1. Addicted to you

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La lumière du jour traverse les fins rideaux de la chambre du jeune homme. Doucement, elle vient se glisser proche de ses paupières closes, qui ne peuvent tout de même pas s’empêcher de le laisser entrevoir de ses pupilles dilatées un petit voile lumineux. Le Soleil a officiellement pointé son joli nez, en cette belle matinée d’été. Et même si pour certains il aurait dû arriver bien plus tôt, Liam pense qu’il aurait pu rester caché une heure de plus, et ainsi le laisser tranquille.

Mais, à voir, il n’était pas décidé. Il voulait rester là, et ne plus bouger. Ou alors, légèrement, en fonction de l’avancée du petit tour de la terre. Mais, en tous cas, lui, il serait là pour longtemps, et il n’était pas prêt à partir plus vite juste pour lui faire plaisir. S’il y avait des réclamations ? Il devait aller causer à la terre, qui avait décidé de se balader sans son accord. Mais lui ? Il n’en aurait rien à faire. Il se moquerait de lui, même.

Il fait alors une petite grimace, tentant de fermer encore plus les fins tissues protégeant ses yeux, relevant par la même occasion ses lèvres qui pourraient presque toucher son nez. Les traits de son visage sont tirés et alors que quelques secondes plus tôt personne n’auraient su les voir, ils sont d’un coup très marqués. Pourtant, malgré cette figure atypique, le problème ne se règle pas, il reste. Son apparence est bien la seule chose que Liam a changé en plissant le visage. Le reste ? Rien n’est différent, la lumière est toujours la même.

-          Bonjour chéri.

Sans même la voir, il sait exactement où se trouve la jeune femme avec qui il vit depuis quelques mois. Il n’a pas besoin d’entrevoir son ombre, son reflet dans une glace, ses contours et ses formes pour connaitre son emplacement exact. Le carillon résonnant dans sa voix lui suffit amplement pour deviner sa position. Son petit accent irlandais fait également partie de ses aides, qui lui font dire qu’elle est dans l’encadrement de la porte. Comme tous les matins, elle doit surement être appuyée de son côté droit contre l’encadrement, dans la chemise qu’il a laissé sur le plancher la vieille en partant ses coucher. Elle doit également avoir les bras sur sa poitrine, mettant son tatouage au poignet ainsi que ses ongles teintés de rouge en valeur, et quelques boutons ouverts juste en dessus. Et même s’il a envie de la voir tout de suite, il continue de se l’imaginer un instant.

Non, Aife n’est pas forcément la fille sur laquelle tous les hommes se retourneraient dans la rue. Sa longue chevelure de flemme toujours attachée en un rapide chignon en effraye plus d’un. Surtout que ses iris, contrairement à la plupart des personnes de cette terre, sont gris. Gris, comme les montagnes, comme les rochers, que l’on peut presque voir se dessiner dans ses yeux.  Il y a aussi ses tâches de rousseur qui dessinent le contour de son nez, de ses joues et de ses lèvres, qui laissent souvent dubitatif. Mais, il n’y a pas que cela. Il y av aussi sa taille. Les indices de beauté indiquent que si on voulait être considéré comme belle, il fallait faire plus d’un mètre quatre-vingt, et elle ne fait juste par le mètre soixante.

Pourtant, c’est justement pour cela qu’il la trouve belle. Il trouve que toutes ses petites choses qui font d’elle Aife et pas une autre fille la rende magnifique. Toutes ces caractéristiques que les autres fuient à cause d’un critère de beauté ridicule et omniprésente, lui, il s’en fiche. Il n’aime pas une personne parce qu’elle est comme tout le monde, au contraire, il l’aime pour ce qu’elle est. Alors, quand il ouvre les yeux, et qu’il la découvre exactement comme il se l’imaginait, un grand sourire nait sur ses lèvres.

-          Bonjour, Aife. Bien dormi ? demande-t-il d’une petite voix.

Aife lève les yeux aux ciels, avant de s’approcher doucement de leur lit conjugal. Elle traine les pieds sur le sol, laissant le temps au jeune homme de pouvoir l’admirer dans tous ses détails avant qu’elle ne vienne s’asseoir proche de lui, sur ses draps. Il lui passe doucement les bras autour de la taille, et fait une légère pression autour d’elle. Ainsi, elle se laisse doucement tomber contre son torse, sa tête se logeant dans le creux de son coup.

-          Comme d’habitude, peu, mais bien.

Il sent sa respiration caresser la peau de son cou, alors que ses doigts glissent doucement dans ses cheveux, s’amusant à en dessiner chacune des mèches, avec un bonheur enfantin dessiné sur le visage. Elle hume, avec peu de discrétion, son odeur comme quelqu’un d’autre le ferait avec une drogue dont il ne peut se passer. Et, en quelques sortes, cela lui fait plaisir, de savoir que son parfum est son objet d’addiction. Il continue les ronds dans son cuir chevelu, alors qu’elle prend ses respirations de plus en plus rapidement, répondant :

-          Tu pourrais rester un peu, hum ? Ca compensera.

Elle rit doucement, et Liam en reste dubitatif. Parce qu’Aife, c’est une fille qui ne le fait pas souvent. N’étant pas très sociable et causeuse, le plus cadeau que l’on pouvait avoir en sa présence était un long et langoureux silence, accompagné de doux regards et de caresses. Les mots et elle, cela faisait deux, et il l’avait bien compris. Tout ce qui se rapportait aux échanges normaux, en fait. Les sourires et les rires forcés, elle ne connaissait pas, surtout qu’elle avait déjà de la peine avec les sincères. Alors, lorsqu’il avait l’honneur d’entendre un carillon délicat sortant de sa gorge, il y avait toujours un goût amer dans la sienne. Liam lève un sourcil, alors qu’elle lui dit :

-          Liam, regarde ce que j’avais prévu, sur ta table de chevet.

Elle n’avait jamais aimé trainé au lit. Etant insomniaque, ce lieu ne lui servait que pour se rapprocher sensuellement de Liam, ou alors pour lire ses romans préférés à la lueur d’une simple bougie. Il lui rappelait, le reste du temps, la peine qu’elle avait pour réussir à fermer l’œil, avant d’avoir un immense haut le cœur, quittant les draps en quatrième vitesse. Toutes les nuits, elle ne dormait qu’une ou deux heures, avant que ses cauchemars ne la rattrape. Alors, traumatisée par ce lieu où elle ne faisait qu’avoir peur, elle n’aimait pas y rester trop longtemps, même si lui pouvait y passer des journées entières. Cependant, ce matin, elle avait décidé de lui faire plaisir, en lui faisant un des plus beaux présents qu’il n’aurait pu imaginer : un petit déjeuner au lit, avec des pains au chocolat, sa viennoiserie préférée.

Les petits pains au chocolat // l.pOù les histoires vivent. Découvrez maintenant