Un bâtiment en ruine et une mauvaise prestation

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La pluie était torrentielle. L'air était glacé. Personne à l'horizon. Juste cet immeuble que je connaissais trop bien. La porte brisée me permis d'entrer sans soucis dans le bâtiment, l'odeur de renfermé qui dominait la pièce rendait cet endroit comme figé dans le temps. Je fais le tour de l'entrée avec mes yeux. Les boites aux lettres au sol, les murs remplis de graffitis, puis, au fond de la bâtisse, caché par la nuit, une longue trace de sang. Elle commençait au niveau de la porte de sortie de secours et suivait son chemin macabre jusqu'au sas où se trouvait les escaliers. Je savais où menait ce sang. Le troisième étage.

J'avance doucement vers les deux portes battantes. Je suis comme emporté par une légère brise, au debut légère, puis de plus en plus forte. Je ne peux pas rebrousser chemin. Quelque chose m'en empêche. Cette "chose" qui m'interdit toute fuite, je la sens comme on sens un couteau sous sa gorge, impossible de faire autrement, je dois monter ses marches.

Les portes se ferment derriere moi, la chose a disparu, mais les portes sont bloquées. Je me résigne donc à m'enfuir et entreprend mon ascension vers le troisième étage. Chaque marche me parait comme un mur, je ne veux pas arriver à destination, la peur prend possession de moi, mais me force tout de même a grimper ces horribles marches. La lumière se fait rare et il m'est presque impossible de voir ou je marche. Malheureusement, je connais ce chemin que trop bien, même plongé totalement dans l'obscurité, je sais exactement combien de marche il me reste a gravir. Une seule.

La porte qui permet d'accéder au couloir s'ouvre, une invitation funeste que j'aurais aimé refuser. Le couloir était long, très long. Malgré la fine lumière qui, émise par la lune pouvait me permettre de voir ou j'allais, le fond de ce couloir était plongé dans l'obscurité la plus effrayante qu'on puisse imaginer. Comme si on savait qu'une personne était tapis dans l'ombre, prête à vous faire regretter les 68 marches prise plus tôt.

J'attrape du regard la trace de sang que j'avais presque oublié, la suit sans faire le moindre bruit et me retrouve nez à nez avec la porte d'entrée de l'appartement 34. La poignée, qui jonchait le sol me permit d'avancer dans ce maudit endroit sans problème. L'endroit est plongé dans les ténèbres. Une seule lueur se fait remarqué, au fond du petit corridor. Plus j'avance, plus la lumière se fait intense, je remarque le sang que je suivait depuis le début finir sa route à l'entrée de la pièce d'où émet cette lumière. Un bruit se fait entendre, j'étais tellement habitué au son de la pluie qui frappait les carreaux que cette nouvelle tonalité me pris par surprise, et me glaçât le sang. Cet horrible son hantait mes jours et mes nuits. Je savais à quoi m'attendre si je passais cette porte. Mais je devais le faire. Je pose un pied devant l'autre, puis entre.

L'air était encore plus glaciale, l'odeur était encore plus nauséabonde, la faible lumière me brûlait les yeux. Mais il était là. Le cou violacé, accroché à une corde. Un corps. Pendu. La lumière aveuglante m'empêchais de voir qui était cette personne à la carrure imposante soulevée par une simple corde. Malgré l'immeuble en ruine, la corde était intacte, comme neuve, comme si le diable lui-même avait créé ce simple outil dont le seul but était de tuer.

Soudain, des pas se font entendre dans le couloir. Mais je n'ai pas peur, comme si c'était des pas familier, des pas qu'on a trop entendu, qu'on a tellement entendu qu'on sait qui arrive derriere nous seulement en écoutant le rythme des chaussures qui frappent doucement le sol. Cependant, malgré cet air familier, trop familier même, impossible de savoir qui était juste derrière moi.
Cette personne toujours inconnue se mit juste à côté de moi, mais comme si je n'existais pas, et que seul le corps sans vit occupait ses pensées. C'est un enfant, il a 5 ans, il porte un doudou avec lui, un simple lapin abîmé par le temps, ce petit garçon, c'est moi. Je me reconnais. Je reconnais Bisou, mon doudou qui doit encore m'attendre sur mon lit. Mes cheveux en bataille et mes genoux en sang à cause des nombreuses parties de foot que je faisais à la récré. J'étais la, je fixait ce corps sans vie. Un seul mot sortit de la bouche de ce petit garçon, un seul mot qui réussit à me glacer le sang. Un mot encore plus effrayant que tout le reste. Le petit garçon, lui, avait reconnu la personne accroché au plafond, d'un air innocent et naïf, il l'appela comme il faisait d'habitude, comme il avait appris.
- papa ?
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- "Bonjour chers auditeurs et chères auditrices, il est 7h du matin et on se réveille en douceur sur Radio Channel avec un petit air de..."

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