Chapitre III

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Je me réveillai aux aurores le lendemain matin. J'étais complètement courbatue. Les

souvenirs des événements de la veille me revinrent en mémoire comme un coup. J'avais du

mal à réaliser que mon existence avait pris cette tournure.

Je me levai tant bien que mal, repliai ma couverture et rallumai le feu. Riskar ronflait

toujours mais à la façon qu'il avait de se tourner et se retourner sur son couchage, je me

doutais qu'il allait bientôt se réveiller. Je me dépêchai d'aller chercher des œufs frais et un

peu de lait de chèvre pour préparer un petit déjeuner digne de ce nom. Une fois revenue

dans la chaumière je vis qu'il s'était levé et s'habillait.

J'essayai un « bonjour » timide pour savoir si son humeur d'hier était due à la nouveauté

de la situation ou s'il était comme ça au quotidien. Il ne me jeta même pas un regard, finit

de se vêtir, prit son manteau qui était suspendu à une patère, passa à côté de moi comme

si je n'existais pas et sortit.

Je restai quelques instants interdite avec mes œufs et mon lait frais, puis haussai les

épaules et décidai à part moi que ce n'était finalement pas si mal qu'il s'en aille aussi tôt.

La première chose que je fis fut d'ouvrir la fenêtre afin d'aérer cette pièce qui gardait

l'odeur de son propriétaire. Puis tout en préparant mon repas, je jetai de rapides coups

d'œil par l'unique fenêtre du bâtiment qui donnait sur la clairière et le vis qui s'en allait

avec son cheval et tout son matériel de coupe sur le chemin par lequel nous étions arrivés

la veille. J'éprouvai un soulagement intense à me retrouver seule et c'est avec délectation

que je profitai de mon premier repas en solitaire. Ensuite, je fis la vaisselle, rangeai un

peu, puis je sortis faire connaissance avec les bêtes et me familiariser un peu avec ce

nouveau paysage.

La journée s'écoula tranquillement, je trouvai de quoi m'occuper et ce ne fut qu'à la tombée

de la nuit que j'entendis le lourd pas du cheval devant la chaumière. Le moment que

j'appréhendais depuis le matin était arrivé, mon mari revenait. Je l'entendis ôter le

harnachement de sa bête et ranger son matériel puis il entra en claquant la porte, alla

directement se chercher une bouteille d'eau de vie qu'il commença à vider en s'affalant

sur sa chaise à table. J'avais l'impression de revivre la même soirée que la veille. J'avais

déjà commencé à préparer le dîner, il était presque prêt. Je m'occupai donc de la table

pendant qu'il buvait en me regardant. J'essayai de l'ignorer même si je savais que ça ne

changerait rien à son attitude ni à l'issue de la soirée.

Astria Tome I MétamorphoseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant