«La vie nous ouvre les portes de l'éternité »
Certaines personnes nous font espérer. Certaines personnes nous donne envie de nous battre et Emy était l'une d'entre elle. C'était mon rayon de soleil, celle qui tentait toujours de me faire rire lorsque je n'étais pas bien et que tout ce que je pouvais faire c'était regarder les autres, dehors, et moi, bloqué à l'intérieur. Je l'ai vu pleurer une seule fois. Elle m'a vu pleurer une seule fois ;le jour de mon hospitalisation.
A son retour j'ai pus la voir que quelque jours puisqu'elle allait se faire opéré. Et son retour a été long, très long pour finalement un départ rapide. Elle avait trouvé mieux et près de chez elle et donc elle est partit de l'HDJ. Elle n'avait pas de date précise aux début alors à chaque fois que je savais qu'elle venait, j'espéré qu'elle soit là. C'était une bombe à retardement qui a finalement éclater et j'ai préféré fuir plutôt que de la voir, de l'apprendre dans mes bras et de lui dire adieu.
On devait garder contact par lettre mais jusqu'à maintenant ça n'est pas produit. Peut être qu'un jour j'en aurais une dans ma boite aux lettres même si je suis certaine à 99% que ça n'arrivera pas. Elle a disparu de mon monde. Elle a laissé un trou béant, comme une balle de tennis dans mon cœur déjà bien troué. Ca peut paraître égoïste de ma part mais, elle était comme un médicament pour moi. Je sais qu'un jour je pourrais partir de l'HDJ et donc lâchée en pleine nature. Ma psychologue me dit tout le temps qu'elle ne peux pas me guérir de mon agoraphobie, mais par contre elle peut m'aider a vivre avec ses angoisses et autres hallucinations. Pour le moment je me sent toujours incomprise. Maison en reparlera plus tard.
Emy a disparue comme elle est arrivé. Au début j'étais pas vraiment à l'aise avec elle. En générale, il me faut du temps pour faire confiance et donc parler avec eux, enfin, m'incruster dans leur conversation. Elle se cachait sous un masque de béatitude alors qu'au fond, elle était autant mal en point que certains d'entre nous. Je sais qu'elle a passé un temps au SCATE (service ado de 12 à 17ans) La plupart sont passé par cette case.Et un beau jour, une nana est arrivée et a commencé a faire son discours comme quoi elle avait pas sa place ici, qu'elle n'était pas folle, que ça l'emmerder par rapport à ses cours et blablabla. Je crois même que c'était l'une des rares personnes à ne pas être aller là bas ou ailleurs, nous a insultant de tarer. D'ailleurs, elle est resté quoi... Une journée ? Elle voulait pas des soins pour ses problèmes (si même elle a conscience qu'elle a surement des problèmes) soit disant à cause de ses cours. Ca m'a tellement fait rire parce que moi, j'étais scolarisé. Bon par correspondance mais je l'étais. Et je sais même qu'une nana, non, deux nanas vont encours et l'une d'entre elle a passé son BAC. Beaucoup l'on mal pris(dont moi) et je pense qu'elle a très vite compris qu'elle aurait mieux fait de l'a fermer. Emy disait que c'était dégradant pour nous tous parce qu'on est pas tarés. On a juste une dépression plus ou moins sévère et quelque autre trucs plus ou moins cool.
Je ne savais pas ce qu'avait Emy, après tout ça ne me regardait pas vraiment. Elle n'était pas dans l'obligation de me dire ses pathologies et ses problèmes. Tout ce que je savais, c'était qu'elle était présente à l'hôpital au minimum le mercredi et le vendredi(les deux seuls jours où elle était présente en même temps que moi. On avait la plupart des activités ensembles, on riait parfois entre 12h et 14h.
Peu à peu je devenais dépendante d'elle (mais pas que d'elle). Savoir qu'elle allait partir, savoir qu'elle était sur le point de vivre sa vie, sans moi ni autre personnes (je suppose) de l'hôpital me fendait le cœur. Mais maintenant, ça doit faire un ou deux mois qu'elle est partit et il faut croire qu'elle a disparu des esprits des personnes qui sont encore là et qui l'on côtoyé plus longtemps que moi. Je pense que c'est la faille de l'hôpital de jour. On s'accroche à des personnes, on nous invite a aller vers les autres et ensuite c'est à nous de ramasser les morceaux du départ des gens qu'on a appris à connaître et a apprécier. Mais je pourrais aussi très bien vous dire que l'on peut garder contact via internet ou sms mais, qu'est-ce-que ça apporte quand on ne peux pas aller à une soirée ou juste passer une après-midi avec les gens en question.Mais je fait comment si je ne peux pas sortir de ma maison ? Si je ne peux pas conduire une voiture faute de ne pas avoir le permis.
Au final, je suis bloquée entre quatre murs: papier et crayon en main.
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Agoraphobia [Phase II]
Non-FictionCela fait dix années que je vis avec l'agoraphobie. Dix longues années qui, aujourd'hui, sont de plus en plus difficiles à gérer. Si j'écris ce journal aujourd'hui, c'est pour montrer aux quelques personnes qui me liront que ce n'est pas un caprice...