L'aéroport était bondé de monde en ce vendredi saint. L'assaut de l'opulence se faisait béatement par une foule dont les figurants étaient soit voyageurs, soit revenants. De l'euphorie et de l'impatience animaient infailliblement les visages, n'empêche qu'une minime partie veule reprendre le vol pour fuir. Fuir ses responsabilités, pour ne payer les erreurs du passé. Fuir la réalité, pour continuer de naviguer dans l'onde du mensonge, dans la nappe du bonheur qui n'est pas moins qu'une utopie.
Prétentieux, ils sont ; Eux même sous estiment ce Sénégal qui les a vus naitre, cet Africain noir, digne, heureux, humble et surtout téméraire. Ils oublient passivement que la dépossession existe au même titre que la possession, on acquit jamais la destinée. Chaque jour qui vient est une chance pour s'enrichir, autant qu'il soit un fossé dans lequel la perte peut être comptée parmi les présents, et le lendemain un jour de regrets et de remords. Désormais, l'homme s'avise que, dans son propre intérêt, bien entendu il lui faut la constance. C'est de cela que dépends l'avenir de ce monde.
_T'es l'homme de la maison jusqu'à mon retour, t'as intérêt à te comporter comme un responsable. Sans dec ? Soumaya et Eva vous pouvez arrêter ? On a l'impression d'être dans une cérémonie mortuaire. Arrêtez vous aussi, on part juste pour une semaine.
Les deux jeunes filles usèrent enfin de leur force et se séparèrent. Ahmadou prit la main de sa femme pour rejoindre les autres voyageurs à l'embarcadère. Sans lui permettre de regarder derrière eux, il lui chuchotait que tout allait se passer comme prévu, il lui promettait mont et merveilles, très ébranlée par la mine attristée de Soumaya. Celle-ci était pensive, elle se disait intimement qu'elle allait rompre la promesse qu'elle avait fait à Diegane. Il était hélas trop tard pour retourner en arrière.
_ Regardes moi dans les yeux et dis-moi que tu regrettes. Fais le et j'annule tout. J'ai promis à ton père de prendre soin de sa fille, te forcer à y aller serait souiller ma promesse.
L'entremêlement de leurs doigts faisait un gobelet qui se reposait entre leur poitrine.
_ Si tu tiens tant à tenir ta promesse, je ne vois pas pourquoi je romprai la mienne. N'est-ce pas que je t'avais promis de rester à tes cotés quelques soit les circonstances ?.. Il hocha la tête et sourit.. Alors embarquons. Je te suivrai même jusqu'à l'autre bout du monde, l'essentiel c'est d'être avec toi.
Sa fierté se voyait, il était en admiration totale envers sa femme. Il parcourait son visage de doux baisers, commençant par son front, son, nez, sa bouche, ses joues, enfin il voulait la dévorer devant les gens. Il s'abaissa pour lui baiser ses mains, ce geste d'affection n'avait pas échappé aux passants. Certains clapotèrent, d'autres jugeaient cela abusée de la part d'Ahmadou, ils n'étaient sans doutes pas fans du romantisme. Subséquent à cet acte, le couple s'engage pour une autre destination.
Revenons sur quelqu'un qui avait dérouté. Au lieu de se rendre à la maison avec Eva Lena, il avait pris la route d'un hôtel un peu décalé de la ville. Comme il ne faisait jamais les choses à la normale, il avait commandé un plat chinois à l'odeur spécial et à la présentation dégoutante.
_ Je ne mangerai pas cela Babacar.
_ Tu ne peux pas le juger fade sans l'avoir gouté. Laisses moi t'en donner, je t'assure que la sauce est délicieuse. Aller juste quelques bouchés mon bébé, allez, ouvres moi cette petite bouche.
Il avait encore gagné, Eva mangeait en grimaçant mais il l'ignorait. Elle avalait ce qu'il lui donnait, jusqu'à est venu le moment où un objet qui n'était point mangeable atterrit dans sans bouche.
_ C'est surement l'œil de la grenouille.
Eva s'empressa de la sortir, et splendide fut sa surprise quand elle s'aperçoit que c'était une bague.