Au cœur de la forêt

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Ma mère conduisait. "Nous arrivons, mon chéri" m'a-t-elle dit. Elle et moi déménagions, nous avions quitté la ville. Je n'avais encore jamais vu la nouvelle maison. C'était une vielle bâtisse, digne de mes plus beaux cauchemars. La forêt nous entourait tandis que nous avancions vers ce qui allait nous servir de lieu de vie. Une fois en face de l'immense porte, une géante sculpture de chêne massif, un souffle glacé s'échappa de la serrure et vint chatouiller mon avant-bras qui tendait déjà la clé. "Vas-y mon chéri, ouvre la!" me dit ma mère d'un ton maternel, comme si elle essayait de me rassurer. Effectivement, me rassurer faisait partie de ses intentions, car à peine la porte fut-elle ouverte que la peur s'empara de moi et serra mon cœur. En face de moi, un hall d'entrée vaste, éclairé par la lumière grisaillée du soleil qui traversait des vitraux ternes. Mon angoisse subite était injustifiée, mais il me fallait admettre que le lieux était pesant. Nous visitions le manoir -car son allure victorienne et lugubre lui valait le titre de manoir, et plus les pièces défilaient sous mes yeux humides, plus l'endroit me paraissait sinistre. Le vent glacial soufflait et faisait parler la maison, le bois craquait à cause du soudain changement de température et les salles hurlaient si fort qu'on eu l'impression qu'elles nous maudissaient d'être toujours présent. J'eu pris cela comme un avertissement. Je ne me sentais pas du tout à mon aise et j'eu tout fait pour ne pas vivre là. "Maman... Sommes-nous obligés ? Cet endroit est morbide, je ne veux pas y vivre !" dis-je à ma mère, "Il est vrai qu'il existe plus accueillant. Mais je suis certaine que nous trouverons nos marques, et que la vie continuera tranquillement comme ton père l'aurait souhaité !" me répondit-elle d'une manière si stricte que je ne pu répondre quoique ce soit.
Nous finîmes la visite par l'arrière de la maison où nous trouvâmes un grand jardin qui s'étendait sur, au minima, deux centaines de mètres carrés. Un ruisseau gris passait par là, et pour ajouter à la touche terne et mortifère de l'endroit, d'immenses arbres morts délimitaient le terrain. Il y avait dans un coin près du cour d'eau quelques chaises longues et un vieux parasol decrepit. "Vu le magnifique temps qui règne ici, son état ne m'étonne pas" pensais-je, "personne n'a du en avoir l'usage depuis longtemps, ce parasol pourrit ici dans l'humidité et le froid. C'est en ce lieux que nos carcasses feront de même" entendit-je dans mon crâne. Mes pensées devenaient sinistres, le mauvais air de cet endroit attaquait déjà ma santé mentale, et cette idée m'effraya.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 05, 2017 ⏰

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