Villains With The Scabbed Wings

Chapitre 30 : Marilyn

Dès que je mis le pied chez moi, Jeordie s'approcha de moi, l'air suspect. C'était évident qu'il avait des tas de questions et qu'il ne me laisserait pas m'en sortir aussi facilement.

— Je pense qu'il faut qu'on parle, annonça-t-il.

— Tu veux parler d'Hanna ? demandai-je dans un soupir.

— Évidemment que je veux parler d'Hanna ! s'insurgea-t-il. La dernière fois tu m'as balancé comme si de rien n'était que tu sortais avec elle...

Je m'installai dans le canapé malgré son regard qui ne cessait de me suivre et de me juger. Il refusa de s'asseoir, comme s'il voulait garder une forme de sérieux, ce qui n'était clairement pas son genre.

— Je ne vois pas ce qu'il y a à dire de plus, rétorquai-je naïvement.

— Certains balançaient ce genre de rumeurs, mais je ne pensais pas que c'était vrai... Pourquoi ne pas l'avoir dit ? Pourquoi avoir caché cette relation ?

— Peut-être parce que tu n'aurais pas lâché Hanna. Peut-être que ça mettrait en péril le groupe. Et peut-être aussi parce que cette relation était totalement malsaine...

Soudainement, les traits de son visage s'adoucirent et montrèrent comme une forme de pitié, comme s'il voulait comprendre.

— Je ne veux pas de ta pitié ! ripostai-je aussitôt.

— Mais pourquoi tu ne m'as pas parlé de tout ça ? demanda-t-il, complètement perdu.

— Je ne suis pas obligé de te parler de tout...

— J'ai le droit de savoir quand ça se passe mal, lâcha-t-il d'un air inquiet.

Je mis court rapidement à cette discussion, ne voulant pas revenir plus en détail sur la tumultueuse relation que j'avais eue avec Hanna. Il n'insista pas et partit se coucher pendant que j'étais debout encore à ruminer. En fait, j'étais incapable de m'endormir et ce message d'Ashley n'allait pas remonter le moral. Elle m'annonçait le décès de Spooky, ce petit poussin qu'on avait recueilli. Après quelque temps de réflexion, je lui renvoyai un message, assez triste de cette nouvelle. Elle m'annonça par la suite qu'elle comptait l'enterrer dans son jardin. Dans le fond, je ne savais pas quoi lui proposer d'autres...

*

Alors que le soleil s'était déjà levé depuis quelques heures, ce ne fut que maintenant que quelques-uns de ses rayons m'éblouirent. Jeordie s'approcha et me tendit un café.

— Tu savais que j'allais me réveiller à ce moment-là ? demandai-je en me relevant pour m'asseoir sur le canapé et en prenant sa tasse.

— Non, il est très froid en tout cas, répondit-il avec un grand sourire.

— Ah.

En buvant une gorgée, je me rendis compte que, en effet, il était très froid. Après tout, je n'avais aucune envie de me lever pour le réchauffer.

— Tu es sûr que tu ne veux pas parler de ce qu'il s'est passé avec Hanna ? s'enquit-il.

— Sûr.

— T'es sûr que je ne peux pas t'aider ? proposa-t-il maladroitement.

— C'est passé, il n'y a plus grand-chose à faire...

— Bon, d'accord... Mais n'hésite pas si tu veux en parler. En tout cas, je vais passer chez Chris pour voir s'il a déniché quelques endroits où on pourrait se produire.

Il n'ajouta rien de plus et s'en alla assez rapidement. Il me fallut de longues minutes avant de finir mon café, bien trop froid à mon goût. Puis, n'ayant rien de mieux à faire, je m'installai dans le garage pour tenter de composer quelques morceaux. Mais l'inspiration n'était pas vraiment présente. Je n'avais rien sur quoi me raccrocher, rien pour me lancer. D'habitude, ça ne m'arrivait que rarement, voire jamais. J'avais toujours des tas d'idées à explorer, mais cette fois-ci, c'était le vide absolu. Il me manquait clairement quelque chose...

Je mis rapidement fin à cette session peu productive pour voir le message que je venais de recevoir sur mon portable. Un simple "il faut qu'on parle". Je m'attendais à ce qu'il s'agisse de Jeordie ou d'Ashley, mais le destinataire était bien plus imprévu : Hanna. Je regardais longuement le message sans y répondre.

De quoi voulait-elle me parler ? Et surtout, avais-je vraiment envie de la revoir ? Tout ce qu'on avait vécu était encore bien trop présent et c'était ce qui m'inquiétait le plus...