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Le monochrome

Les bruits de la ville déchirent la sombre nuit. C'est magnifique. C'est la vie qui te manque, et qui n'attend pas ton invitation pour te rappeler qu'elle est là, qu'elle persiste.
Demain la vie m'apporte LUI. Ici on ne le connait pas, il m'est réservé, il vient s'échapper de la monotone vie des gens ordinaires. Je l'aiderai volontiers.
Comme toujours, on patientera tout d'abord, je jouerai avec son désir. Je le ferai agir à ma guise comme je jouerais avec mon chat et un point lumineux. Et quand je sentirai une once habituelle de distance au bout de ses doigts, quand je sentirai les eaux se retirer, je tournerai la clé. Au moment où la serrure cèdera, le tsunami surgira et les vagues grandioses de son amour me jetteront dans les draps et nous y perdront.
En attendant, je lâche le déclencheur et contemple le cliché monochrome de la ville en contrebas. LUI ne comprend pas mon intérêt pour la photo en noir et blanc. Il avance que la vie n'apparaît plus, que tout est mort, figé, défiguré. Il ne comprend pas qu'un sujet est beau de part ses courbes, ses ombres, sa façon de se tenir, là, de faire face à la gravité.
LUI est aussi fascinant que ce qu'il est décoloré.

L'inexplicable gravitation charnelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant