Le fardeau_ Améthys II (TERMINE)

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x Flame x

J'arrache quelques baies sur des buissons et les mets dans ma boîte repas. Acyl s'approche de moi et racle sa gorge.

― Est-ce que... dit-il timidement... Tu n'aurais pas un conseil pour Fara et moi ?

― Un conseil ? dis-je en souriant. Enerve-la.

― L'énerver ? T'es fou, si je l'énerve, elle risque de ne plus me parler.

― Au contraire, je crois que ça marche. On ne le dirait pas mais les filles aiment qu'on les taquine.

― T'es sûr ? Je... Je n'ai jamais côtoyé de filles à part Oilossë, mais elle, c'est une copine, une amie. Elle est comme moi, on ne peut pas se toucher, tu comprends...

― Oui, je comprends. Avant, je n'y connaissais rien aux filles, moi non plus... Enfin, j'ai une amie, mais je la comparais à un garçon. Avec Améthys, c'est différent, je la vois comme une fille. Elle est fragile malgré son caractère, elle est jolie, elle est généreuse... et parfois elle est drôle.

― Tu me parles de ta copine, mais on ne peut pas dire que Fara soit pareille.

― Je suis sûr qu'elles aiment qu'on les taquine. Essaie et tu verras. J'ai une devise, celui qui ne tente rien n'obtient rien.

― Ouais t'as raison, je dois tenter le tout pour le tout.

Les filles remontent la plaine. Acyl va à leur rencontre.

― Alors ? La pisse a été bonne ?

Les filles le regardent surprises. Améthys, Alaska et Dragonia se mettent à rire, mais Fara a le visage dégouté. Je m'approche de lui pour le sortir de ce guêpier.

― Acyl, on ferait mieux... de cueillir des baies. On en aura besoin pour la route.

Je le tire avec moi.

― J'ai dit quelque chose d'amusant, c'est ça ?

Je racle ma gorge, il n'est pas conscient qu'il a gaffé.

― Ça viendra avec le temps, mais ne fait plus pas de blague concernant leur intimité. Tu peux faire des remarques sur leur coiffure, leur visage mais on s'arrête là. Ensuite, t'as la bouffe, leur manière de courir, de se battre... et je ne sais pas quoi d'autres encore.

― Ok, pigé, dit-il en cueillant des baies.

Une fois que nous avons cueilli de quoi manger, je rejoins Pan qui est encore assoupi. Il a de la bave qui lui coule de la bouche. Acyl va voir Fara et lui propose des baies qu'elle accepte.

― Pan ! dis-je en le secouant.

Il se réveille brusquement.

― Une attaque ?! crie-t-il.

― Non c'est moi, ricané-je. Tu baves.

Pan plisse le front puis s'essuie.

― Il est temps de partir, repris-je.

Je réveille Wolf. Une fois assis, je prends la main d'Améthys pour l'aider à monter. Ses bras m'enlacent, j'ai de nouveau le souffle court. Je pensais avoir pris l'habitude d'être à ses côtés, mais je reçois toujours des électrochocs dans tout le corps dès qu'elle se serre contre moi. Les autres font de même et montent sur leur monture.

― Je peux te poser une question ? souffle-t-elle à mon oreille.

― Quoi donc ?

― C'est toi qui es en train de donner à Acyl toutes ses idées farfelues pour qu'il sympathise avec Fara.

Je pouffe de rire.

― Moi ? Non, bien sûr que non, balbutié-je.

― Parce que c'est idiot, reprend-t-elle. Ce n'est pas en la taquinant qu'il arrivera à... Enfin, à tu sais quoi. J'ai tout entendu, et c'est idiot ce que tu lui as conseillé.

― Ah... Peut-être que mademoiselle a une meilleure idée.

― Oui, il n'a qu'à rester lui-même.

Je fronce les yeux et la regarde. Elle me fait un sourire jusqu'aux oreilles.

― Toi... tu ne m'as pas taquiné... parce ce que t'étais déjà un grossier et prétentieux personnage. (Elle m'embrasse ensuite sur la joue.) Allez, nous ferions mieux d'y aller.

Nous descendons la pente de la colline à petit trot. Malgré le fait que nous soyons en pleine journée, il fait sombre. Certainement à cause des branches d'arbres qui sont tordues comme si elles agonisaient, et donc nous cachent le soleil.

― Où sommes-nous ? demande Tanor.

Pan regarde sa montre.

― Le Mont Œil-du-Faucon, et nous nous dirigeons vers les montagnes Jumelées. En bas de la colline, il y a une rivière. Nous pourrons y faire une pause déjeunée.

― Et on y arrivera quand, à cet abri ? demande Dayne.

― Il se trouve derrière les montagnes Jumelées, répond Améthys.

― Alors nous y seront d'ici, deux ou trois jours si nous gardons ce rythme, reprend Pan.

― On pourrait repartir au galop, dit Dayne. On y sera plus rapidement.

― Tu peux y aller si tu veux, dis-je, mais t'as vu comment sont les arbres? Un accident serait vite arrivé !

― Il y a deux guérisseuses avec nous, pourquoi ne pas en profiter ? Et en plus, je commence à prendre goût à galoper !

Je plisse les yeux et je regarde les bois cassés et pointus au sol.

― Nous n'avons qu'à te donner un défi, lui dit Dragonia. Tu aimes les défis, n'est- ce pas ? Disons que tu pars au galop, t'arrives à la rivière et... tu nous prépares le déjeuner !

― Ah, ah, ce n'est pas un défi ça ! Mais c'est tentant ! Je file en bas et je pêche en attendant. Au moins vous aurez de quoi manger. Et nous perdrons moins de temps pour reprendre la route.

― Ça marche, lui dit Acyl.

― Yohoo ! crie Dayne en s'élançant au galop.

Il descend la pente à toute vitesse. Sombre-Nuit fait un bond, Dayne se hisse et soudain percute une branche sortie de nulle part.

― Dayne ! crie Fara.

Ce dernier est éjecté à pleine vitesse au sol, nous entendons le bruit de son arbalète se déclencher et je sens l'odeur du sang. Je descends de ma monture et cours vers lui. Il est allongé au sol, les yeux écarquillés, la flèche de son arbalète lui a transpercé le cœur. Les autres me rejoignent à pied.

― Vous pouvez le soigner ? interroge Tanor.

Fara remue la tête une larme dans les yeux.

― Nous ne pouvons plus rien faire... lorsque nous ne sentons plus les battements du cœur, murmure Améthys en me serrant la main. Il est mort sur le coup.

― Bon sang... On n'aurait pas dû le laisser partir, crie Acyl.

― C'est de ma faute, fait Dragonia en pleurant. Je suis désolée, je n'aurais pas dû le défier.

― Nous ne pouvions pas le prédire, dit Alaska en la prenant dans ses bras.

― Nous allons devoir... continuer sans lui, dis-je tristement.

Pan creuse un trou à l'aide des racines d'arbre, nous mettons le corps de Dayne à l'intérieur. Je lance une flamme pour brûler son corps. Nous regardons en silence son corps prendre feu. Une fois que les flammes s'attisent, Pan recouvre la terre et fais pousser un arbre en forme de croix. Dragonia y inscrit, à l'aide d'un caillou : « En mémoire de Dayne ».