Si seulement tu étais là...

Premier Jour: Deuxième partie

      J'avais suivi Sarah toute la matinée. Je m'en voulais un peu de ne pas la lâcher mais je dois avouer qu'elle n'avait pas arrêté de me parler. Même lorsqu'elle m'avait présenté ses amis, elle m'avait introduite aux conversations. Sarah était très sociable, son groupe d'amis semblait très étendu et je savais que je n'en avais encore rencontré qu'un petite partie. Elle semblait s'entendre à merveille avec tous ceux qui croisaient sont chemin. À côté d'elle, je tentais au mieux d'être polie et de répondre lorsqu'on me parlait, mais tous ces inconnus me paniquaient. Je faisais de mon mieux pour sourire mais ça ne devait pas ressembler à grand chose d'autre qu'une grimace timide et ratée. En revanche, ils s'étaient tous montrés patients et chaleureux envers moi, ce dont j'étais reconnaissante.
     La matinée de cours s'était écoulée sans problème, nous étions désormais à la cantine. Bien évidemment, Sarah s'était installée à l'une des plus grandes tables,et m'avait assise à côté d'elle. De nouvelles personnes venaient s'assoir avec nous, ceux là semblaient plus proches de Sarah, mais aussi entre eux, je compris qu'il devait s'agir là de son "vrai" groupe d'amis. Un garçon assez grand, aux cheveux châtains clairs vint s'assoir à côté de moi. Il se présenta comme étant Antoine, meilleur membre de l'équipe d'escalade, et actuellement célibataire, clin d'œil. Une blonde lui donna une claque à l'arrière de la tête en posant son plateau à côté de lui.

"Excuse-le, ça fait un mois qu'il a rien pecho, les hormones commencent à déborder. Moi c'est Ève!"

      Ève avait de beaux yeux marrons, et un sourire éclatant. Elle me tendit une main que je serrai en me présentant. Elle finit par s'assoir devant son plateau.
      De nouveaux venus continuaient d'arriver, jusqu'à ce qu'une dernière chaise soit prise. Thibaut, le garçon du cours d'histoire, qui était aussi dans la plupart de mes cours optionnels (il avait comparé nos emplois du temps en Anglais), était assis en face de moi. J'étais étonnée de ne pas voir sa copine, à voir comme ils s'embrassaient plus tôt, j'avais du mal à croire qu'ils ne mangeaient pas ensemble. Lorsque tous furent attablés, Sarah exigea le silence et prit la parole.

"Lucie, fit-elle à mon intention, je te présente le club Suprême des élèves les plus cool du Lycée!
- Aka le club de Nettoyage, chuchota Antoine qui s'était penché à mon oreille ce qui m'avait valu un sursaut, ou plutôt le club de tout et n'importe quoi!

Il avait rit, tandis que je restais de marbre, encore émue de cette proximité non désirée, mon coeur s'affolai tandis que je tentais de contrôler mes tremblements, personne ne semblait les remarquer. Ne vous méprenez pas, Antoine est un très beau garçon, du style à faire craquer n'importe quelle fille avec ses beaux yeux bleus et ce sourire charmant, sans oublier la musculature que l'on voyait saillir sous son t-shirt... Bref, il était à tomber! Mais même avec un aussi beau jeune homme, et peut-être justement était-ce pour cela, je ne pouvais supporter le contact avec les autres. Étonnamment c'était pourtant plus facile avec le sexe masculin...

"Antoine, on n'interrompt pas l'Impératrice, continua Sarah
- Pardon Majesté.
- Bien, je voulais donc vous présentez ma nouvelle princesse : Lucie! Elle vient tout juste d'arriver au bahut et nous rejoint dans le club! Accordons lui donc un accueil chaleureux, et je compte sur vous pour la traiter comme votre petite sœur et lui apprendre tous les secrets de la vie Napoléonienne !

La scène était grotesque, mais c'est justement ce qui faisait son charme.

- Longue vie à la princesse ! cria mon voisin de table avant de lever son verre d'eau pour porter un toast et de le boire cul-sec, suivi par toute la tablée
- Mon amour, tu voudrais pas venir manger avec moi pour une fois...

Celle qui était visiblement la copine de Thibaut s'était approchée et lui entourait les épaules de ses bras. À voir la façon dont elle regardait Sarah, l'on devinait facilement qu'elle ne l'aimait pas. Le retardataire du cours d'histoire quant à lui semblait gêné de cette présence dans son dos.

- On en a déjà parlé Bébé...
- Mais tu mange avec eux tous les midis! se plaigna-t-elle, juste une fois, tu peux manger avec moi... S'il te plaît...

Elle se serra contre son dos, et je devinait qu'elle utilisait le contact de sa poitrine pour le faire flancher. Mauvaise idée, il semblait encore plus irrité par son obstination.

- J'ai déjà dit non."

      Il ne prit même pas la peine de la regarder. Elle, elle lança son regard le plus noir à Sarah, comme si cette dernière était la responsable du refus de son petit ami. Je me sentais mal pour elle, jusqu'à ce qu'elle daigne baisser les yeux sur moi et me jette un regard des plus méprisant... Génial, elle devait reporter la faute sur la terre entière.

"Je vois que vous êtes les meilleures amies du monde, dis-je à Sarah
- Tu peux même pas imaginer ! Dès que l'autre débile lui refuse un truc elle se persuade que c'est ma faute. L'autre jour il a refusé de l'emmener faire les magasins et elle m'a accusé de lui voler son mec et de coucher avec! rit-elle
- C'est grave d'être jalouse à ce point...
- En même temps Don Juan lui mène la vie dure, fit remarquer Ève
- On peut parler d'autre chose? grogna le Don Juan en question
- Alors, commença une fille assise à côté de ce dernier et dont j'avais oublié le nom, quand est-ce que tu nous rejoint?
- J'ignorais il y a encore cinq minutes que je vous rejoignai, répondis-je
- T'as pas le choix princesse ! Maintenant tu fais partie du club très fermé réservé à l'élite ! se réjouit Antoine qui visiblement avait déjà adopté le surnom que Sarah venait de m'attribuer
- Comme il dit! Tu es des nôtres maintenant !"

      Ils continuèrent ensuite à parler de sujets bateaux, comme les profs, le nouveau Jean de la CPE des élèves de secondes, ou encore le nouvel étudiant de l'Observatoire qui est "A-B-S-O-L-U-M-E-N-T canon!". Moi je m'efforçais de retenir les noms de chacunes des sept personnes autour de la table. Je me demandais pourquoi ils avaient pris une table aussi grande pour sept personnes, huit si on me comptait, mais je remarquai vite que les autres tables ne comportais au maximum que six places, à choisir entre six et dix, le choix était rapide.
     Outre Sarah, Ève, Antoine et Thibaut, il y avait donc Chloé, Matthieu et Luc. Les deux garçons étaient jumeaux, très blonds tous les deux, leur seule différence se trouvait dans les yeux, l'un avait les yeux bleus, Matthieu, et l'autre vairons, Luc.
     Thibaut semblait plus détendu lorsque sa copine était loin. Lorsqu'elle était dans les environs à lui tourner autour ou à l'attendre, il avait l'air crispé. Mais sûrement me faisais-je des idées, après tout, je n'avais passé qu'une matinée en leur compagnie.