XI~DÉRÉLICTION

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Je ne savais pas combien de temps j'avais roulé, ni jusqu'où j'étais allée. Je ne reconnaissais pas les alentours. Depuis un bon moment, j'étais sur une route menant je ne sais où, avec tout autour de moi des arbres par centaines. L'air frais caressant ma peau se faisait destructeur. L'hiver approchait. Mes lèvres se mirent à gercer, mes doigts à congeler. Je n'étais vraiment pas dans les meilleures conditions qui soient.

J'avais parcouru une vingtaine de kilomètres et la moto menaçait de rendre l'âme. Je décidai d'utiliser les dernières gouttes d'essence qu'il me restait à mes risques et périls; de toute façon peu de choix s'offraient à moi. La moto s'arrêta. Je fus donc contrainte d'en descendre et l'abandonnai, continuant sur la route à pieds. J'étais perdue. Seule. Abandonnée. Un sentiment vint s'incruster en mon être, mélange de déception et de tristesse. Comment ont-ils pu ... ? Je ne sais pas. Des larmes se mirent à couler. À flots. Je ne pouvais pas me laisser emporter dans la tristesse, pas maintenant. Il fallait que j'avance, la nuit allait tomber et je n'avais nulle part où dormir, j'étais épuisée. Je marchais, traînant les pieds, complètement dépitée.

Un chemin de terre m'interpella; après tout, j'avais peut être plus de chance de m'en sortir en m'enfonçant dans la forêt. Je pris donc la direction de celui-ci. La terre était boueuse, et l'air humide. On pouvait entendre des bruits forestiers venant d'on ne sait où. Je marchais la tête baissée. Soudain, le chemin s'arrêta brusquement pour laisser place à un grand terrain. Je levai la tête et découvris une sorte de scierie, du moins c'était ce que je pensais. De gros troncs d'arbres se trouvaient sur celui-ci ainsi qu' une maison. Je m'approchai tout en boitant, essayant de ne pas me ramasser par terre. Il faisait froid il fallait que je me pose et que je reprenne des forces pour être productive. J'arrivais sur le pas de la porte, approchai ma main près de la serrure et tournai la poignée. Bien sûr, c'était fermé. Je reculais et ne manquais pas de tomber à cause des deux petites marches de la terrasse. Quelle poisse. Je regardais toutes les ouvertures possibles de cette baraque et vis une fenêtre ouverte au premier étage. Il fallait que je grimpe sur les auvents avec l'aide des barrières pour atteindre la fenêtre. Putain je sais pas si j'y arriverais très honnêtement. Je lançais mon sac sur l'auvent et utilisais mes dernières ressources pour grimper dessus à l'aide des barrières. Je rampais presque jusqu'à la fenêtre, tirant mon sac comme s'il pesait plus d'une tonne. J'entrai enfin dans la maison, laissai tomber mon sac au sol, fit quelques pas et ma vision devint floue, mes jambes lâchèrent prise. Je m'effondrai par terre et perdis connaissance.

À mon réveil, tout était silencieux, il faisait jour. Je ne savais pas combien de temps j'avais dormi, mais peu importe. Je me redressai difficilement et constatai que mes doigts étaient mauves. Je regardais autour de moi. J'étais dans une sorte de grenier, poussiéreux comme jamais. Je m'appuyais sur une caisse pour m'aider à me relever, attrapai mon sac et me dirigeai vers la porte. Je l'ouvris prudemment tout en gardant mon couteau sous la main. J'étudiais à peu près toutes les pièces et confirmais le fait qu'il n'y avait personne ici. Je marchais et entrais dans une salle de bain. Je vis mon reflet dans le miroir et pris peur. Était-ce vraiment moi ? J'étais devenue aussi blanche que la neige. J'avais les lèvres mauves et gercées, mes yeux étaient rouges et bouffis, accompagnés de cernes mauves immenses. Mes cheveux étaient tout emmêlés. Mon corps était également recouvert de quelques tâches de sang et de saletés. J'étais immonde. J'approchais ma main du robinet pour voir si il y avait de l'eau, et par chance elle se mit à couler, glaciale. Il devait y avoir un réservoir d'eau quelque part sur le terrain. Je cherchais donc une serviette pour pouvoir me sécher après m'être débarbouillée sous la douche. J'en trouvais une légèrement poussiéreuse mais une fois secouée, elle fera l'affaire. J'enlevais mes vêtements, les posais sur le rebord de l'évier et entrais sous la douche, avant d'activer l'eau. Ma peau se mit à frissonner. C'était affreux, mais le froid calma mes membres douloureux et me réveilla. La crasse tombait, redonnant un aspect propre à ma peau. Je la caressais et redécouvrit mon corps. Il était abîmé et beaucoup plus maigre. Je passais mes doigts sur ma plaie et retirais les sutures, passais un coup d'eau puis sortis de la douche. J'étais congelée. Je pris la serviette et m'essuyais avec. Ensuite, je me dirigeais vers les chambres et regardais à l'intérieur des placards. J'y pris un pull noir ainsi qu'un jean et des bottes portant la même couleur. Comme ça, je passerais inaperçue. Je me redirige vers la salle de bain pour appliquer de nouvelles sutures avant de m'habiller. Je fais comme Yami avait fait la première fois. Pendant que je pratique, je me demande où ils sont actuellement, ce qu'ils font et surtout s'ils vont s'en sortir. Une fois fini, j'enfile mes vêtements, prends mon sac et descends. La maison est grande, les pièces vastes et poussiéreuses. Je regarde dans la cuisine pour voir si il reste de la nourriture, mais les seuls aliments restant semblent s'être faits attaquer par des vers et je ne sais quelles autres bestioles. Je visite un peu, après tout ce n'est pas comme si je manquais de temps maintenant. Je tombais sur une grande pièce remplie de livres en tout genre. Une sorte de mini paradis. Je fouillai à droite à gauche et choisis le plus inspirant à mon goût puis m'installai dans le canapé, commençant à lire et manger quelque peu de mes rations. Le temps passa calmement sans que rien ne se passe, on oublierait presque que notre monde était mort. Je fermai le livre et le rangeai dans mon sac. Je quittai ensuite la pièce en refermant la porte derrière moi.

Après avoir fini mon tour, je vins me placer devant la porte principale. Je sortis mon couteau, la déverrouilla, l'ouvris et sortis. Je m'approchais d'une sorte de hangar, sûrement là où les propriétaires rangeaient leur bois pour ne pas trop l'abîmer. J'entrais dans le hangar pour voir s'il y avait quelque chose d'intéressant à l'intérieur. Soudain, j'entendis des bruits. Putain non pas maintenant. Je me retournais et vis une dizaine de morts courir dans ma direction. Je courrai aux portes et les fermai. Ils étaient forts, beaucoup trop, je n'allais pas tenir longtemps. Leurs coups étaient puissants, leurs grognements forts et violents. J'avais peur. J'allais céder quand soudain la force exercée sur les portes cessa suite à des coups, comme ceux ... d'une bâte de baseball ?! Je forçais sur les portes pour ne pas qu'elles s'ouvrent, mais il y avait plus de force face à moi. Elles s'ouvrirent net et je tombai sur quelqu'un.
-"Woaw ! Tu fous quoi ?!
-Je sais pas vous êtes qui ?! Qu'est-ce qui se passe ?
-Pas l'temps ! Viens !"

ApocalypsyaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant