Chapitre 2

128 14 8
                                    

Assise à ma place habituelle, je ferme les yeux, je m'endors à moitié. Je m'ennuie. Les maths sont vraiment une matière horrible. Tu vois les autres élèves à côté de toi réussir leurs exercices pendant que toi, tu coince sur la première question, celle qui est d'ailleurs censée être la plus simple de l'exercice. Le pire, c'est quand par hasard tu leur demande de l'aide, en sous entendant dans le mot "aider", "laisser recopier" et qu'ils se mettent en tête de t'expliquer, alors que quoi qu'on te dise tu ne peux pas comprendre.
Je finis par pencher de côté, à la limite de tomber sur mon pauvre voisin de cours qui lui, fait honnêtement son travail, quand une âme charitable me réveille en me tirant le bras. Je sursaute, regarde autour de moi puis en direction d'Émily, qui me fait un sourire complice en se retenant de se moquer. Je me remet assise correctement en levant les yeux au ciel pour essayer de rattraper un peu de ma dignité qui vient de s'envoler. Non seulement je m'endors en maths, mais en plus ma meilleure amie excelle dans cette matière. Elle ne pouvait pas plutôt aimer le français ou l'art plastique non, il fallait qu'elle aime ça alors qu'elle fait un bac L.

En sortant de la salle - qui s'apparente plus à une prison pour moi - Tessa nous rattrape, un peu sombre comme à son habitude.
Elle avait commencé à nous suivre en seconde, et continuait encore alors que nous étions en première L. Elle ne nous parlais jamais beaucoup, mais on avait finit par s'attacher à elle, au membre un peu fantôme de notre groupe d'amies. Personne ne savais pourquoi elle était si silencieuse et elle ne nous l'avait jamais dit.
Émily lui tapote l'épaule.

- Tu viens dormir chez moi samedi ? Sasha sera la aussi, il n'y aura personne d'autre, promis.

La brune réfléchis un peu avant de se décider.

- D'accord.

- Super ! Je préviens mes parents ce soir. C'est toujours bon pour toi ? Dit elle en se tournant vers moi.

- Oui, mes parents sont d'accord. Mais il faudra que je sois rentrée pour douze heures dimanche.

- Pas de problème, ma mère te ramènera chez toi.

Je remarque soudain que le regard bleu d'Émily n'est plus concentré sur nous, et je me retourne, en sachant pertinemment qui est ce qu'elle regarde. Je repère la cause de sa soudaine déconcentration, et fais un sourire carnassier en me retournant vers mon amie.

- Aller, vas y. Dis-je en plaisantant.

- Non ! Dit elle en rougissant, essayant de paraître neutre. Combien de fois je dois vous dire que c'est juste un ami.

- Un ami que tu espionne à la sortie des cours ? Dis je en la regardant innocemment.

- Oui.. Quoi ? Non !

Je ris en voyant son visage rougir avant de regarder ma montre, il est déjà assez tard, je devrai rentrer chez moi avant que mes parents ne s'inquiètent inutilement.

- Je dois vous laisser, mes parents vont encore s'inquiéter sinon. A demain !

- À demain ! Me répondent elles en me regardant partir.

Au fur et à que je m'éloigne d'elles, mon sourire disparaît. Je baisse les yeux et enfonce ma tête dans mon écharpe. Je marche dans la rue lentement, observant les passants autour de moi. Certains sont grands, d'autres petits, certains ont des lunettes, d'autres non. Il y en a qui sont pressés, d'autres ont l'air tristes ou heureux. Est-ce que ces personnes ont déjà fait quelque chose de spécial dans leurs vie ? J'essaie de lutter pour empêcher la question que je me pose depuis des mois resurgir. Mais comme d'habitude, je finis par m'interroger.
Est-ce que je vivrai un jour quelque chose de spécial ?
Et voilà. Mon esprit beaucoup trop imaginatif vient encore de me rappeler la vie horriblement ennuyeuse que partagent la plus grande partie de la population terrestre. Dans tous les livres que je lis, les héros ont des vies palpitantes, vivent des aventures fantastiques, réalisent des prouesses épiques et vivent au jour le jour sans savoir ce qui les attend le lendemain. C'est d'une vie comme celle la que je rêve depuis toute petite. Malheureusement, la vie réelle est bien différente. Les événements qui se passent sont souvent tristes, mais ne rendent pas la vie plus palpitante pour autant. Comme le jour où mon médecin nous annoncé bien gentiment ma leucémie, que je portais depuis déjà quatre ans, dont on ne connaissait pas l'existence trois mois auparavant. Là, ma vie n'est pas devenue plus rythmée, elle a gardé tout son ennui, et est juste devenue plus mélancolique, plus triste.
Plus courte aussi.

Parallel WorldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant