《Soumaya》《Partie 16 》

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Des bisounours à qui la vie professionnelle avait ôté le naturel du geste et de la parole, victimes du milieu adopté tout récemment, habillés classes et élégances, ils écoutaient textuellement le premier discours du suppléant de Monsieur Malone.

_ Nous ne pouvons pas débuter le travail sans fournir d'informations aux musiciens et aux médias. Pensez-vous que cette madame Faye maîtrise son métier ? Si c'est le cas, comment peut elle déserter pendant que Coridor a besoin d'elle ?

Diegane fut sonné par cette intervention, Madocky attendait une réponse assurante venant de lui. Comment pouvait-il clôturer le débat sans justifier l'absence de la coordinatrice ? C'était irrespectueux de la part du boss. Tant qu'il les ait réunis, il se doit de les parler sans omettre aucun détail.

_ Pourquoi ne pas t'en charger Madocky ?

Ce qui causait de la perplexité aux gens, c'était que Diegane fuyait visuellement le sujet de la chère madame Faye.

Il libéra l'ensemblé avant d'aller se réfugier dans son bureau. Il n'était plus lui même depuis que Monsieur Malone lui a annoncé que la coordinatrice s'agissait bien de Soumaya Lena Diop. Si il s'était limité à cette information Diegane serait peut être zen. Il lui avait certifié que Soumaya partait en lune de miel avec son époux, outre plus ils étaient éperdument amoureux l'un de l'autre. Si il savait les dégâts qu'avait causé son indiscrétion !

Diegane Senghore alliait l'esprit du travail et celui de la mélancolie. Il écrivait en pensant à sa douce, il en avait oublié sa femme et son fils adoptif. Son coeur saignait à chaque fois qu'il repensait à ce que lui avait dit Malone; sa belle et tendre Soumaya, son seul et unique amour se la filer douce avec Ahmadou. Il s'en voulait à lui-même, d'avoir fuit à la place de s'imposer.

Le passage de coridor à l'école d'Abdel, un vrai champ de batail dont les adversaires n'étaient personnes d'autres que le couple Senghore. Diegane manqua de buter l'arbre qui servait de décor à l'établissement. Il récupéra le petit Abdel et celui-ci ne manqua pas de lui reprocher son mutisme. Il n'avait pas l'habitude de voir son père grincheux et indifférent à sa présence. Abdel connaissait Diegane taquin et câlin.

Ces pénibles événements altérait irréversiblement leur relation.

Sous l'ordre de Souleymane Senghore, le couple résidait dans la maison familiale. Le vieux tenait à ce que ce mariage dure éternellement, alors il ordonna à son fils de déménager chez lui sous prétexte qu'un jeune couple à besoin de la présence de grandes personnes pour ne pas sombrer. Le fils fut obéissant, il occupait l'appartement d'en haut avec sa petite famille. Rares sont les moments où quelqu'un venait les déranger. Coté intimité, il ne se plaignait pas.

Après un tour dans la salle de musique, il passa embêter Abdel, puis se déambula jusqu'à sa chambre.

_ Que diable fais-tu encore Karine Diaw ?

_ Tu ne vois pas ? Je te quitte pour de bon.

Elle était sur le point d'exécuter ses menaces que Diegane prenait jadis à la légère. Ils prenaient tout le temps la tête pour un rien. Ils était le couple le plus flop de leur génération. La banalisation des pulsions de l'une altérait leur couple.

_ Et Abdel ? Tu vas le dire quoi ?

_ C'est mon fils, il fera ce que je veux. Tu n'es rien pour lui, il apprendra à vivre sans toi, tout comme sa maman.

Il avait tant argumenté, réuni tant d'excuses mais la femme était toujours plus tenace dans ses propos. Elle se tenait sur le bord du lit sur lequel reposaient ses valises qu'elle refermait sachant que le tout était rangé. Diegane la devança tel un fusil pour verrouiller la porte et glisser les clés dans la poche de son bas de jogging.

SoumayaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant