Wonder Wasted Land

Chapitre 8

Milla réfléchissait, perdue dans ces pensées, le regard vide. Elle était seule dans son bureau, avec pour seule lumière la clarté du jour par la fenêtre. Elle écoutait le brouhaha quotidien du camps; les hommes qui surveillaient, les va et vient des voitures et camions, et puis les rires qui venaient du bar. L'accord négocié l'arrangeait tout comme il l'emmerdait, des armes, elle en avait vraiment besoin depuis qu'un de leur important stock avait été détruit, mais comment en finir avec leur "Rakyats" si elle n'arrivait pas à en finir avec ces propres rebelles. Elle pouvait bien faire appel aux cartels, mais ils n'étaient pas une source fiable. Ils agissaient par intérêt personnel. Et puis, qui sait, peut-être faisaient-ils parties de ces rebelles à la noix. Après tout, ils en étaient capable, ils n'avaient toujours pas avalé le fait que son père leur ait retiré leur pouvoirs sur l'île, ils voulaient constamment retrouvé ce qui leur appartenaient avant la guerre.

Mais même s'ils n'en faisaient pas partie, demander leur aides revenait à détruire tout ce que son père avait construit durement. Son père avait fait de ce lieu un lieu de paix, de respect, les gens étaient apeurés par lui mais lui vouaient un extrême respect. Lorsqu'il décéda, certains avaient décidé de se retourner contre ce régime qui fonctionnait ainsi depuis une dizaine d'années. Ces stupides jeunes révolutionnaires qui n'avaient ni connu, ni vu la misère sur cette île. Elle était dans une impasse. Et plus elle cherchait un moyen de s'en sortir, moins elle n'y voyait d'issue. Mais il fallait faire quelque chose, ces hommes et ces femmes avaient une confiance extrême en elle. Milla était peut-être folle, mais on ne pouvait pas dire qu'elle ne savait pas s'occuper de nous, et de ces habitants. Si elle n'agissait pas rapidement, l'anarchie reviendrait, encore.

Soudain, se rappelant de l'anarchie, elle eut une idée. Pas des plus saines sans doute, mais une idée quand même. Elle prit son talkie-walkie, et contacta son bras droit. Cette idée m'interrogeait, autant que vous, Milla était imprévisible, impossible à deviner à l'avance ce qu'elle préparait. Mais assez de se questionner sur ces plans, Smith arrive et s'apprête à rentrer.

"Smith! s'exclama notre amie toute souriante, J'ai à te parler de quelque chose d'important!"

Smith avait l'air tout aussi perdu que nous, seule Milla comprenait Milla, et encore, parfois j'avais des doutes.

-Prends place je t'en pris! l'invita-t-elle à s'asseoir.

-Que me vaut l'honneur? demanda Smith assez perplexe.

Milla le fixa quelques secondes avant de commencer, comme si elle réfléchissait à ces mots, puis sur un long soupir, elle commença.

"Par où commencer... Quand est-ce-que l'on s'est rencontré pour la première fois?" demanda-t-elle sûr d'elle.

Smith fronça les sourcils ne comprenant pas pourquoi elle lui posait une telle question, et je vous avoue que moi non plus, voilà des jours que je n'ai plus accès à ces pensées.

-Eh bien... Nous nous sommes rencontrés lorsque tu avais 8 ans précisément, et moi j'avais 19, nous t'avons recueilli ici avec ton frère, enfin, le patron t'a recueilli et considéré comme sa fille suite à la mort de ton père, pourquoi cette question? répondit-il.

-Ding! Ding! Correct! affirma-t-elle en ignorant sa question, et comment mon père est mort mon cher Smith!? elle continuait sur sa lancée.

-Eh bien... Suite à la guerre des cartels... Mais pourquoi toutes ces questions, tu le sais déjà tout ça! En effet, pourquoi toutes ces questions? N'avait-elle pas suffisamment souffert de cet évènement sanglant!

-Exact! Elle s'arrêta un moment et se mit à réfléchir en pinçant les lèvres. Puis, tapant des mains et tendant un doigt en direction de son fidèle bras droit et ami, elle s'exclama, la guerre des cartels! Tu ne vois vraiment pas où je veux en venir?

-Eh bien non pas vraiment, c'était il y a dix ans et cette guerre reste encore dans les mémoires, sauf pour ceux qui ne l'ont pas connu, s'exprima celui-ci.

-Bah tu vois, t'as tout compris! rigola Milla, je t'explique... Il y a dix ans, BAM, elle retapa dans ces mains mimant une explosion, les deux cartels présents sur l'île se déclarent la guerre, questions de territoires, de bénéfices, toutes ces conneries mélangées provoque un chaos sans fin.

Elle s'arrêta un instant reprenant son souffle, Smith n'osait pas l'interrompre dans son monologue, car bien qu'ils soient comme des frères et sœurs, Milla restait le chef ici, mais aussi parce qu'elle racontait cela avec une intensité qu'il en était difficile de se détacher de ces lèvres.

Puis reprit-elle:

-... Un chaos sans fin... souffla-t-elle, les gens perdaient des proches, des amis, de la famille, ils étaient réduits à l'état d'esclavage par ces cartels, que ce soit ceux de l'est ou de l'ouest, ils travaillaient dans ces usines à cocaïnes, comme des machines, sans être payer en retour, et risquaient de mourir au moindre mot, ou même acte de travers! Ils étaient affamés, plus rien à manger, ne comptaient juste que le business de la drogue et du fric! Tout ça pour une guerre de fric et d'espace... Elle tapota des doigts sur la table. Ces yeux pétillaient d'une certaine malice, comme lorsqu'elle était enfant.

-Tout ce que tu dis là est bien vrai, mais... Pourquoi ce rappel historique? demanda poliment Smith.

-Eh bien... Ne trouves-tu pas que ce contexte ressemble à notre situation actuelle? Enfin à quelques différences près, je doute que nos rebelles veulent du fric et du territoire, ils veulent plutôt nous enterrer six pieds sous terre, elle se mit à rigoler comme si c'était une évidence. Pour ma part, je commençais à comprendre où elle voulait en venir.

-Tu te rappelles de tout ça, n'est-ce-pas? enchaîna celle-ci toujours dans son élan.

-Ouais carrément, il m'arrive parfois d'en faire des cauchemars... Il rigola doucement tout en frissonnant. Smith en avait vu des choses et en avait fait pour rester en vie, moi qui n'est suivi que Milla depuis sa tendre enfance, j'aimerais beaucoup en savoir plus sur son vécu.

-Moi aussi, figures-toi, mais il n'y a pas que nous Smith, les anciens villageois aussi s'en rappellent, tout comme les gamins qui avaient mon âge à cet époque, elle claqua des doigts et se leva brusquement prête à exposer son plan. Mais eux, ce qui contestent notre pouvoir, il était trop jeunes pour s'en rappeler, ou s'ils s'en rappellent ils sont bien cons! Tu me suis? Il faut rappeler ce passé aux habitants de l'île à la prochaine livraison, il faut diaboliser l'ennemi, il faut qu'on passe pour les gentils! Puis elle se tapa le haut du crâne avec un sourire fou elle s'exclama, AH! Pourquoi n'y avais-je pas pensé plus tôt!

-Pas mal comme plan, mais soit ça passe soit ça casse, comment tu comptes t'y prendre? demanda Smith.

-Simple comme bonjour, on se rend à Mad Town pour la livraison de bouffe, et on annonce qu'ils en auront moins, à cause de ces sauvages qui ont détruit en plus de notre stock d'armes, notre stock de nourriture! Et dès que qu'on a les habitants dans notre poche, il ne reste plus qu'à attendre et frapper gros. Elle posa les mains sur sa table, prête à en découdre. Cela faisait plaisir de la voir ainsi, voilà longtemps qu'elle avait perdu sa bonne humeur.

-C'est faisable mais c'est risqué, ça peut se retourner contre nous... Supposa Smith.

-Il faut tenter, on est plus à ça près, à l'évidence, il faut mener une guerre psychologique avec eux, et ensuite, on explose tout. On faisait tout à l'envers!

-Ok je charge le camion pour Mad Town, dès demain, on y va avec des hommes.

-Smith, pour demain, tâche d'avoir l'air attristé mais énervé.

-Pas de souci!

Milla avait toujours une carte à jouer, elle ne s'arrêterait qu'une fois morte.