L'envoyée des Elfes - Tome 1- Tarisar [Edité]

Une guerre se prépare...

Lorsque les deux blessés furent sortis de la pièce pour les mener à des chambres, encore une fois, Maura avait le monopole des regards. Les guerriers Amazones lui étaient reconnaissants d'avoir sauver leur ami ; la grande rousse la fixait avec surprise et un brin d'admiration. Ce n'était pas tous les jours qu'une jeune elfe faisait mieux le travail d'une guérisseuse spécialisée. D'ailleurs, celle-ci se tenait dans un coin de la pièce, cramoisie, honteuse d'avoir faillie à sa tâche. Elle savait que, sans la brune, l'homme serait mort à l'heure actuelle. Blaise et Jasmine avaient des mines dépitées. Depuis quand leur fille adoptive avait-elle des dons pour la médecine ? Ils l'ignoraient. 

Quelque peu gênée d'avoir toutes ces paires d'yeux sur elle, Maura s'avança jusqu'à la bassine d'eau, où elle prit le temps d'enlever le sang sur ses mains, puis elle rejoignit ses parents. Tandis que le roi Ambrose et sa femme la félicitaient, que Blaise et Jasmine la comblaient de compliments qu'elle méritait amplement, la rousse semblait s'amuser en la voyant mal à l'aise face à ces éloges. Elle avait un demi-sourire en coin, qui la rendait moins sévère qu'à l'habitude. Maura se dit alors, que finalement, cette femme ne paraissait pas aussi méchante que ça. Elle changea vite d'avis, suite à la réflexion de l'Amazone. 

"- Nous devrions continuer notre conversation. Je ne pense pas que cette jeune fille devrait écouter. "

Bien qu'elle avait l'air de dire cela pour elle, pour la protéger de nouvelles trop lourdes à porter,  la brune le prit comme un affront. Elle se renfrogna, croisant ses bras sur sa poitrine. Elle semblait vouloir dire qu'elle ne bougerait pas d'un pouce. Sa réaction pouvait faire puérile, et confirmer les dires de la guerrière, mais pour l'instant, elle n'en avait que faire. Elle désirait savoir ce qu'il s'était passé lors de l'assaut à la forteresse du Nord. D'un côté, elle était aussi concernée que les autres, voire même plus. Ces maudits sorciers du Nord lui avaient pris sa mère, elle souhaitait les voir morts autant que n'importe qui. Un combat visuel débuta entre Maura et la rousse. Toutes deux campaient sur leurs positions. L'une voulait que la brune parte, et l'autre voulait rester. Au final, ce fut la guerrière qui lâcha prise, se refusant d'entrer dans un jeu aussi gamin. 

"- Donc, comme je le disais tout à l'heure, raconta l'Amazone. Nous avons marché jusqu'à la forteresse du Nord, mais quand nous sommes arrivés, il n'y avait pratiquement personne. Il ne restait que des vieillards, incapables de mettre un pied devant l'autre. Nous les avons convaincus de nous dire où était passé tous les autres. On apprit que les Enchanteurs, sous ordre de leur reine, étaient allées se terrer dans les contrées éloignés, là où plus personne n'ose aller. Ils se sont réfugiés dans les Terres désolées, prenant domicile à la citadelle imprenable. Nous n'avons même pas réfléchi, et nous nous sommes rendus têtes baissés dans le piège que ces viles créatures nous tendaient. Lorsque nous sommes arrivés, ils étaient tous en place, prêts à bondir sur nous et à nous massacrer. On a rien pu faire, hormis battre en retraite. Ils étaient beaucoup trop nombreux. Nous n'avons pas réussi à voir les couleurs de la citadelle. Ils nous ont intercepté avant, dans la forêt... Seulement, même en s'enfuyant, ils ont tenté de nous barrer la route. Nous étions pris au piège. Sur deux cents guerriers, une trentaine est revenue. Ils n'avaient qu'un unique but : nous assassiner jusqu'aux derniers. Quelques uns d'entre nous avons décidé de venir vous prévenir au plus vite."

Personne n'osa parler, ne sachant pas vraiment quoi dire. Maura sentait la colère émanait des adultes autour d'elle, et elle ne put s'empêcher de l'être aussi. Apparemment, ce serait bien plus compliqué de se débarrasser des Enchanteurs. 

"- Tamia,... Toutes mes condoléances pour vos pertes, s'inclina le roi Ambrose, sincèrement peiné. Votre peuple se relèvera fier, j'en suis persuadé. "

Elle s'appelait donc Tamia, c'était une bonne chose à savoir. Même si Maura l'avait déjà surnommée la "guerrière rousse". Tamia inclina aussi la tête, en signe de respect mutuel.

"- Une guerre se prépare, Ambrose, affirma l'Amazone. Aucun peuple n'est en sécurité. Les Enchanteurs s'en prennent à tous. Alors, nous devons réagir à la menace ensemble... En tous cas, je n'enverrais plus mes guerriers se faire massacrer sans appui derrière. Nous devons en finir. Plus ils continueront leurs rituels, plus ils gagneront du pouvoir, et moins, nous pourrons les vaincre. 

- Nous sommes avec vous, répliqua Blaise après avoir vu l'accord sur les autres visages. Il est temps d'organiser une réunion. Tous devront répondre présents. "

Chacun acquiesça, tandis que Maura resta dans le silence, assimilant ce qu'il était en train de se produire. La dernière fois qu'une réunion de ce genre avait eu lieu, tous les peuples s'étaient unis pour anéantir les dragons, qui formaient un grave problème ingérable. Les elfes refusaient d'héberger les dragons, ne voulant céder aucune part de territoires, mais les dragons ne pouvaient rester sans maisons. Alors, une guerre avait éclaté. Heureusement qu'à l'époque, certains elfes s'étaient opposés à leur destruction, se portant garant d'eux, et devenant ainsi les dresseurs de dragons. 

Le groupe se dispersa. Tamia retourna auprès de son peuple, les monarques allèrent s'enfermer dans leur bureau, et Maura suivait ses parents adoptifs qui avaient hérité de la charge d'envoyer les convocations pour la réunion. La jeune elfe, bien qu'elle ne l'aurait jamais montrée, était un peu inquiète qu'une guerre éclate réellement. Pourtant, elle savait qu'Odros ne pourrait y échapper, que la guerre était imminente et déjà en train de se construire. Quoi que le conseil ne dise, cela se finira en bain de sang. Les Enchanteurs disparaîtront à jamais. Un peuple entier. La brune se rendit compte qu'à la réunion, les représentants des races voteraient pour un génocide. Même si on parlait des sorciers du Nord, ceux qui étaient à l'origine de la mort de Noora, elle se dit que ça restait un génocide, qu'un peuple serait bientôt détruit. Bizarrement, elle se sentit un peu mal, et n'aimait pas savoir qu'une guerre venait à grand pas.