Je te crois

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— Michaël !

Je me réveille en sursaut, j'ai cru entendre quelqu'un crié mon nom.

— Michaël !

Cette fois-ci je suis sûr que je ne rêve pas, j'ai bien entendu mon nom. Il y a encore quelques heures, je n'avais plus aucunes envies de me battre, mais maintenant j'ai beaucoup trop peur qu'on me retrouve, je ne suis pas prêt à affronter tout ce qui va ce qui va se passer avec mon père.

— Michaël ! C'est la police, nous savons que tu es là !

J'avais raison, mes parents les ont prévenus. Les voix et les bruits de pas semblent de plus en plus proche, ils seront bientôt ici. Je panique et commence à courir vers mon vélo. J'entends de nouveau un policier m'appeler, je monte sur mon véhicule et me dépêche de partir. Je roule jusqu'à être suffisamment loin pour ne plus entendre qui que ce soit. Puis je fais une pause et m'assois sur une pierre. Je suis étonné que la police m'ait trouvé aussi rapidement, mes parents ont dû leur parler de la cabane. C'était tellement prévisible, j'aurais dû y penser.

J'entends des aboiements, ils ont amené des chiens avec eux, ce qui veut dire qu'ils vont finir par me retrouver tôt ou tard, peu importe l'endroit où je me cache dans cette forêt. Toute façon, je ne peux pas rester ici éternellement, je voulais juste avoir un moment seul hors du temps avant le début de la bataille, mais je dois arrêter d'être lâche, ce n'est pas comme ça que mon père sera puni.

De plus, si je les rejoins peut-être qu'ils me prendront plus facilement au sérieux avec mon père, même si je pense qu'il y a plus de chances qu'ils pensent que je mente. Après tout, je pourrais juste être un ado en colère contre ses parents souhaitant me venger d'une stupide punition ou un truc dans le genre, j'ai déjà vu un cas comme ça à la télé. Mais peu importe, je dois prendre le risque.

Je remonte sur mon vélo et retourne ver la cabane. Au bout de quelques minutes, j'aperçois un jeune policier.

— Monsieur l'agent ?

Il se retourne et court vers moi, il a l'air tout fière de m'avoir trouvé.

— Michaël ! Ça fait des heures qu'on te cherche. Comment tu te sens ? Tu es blessé ?

Il prend tout ça un peu trop à cœur, non ? J'ai juste fais une fugue, comme plusieurs dizaines de milliers d'adolescents par an.

— Non, je vais bien. Mais je dois parler à votre chef tout de suite, vous ne pouvez pas me ramener chez moi.

— Pourquoi ? Tes parents sont très inquiets, je suis persuadé qu'ils préfèreraient être avec toi ce soir.

— Peut-être, mais pas moi. Je ne peux rien vous dire, mais je dois voir votre supérieur, maintenant.

Il a l'air un peu vexé, mais ce n'est qu'un simple agent, ça ne servirait à rien de tout lui raconter.

— D'accord, si c'est ce que tu veux... C'est tout droit, avance devant.

Je viens de me livrer, pense-t-il vraiment que je vais m'enfuir de nouveau ?

Je prends mon vélo et commence à marcher. En arrivant devant la cabane, je découvre qu'elle est devenue leur nouveau QG. Dommage qu'il n'aura servi que si peu de temps, tant de travail pour rien. L'agent me fait signe d'entrer à l'intérieur. J'ai à peine le temps d'ouvrir la porte, que tout le monde est déjà en train de me fixer.

— Bonjour.

Je sais que j'aurais pu trouver mieux, mais je suis beaucoup trop gêné.

— Merci Ethan, préviens les autres que vous pouvez retourner au commissariat. Quant à toi Michaël, tu vas me suivre à l'extérieur, je pense que nous avons beaucoup de choses à nous dire.

Qu'est-ce que ça signifie ? Est-il déjà au courant de tout ? Mais comment ? Il m'amène un peu à l'écart de ses collègues, cherche-t-il à rendre la conversation plus privée ?

— Tout d'abord je souhaiterais me présenter, je suis le capitaine Thomson, c'est moi qui me suis occupé de tes parents quand ils sont venus signaler ta disparition. Maintenant, tu ne dois sûrement pas comprendre pourquoi je t'ai amené ici, je me trompe ?

— Vous savez, n'est-ce pas ? Qui vous a tout raconté, mon médecin ? Mes parents ne l'auraient jamais fait.

— Pas tout à fait, le docteur Williams m'a prévenu que tu devrais sûrement me parler, mais étant tous les deux de très bons amis, j'ai accepté son souhait de ne rien me dire. Alors je t'écoute Michaël, qu'est-ce qu'il se passe ?

Je ne m'attendais pas vraiment à ça, j'aurais préféré qu'il soit au courant. Mais si j'ai réussi à tout raconter à ma mère devant mon père, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas le faire avec lui. Je prends une grande respiration.

— C'était quand j'étais enfant... autour des cinq ans je crois, enfin ça a sûrement commencé plus tôt parce que dans mon flashback ce n'était pas la première fois mais...

— Michaël, viens-en au fait s'il te plaît, ça ne sert à rien de gagner du temps.

Était-ce vraiment ce j'étais en train de faire ? Quoi qu'il en soit il a raison, dans tous les cas je vais devoir lui dire, alors autant le faire le plus rapidement possible.

— Mon père a plusieurs fois abusé sexuellement de moi.

J'ai parlé assez vite, mais vu la tête qu'il fait, il m'a sûrement compris.

— Tu en es bien sûr ? C'est une accusation...

— Très grave que je viens de faire et vous devez vous assurez que je ne mente pas, c'est ça ? Le docteur Williams m'a dit la même chose, et comme je lui ai déjà expliqué, je ne pourrais jamais mentir sur quelque chose comme ça.

Il a l'air perplexe, il est sûrement en train de m'analyser pour voir si je suis vraiment honnête. Mais ce n'est pas très rassurant, il doit me croire, sinon il n'y aura plus aucun moyen pour que mon père finisse derrière les barreaux.

— D'accord. Ne t'inquiète pas, je vois bien que tu es sincère, mais je pense que tu peux comprendre que je suis obligé de supposer que ce ne soit pas le cas. Maintenant nous allons aller au commissariat pour que je puisse prendre ta déposition, ça te va ?

J'ai du mal à réaliser, c'est bon, j'ai réussi ? Il va enquêter sur mon père ? Mais ce n'est pas possible, je ne suis pas prêt pour ça !

— Michaël ? Tout va bien ? Tu es un peu pâle.

— Ça... ça va.

Pas du tout ! Je suis terrifié, tout est en train de devenir réel, mon père va réellement être puni ! Mais qu'est-ce qu'il se passera s'ils finissent par le libérer ? Je ne veux pas qu'il me tue, ou encore pire, qu'il recommence tout. Mais ça n'arrivera pas, il va finir en prison, j'en suis sûr. Ça ne peut pas se passer autrement, enfin, je crois.

— Tu viens ?

La voix du capitaine me sors de mes pensées, il m'attend un peu plus loin. Après l'avoir rattrapé, nous arrivons en quelques minutes à la voiture et il me fait attendre à l'intérieur pendant qu'il briefe ses agents. Puis nous partons vers le commissariat. Plusieurs fois il essaye de me parler pour me rassurer, mais ça ne fonctionne pas vraiment, en fait c'est même pire. Je n'arrête pas de me dire que mes parents sont sûrement en train de m'attendre là-bas, et c'est vraiment angoissant. Je suis encore tellement en colère contre mon père, et ma mère... je ne veux plus la faire souffrir, elle ne le mérite pas, même si je me pose encore beaucoup de questions à son sujet. Je ne sais toujours pas si elle était déjà au courant de tout, néanmoins sa réaction de ce matin laisse supposer que ce n'était pas le cas. Mais alors qui croit-elle ? Mon père ou moi ? Son mari, ou son propre fils ? Pour qui est-elle prête à se battre ? ______________________________________________________________________________

Et voilà, terminé. Je voulais juste vous prévenir que les prochains chapitres risquent d'être postés plus rapidement, puisque c'est les vacances. J'espère que ce chapitre vous a plu, et n'oubliez de voter ou de laisser des commentaires. ( note écrite avant la réécriture )

Broken [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant