est ça ?
À présent, elle est tout près et plus rien en elle ne semble fragile ou féminin, elle est réellement en chasse.
— En quelques sortes. Tu penses pourvoir me fournir ce dont j’ai besoin ?
Bon Jam, tu es un homme, ne te laisse pas avoir par cette bimbo. Rappelle-toi que c’est une pute quand même et que raconter des conneries, ça fait partie de son job !
— Tu veux quoi précisément ? Il va falloir que tu sois plus précise si tu veux une réponse précise.
— Ce dont j’ai besoin, ce que je veux, ce qu’il va falloir que tu me fournisses si tu ne veux pas me voir en état de manque et crois-moi tu ne veux pas me voir arriver à cet état ; c’est du sexe… mais pas du sexe comme tu le connais… il me faut bien plus que ça !
La seconde suivante elle s’enferme dans la salle de bain et j’entends la douche couler.
Putain, je sens les emmerdes arriver.

BUNNY BITCHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant