En rebroussant chemin, un sentiment nouveau s'empara d'elle. A mesure que ses pas battaient le sol ce sentiment impromptu grandissait, comme un feu ravivé par de nouvelles étincelles. Arrivé à hauteur du petit ruisseau qui faisait la séparation entre deux grandes plaines, identiques et de couleur si vives, si indescriptible. Elle prit une légère inspiration, enjamba ce ruisseau à l'eau fougueuse tel que Tybalt l'aurait fait avec une flaque d'eau un jour de pluie froide s'imagina-t-elle. Juliette manqua de trébucher et cela lui fit pousser un petit bruit d'enfant. Son bruit qui malgré toute son énergie pour ne pas être entendue l'avais été par les deux jeunes garçons. Elle se haïssait d'elle-même, car faire demi-tours pour finir quoi, presque par terre, cela à tout de la plus belle façon de rencontrer quelqu'un ironisa-t-elle le sourire à demi figé.
Un des deux garçons, le plus grand vint immédiatement essayer de voir si Juliette allait bien. Oui répondit-elle, hésitante ne sachant que dire face à eux deux. Il se présenta, habile en toute confiance contrairement à Juliette. Il s'appelait Mercucio, et il était curieusement bien différent de plus près, plus élégant, plus agréable à regarder, à en observer les moindres détails de son visage. Pendant que son esprit agité essayait de faire le tri dans toutes ces informations, le second jeune homme vint également à sa rencontre quelque peu en retrait, plus timide. Il ne parlait pas, c'était son ami, Mercucio d'après ce qu'elle comprenait qui lui apprit qu'il s'appelait Roméo. Ce Roméo était surprenant ; il la regardait avec ce regard brillant, profond, avec des pupilles lucides qui s'agrandissaient comme pour mieux la distinguer, la voir se parfaire à cette lumière d'un jour nouveau, aveuglante, brûlante d'espoir. Juliette, le regardait également, et lui sourit en guise de réponse face à ces deux yeux silencieux criant l'incompréhensible.
Juliette se détourna vers Mercucio et échangèrent une discussion toute agréable, notamment pendant le chemin du retour lorsqu'ils étaient rentrés tous les trois jusqu'à que chacun gagne son chemin respectif. Pendant cette balade entre forêts, mousse et terre et oiseaux et Roméo, elle s'était sentie en plénitude, en tout cas quelque chose de la sorte, un peu comme quand vous êtes dans un endroit et où ou vous vous sentez vous-même, une pièce dans un puzzle, minuscule mais indispensable. Pendant que Mercucio racontait ses différents périples et toutes ces aventures qui honnêtement sont amusantes, elle observait Roméo du coin de l'œil, en secret. Puis ce fut le moment de se dire en revoir ; elle regagna sa maison où l'attendait Tybalt sur les marches du perron menant à la maison bleu. Elle repensait à Roméo, et étrangement elle eut une meilleure impression de lui alors qu'il n'avait parlé guère. Il est amusant comme un silence peut être si parlant, et de ce fait elle n'eut jamais autant compris le fait que la parole est d'argent et que le silence, lui est d'or. Rare.
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Du bon côté de la plaine
RandomComté de Surrey, Angleterre. Histoire reprenant le comte de Roméo et Juliette, en époque moderne.