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Je vous conseille de lire cette histoire avec le fond noir, j'ai trouvé ça plus approprié à l'histoire. Bonne lecture !
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Je marche, depuis des heures maintenant. Il fait froid, cette brise légère du soir me donne la chair de poule. Je commence vaguement à me demander si je vais pouvoir tenir encore longtemps comme ça. Je suppose que non.

Cette forêt me donne d'atroces frissons. Elle est digne des plus grands cauchemars. Tout autour de moi n'est que boue et obscurité. Je ne suis même pas sûre de pouvoir distinguer mes pieds.
Je ne pensais pas en arriver là. Je dois échapper à quelque chose, et c'est bien ce qui me tracasse. Cet endroit fait peur et la raison pour laquelle j'y suis encore plus. Je ne fais qu'accumuler l'angoisse et ce n'est pas bon pour ma santé mentale. J'ai beau être dans un endroit ouvert, je me sens enfermée, comme prise au piège. J'ai l'impression que je n'en verrai jamais le bout de cette maudite forêt.

Je passe dans des marécages, ce n'est pas bon signe. Je sens que je vais affronter un moment des plus éprouvants. Mon pied droit s'enfonce, je le sens s'enliser dans une vase profonde et sans fin. Mes sens sont en alerte, je cherche une liane, une branche, n'importe quoi pour m'y accrocher. Mais la seule solution semble être de jeter mon autre pied sur un bord sec, de façon à m'extirper grâce à la seule force de mes bras. Mais c'est impossible. Je n'ai jamais été une grande athlète et je n'ai donc aucune force dans ceux-ci. C'est ici que s'achèvera donc peut être ma croisade. Mais je préfère cette mort à celle qui m'attend si cette chose me retrouve.

Elle est toujours présente dans les pires cauchemars, vous hante pendant des nuits et des nuits, plus interminables les unes que les autres. Elle est partout, peut être est-elle déjà au-dessus de moi, à me regarder flancher, croire que je vais connaître une fin moins douloureuse. Le rythme de mon cœur s'accélère, cette pensée me plonge dans une terreur incontrôlable. Non, je préfère fuir. Ce marécage n'arrivera pas à me tuer avant son arrivée. Donc il faut que je m'en aille.

Les yeux rivés sur mon pied qui s'enfonce toujours plus profond, je sens le grand écart arriver. Exactement comme je ne suis pas une athlète, je n'ai pas de souplesse. Si je dois me déchirer un ligament et ne plus pouvoir courir, je connaîtrai bien des tourments avec la chose. On dit que la force de l'esprit dépasse celle du corps. Mais je vois bien qu'il ne suffit pas d'avoir une extrême envie de partir pour pouvoir s'enfuir. Je suis à mi-chemin entre me briser les os pour me remettre à courir et partir loin d'ici, et m’effondrer en pleurs à cause de cette panique toujours plus écrasante. Je suffoque mais n'arrive toujours pas à remonter. Pourtant, une douleur vive apaise mon cerveau reptilien pour quelques instants. Quelques instants seulement, puisque c'est un loup qui est l'objet de ma distraction.

Ses longs crocs se sont insinués sous la peau de mon bras et déjà, le bord du rivage prend une teinte ocre. Il comprend vite qu'il va devoir se battre avec ces sables mouvants pour m'avoir et commence donc sa féroce traction. Je sens ma chair se déchirer, à mesure que la puissance avec laquelle il me tire redouble. Je ne hurle ni ne pleurs plus de peur mais de douleur. Je veux juste que ça s'arrête. Or, quoi que je fasse, je suis vouée à la mort. Et ça je l'ai bien compris, mais mon esprit ne l'a pas encore intégré. Je pense que c'est la raison pour laquelle il a toujours des réactions et me fait encore subir toutes sortes d'émotions plus effroyables les unes que les autres.

On dit que notre vie défile devant nos yeux quand on est sur le point de mourir, mais ce n'est absolument pas mon cas. C'est comme si la nature avait décidé de s'acharner sur mon pauvre petit être. L'esprit de cette forêt s'insinue dangereusement dans ma tête, tout ce que je suis capable d'entrevoir, c'est la façon dont je vais être dévorée dans quelques instants. J'aurai aimé revoir des épisodes heureux de ma misérable vie. Mais ça ne vient pas. Ça tarde trop, et moi pendant ce temps là, j'aperçois le destin funèbre que je m'apprête à vivre. Ou plutôt, à mourir.

ScaredOù les histoires vivent. Découvrez maintenant