Les Terres Brunes

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Il doit être presque midi sur les Terres Brunes, pourtant le ciel est sombre, recouvert de nuages formant des vagues orangées. Voilà plusieurs jours que je n'ai pas vu un seul rayon du soleil.

La carte de la Terre du Milieu à la main, je marche sur ce sol sec, dans cette région déserte sans vraiment savoir si je pars dans la bonne direction. Il n'y a même pas un seul arbre, une seule plante. C'est si calme que ça en devient presque pesant et inquiétant. Je me demande même si des ennemis ne se cachent pas derrière des rochers ou en haut d'une vallée, attendant le bon moment pour m'attaquer.

Je jette un rapide coup d'œil autour de moi avant de me rendre compte que je suis totalement seule. Bizarrement je ressens presque comme une déception, j'ai peur que cette solitude me face perdre le contrôle de mon esprit sans que je m'en rende compte. Mais c'est un risque dont j'avais conscience avant de partir. Maintenant je dois assumer et finir cette quête des anneaux.

L'air sec me donne rapidement soif, ma gorge me brûle à cause de la poussière qui vole sous mes pas. Cet endroit est un enfer. Je comprend mieux pourquoi personne ne s'y aventure. Je m'assoie un instant et en profite pour boire un peu d'eau.

Je crois qu'il ne me reste plus beaucoup de chemin à faire, encore quelques heures avant d'apercevoir la mer. Mais le manque de sommeil se fait fortement ressentir. Je sais que c'est risqué de fermer les yeux un temps pour me reposer, mais c'est plus fort que moi.

N'ayant rien contre quoi m'adosser, je me couche sur le sol poussiéreux.

- Cinq minutes, rien que cinq minutes, soupiré-je avant de fermer les yeux.

Vous vous doutez bien que ces cinq minutes ont duré beaucoup plus longtemps que prévu.

Lorsque je ré-ouvre les yeux, il fait encore plus sombre qu'avant. Une fois debout, je ne distingue presque plus mes pieds cachés par une brume rougeâtre.

Je tapote mon pantalon pour le débarrasser de toute cette poussière et fais de même avec ma veste.

- Aïe ! crié-je en passant ma main sur mon épaule.

J'y découvre un plaie assez profonde et sanglante. J'essais de la nettoyer au mieux en y faisant couler un peu d'eau, mais je sais que ce n'est pas suffisant. Si je ne trouve pas un moyen de la refermer, je risque l'infection.

Le temps est donc compté, je place mon sac sur une seule épaule et reprend la marche.

Au bout d'une heure, j'aperçois une lumière à moins d'un kilomètre. J'accélère le pas, je n'en peux plus d'être seule, j'ai besoin de voir des gens.

Soudain, je sens les cinq anneaux devenir lourds autour de mon coup, si lourds que je suis obligé de les tenir en main.

Le sixième n'est plus très loin, je le sens. Il m'appelle, il hurle.

Je continue d'avancer d'un pas assuré jusqu'à arriver devant une vieille auberge en bois face à la mer du Rhûn.

Les battements de mon cœur s'accélèrent, mais le temps semble s'être ralenti. Je ressens tout ce qu'il se passe autour de moi, j'entend tout, le vent, les vagues, même le silence.

Je pousse la porte de l'auberge et entre en gardant la main fermée sur mes anneaux.

L'endroit est sombre, seulement éclairé par des torches et des bougies sur les tables. Les hommes sont tous habillés de capes. Surement des vagabonds et des rôdeurs. Ils s'arrêtent tous de parler lorsqu'ils me voient avancer jusqu'au bar.

Je sais que l'un d'eux a mon anneau, je n'arrive juste pas à savoir qui.

- Qu'est-ce qu'une femme vient faire ici ? Me demande l'aubergiste d'un air arrogant. Et seule en plus de ça !

L'élue Des Neuf - La Terre Du Milieu [TERMINÉ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant