Harmonie

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Douleur infinie.

Edwin tenait dans ses bras le corps d'Ellana dont la vie s'échappait peu à peu. Du moins si elle était encore en vie. Et le sang qui coulait toujours plus de ses blessures semait le doute en lui.

Tous les muscles du général étaient tendus, sa mâchoire crispée, ses mains tremblaient et serraient un peu plus fort le corps de la femme qui mourrait dans ses bras. La femme qu'il aimait.

Lui Edwin Til' Illan aimait Ellana Caldin et il avait fallu qu'elle soit aux portes de la mort après lui avoir sauvé la vie pour la troisième fois, pour qu'il lui avoue enfin. Et maintenant elle allait disparaître.

Tout son être n'était plus que douleur, tristesse et rage. Rage contre lui-même, rage contre cette vipère d'Elea Ril' Morienval, rage contre le monde qui lui volait pour la deuxième fois la chance de pouvoir être heureux. Ses pensées étaient tellement occupées par un chaos d'émotions qu'il ne se souciait pas de savoir où il se trouvait. Il n'avait plus conscience du temps ni du lieu, peu lui importait, la seule chose qui ait de l'importance était de sauver Ellana.

Les larmes coulaient sur ses joues sans qu'il cherche à les essuyer, un phénomène d'une extrême rareté chez le général en chef des armées de la Légion Noire, le redoutable guerrier qui combattit des Ts'liches à plusieurs reprises et remporta le combat. Lui qui était toujours si froid et sec, claquant ses ordres avec fermeté. Lui qui avait consacré sa vie entière à servir l'Empire au péril de sa vie laissait à présent échapper des sanglots rauques.

Ellana. Elle était si... spéciale, tellement libre, tellement sauvage. Personne ne pouvait la dompter ni l'enfermer.

Il l'avait remarquée dès le premier coup d'œil, ce soir là, il y a des mois, dans une auberge non loin d'Al-Vor. Une étrangère vêtue de noir qui les observait sans rien dire et qui, quelques heures plus tard avait rejoint leur troupe hétéroclite.

Elle était si belle et dégageait un charme qu'aucune autre femme ne possédait. Tous les mouvements de son corps étaient emplis d'une grâce et d'une souplesse presque animale, féline.

Son corps. Il en avait souvent rêvé, durant les quelques heures de sommeil qu'il s'autorisait, lui, le guerrier invincible, s'était pris à rêver de la peau de la marchombre contre la sienne, de ses mains sur ses hanches ou sur son visage fin encadré d'une longue chevelure d'ébène, des yeux noirs et brillants de la jeune femme plongés dans les siens et de ses lèvres qui murmurait « Je t'aime ».

Il aurait eu le temps de profiter un peu plus des instants de bonheur qu'aurait pu lui apporter Ellana, à plusieurs reprises il aurait eu le temps de lui avouer ce qu'il ressentait pour elle, de lui parler ou de la toucher. Mais voilà, comme toujours il s'était montré obnubilé par la tâche de commandement qu'il s'était attribuée, il avait consacré tout son temps et toute son énergie pour l'Empire, pour les combats, pour la guerre. Il avait plusieurs fois négligé les avis de ses compagnons et s'en voulait terriblement. De ne pas faire preuve d'humanité, de compassion et de gentillesse. Les combats l'avait-il rendu à ce point insensible ? La larme qui roula sur sa joue lui prouva le contraire.

Il aimait Ellana plus que n'importe qui, il n'avait pas ressenti ce feu brûler en lui depuis Elicia. Non. Cette fois-ci c'était différent. Cette fois-ci elle partageait ses sentiment. Cette fois-ci cet amour avait un avenir. Un avenir qui coulait entre ses doigts et imbibait de pourpre leurs vêtements.


Le Dragon filait dans le ciel à une hauteur vertigineuse et ses ailes frappait l'air avec une puissance inégalable. Sur les ordres de la jeune humaine au regard violet il se rendait auprès de sa Dame. Il parcourait les kilomètres à une telle vitesse que sa tâche serait bientôt accomplie. Il disparut entre les nuages, lui, et les deux silhouettes minuscules perchées sur son dos.

HarmonieWhere stories live. Discover now