What if the Storm Ends ? || The 100 | Bellamy|Murphy|Roan ||

Chapitre 8 : Run !

Gwen

Il se trouve que ce ne fut pas le manque d'enthousiasme ni la fatigue qui minèrent la motivation des bâtisseurs, mais le bruit de fond constant et infernal que produit Jasper. Alors que la matinée touche à sa fin, son état ne semble pas se stabiliser, et les imprécations vont croissant à chaque gémissement qui s'élève du vaisseau.

Bellamy n'est même pas encore sur le départ que les constructions se sont interrompues, chacun s'étant retranché dans un coin, maussade ou irritable, pour pester contre le blessé. Le groupe que le leader entraîne au lancer avec l'aide de Murphy est le premier à perdre patience. Après que son couteau ait ricoché une énième fois contre le tronc qui fait office de cible, Murphy se tourne vers Bell pour accuser franchement le mourant. Après un court échange, Bellamy disparaît à l'étage du vaisseau. Je me garde de le suivre. Contrairement à Clarke et Octavia, j'évite Jasper comme la peste. L'incident de la veille est encore bien trop vif dans ma mémoire. J'attends au dehors, ne sachant si je dois souhaiter que Bellamy l'achève ou que Clarke l'en empêche. Un cling ! discordant annonce la fin de la cession de lancer quand Murphy perd sa lame dans les fourrés.

Finalement, Bell sort à pas rageurs de l'épave, rassemble son équipe de chasseurs, et quitte le camp aussi sec. Peu après, la fille du médecin repousse la bâche à son tour, suivie de Finn. Ils parlent des préparatifs d'une expédition destinée à ramener un anti-sceptique naturel pour Jasper. J'hésite un instant à me porter volontaire. L'envie me brûle de me soustraire aux plaintes déchirantes qui me parviennent où que je me trouve. Je me ravise cependant après une brève observation du trio. Clarke parait se retenir à grand peine de déverser sa fureur contre Wells, alors que celui-ci, ne prenant pas gardes aux signaux, tente de raccrocher les wagons auprès d'elle. Pas question de me mêler à ce conflit là. C'est sans remord que je laisse le rôle de médiateur à Finn et les regarde prendre la direction de la rivière.

L'unique solution pour offrir un moment de répit à mes oreilles reste donc l'isolement. Je sangle ma hache dans mon dos, puis me glisse entre deux poteaux de bois plantés dans le sol que personne ne se soucie de raccorder, et m'éloigne entre les arbres. J'ai à peine fait quelques pas qu'une voix familière monte derrière moi :

- Et où est-ce que tu crois aller ?

Je pousse un soupir sonore.

- Loin d'ici, rétorqué-je en me retournant. Je n'en peux plus de l'entendre.

- On t'a déjà dit que tu manquais du sens le plus élémentaire de prudence ? Personne ne doit quitter le camp seul.

- Je ne vais pas loin. Et puis il faut bien que quelqu'un explore les environs, histoire de repérer les coins de cueillettes, des points d'eau ou n'importe quoi. N'essaie pas de m'en empêcher, Murphy. Je ne suis pas d'humeur.

Pendant une courte poignée de secondes, il me considère avec intensité, l'air méditatif, puis s'avance vers moi.

- Je n'ai jamais dis que j'allais t'en empêcher, dit-il avec désinvolture. J'ai dis que tu ne devais pas partir seule. Je viens avec toi.

Prise de court, je le dévisagea un instant, puis secoue la tête.

- Tu n'es pas en charge du camp ?

- Je sais pas si tu as remarqué, mais il n'y a plus grand-chose à prendre en charge pour l'instant.

Parvenu à ma hauteur, il pointe un doigt vers sa gauche.

- Personne n'est encore allé dans ce secteur. Autant commencer par là.

J'acquiesce. Nous nous mettons en route. Les gémissements de Jasper se font plus ténus au fur et à mesure que nous progressons. Bientôt, nous ne sommes plus environnés que par le susurrement du vent dans les ramures et les trilles stridentes des oiseaux. Nous ne nous arrêtons pas pour autant. Nous marchons en silence, nos manches et nos épaules se frôlant parfois lorsqu'un passage dans le lacis de végétation se fait trop exigu et qu'aucun de nous deux ne veut s'effacer pour laisser l'autre le devancer. Je m'efforce de retenir l'emplacement des buissons chargés de baies que je repère. Il sera toujours temps de déterminer leur comestibilité plus tard.