Image d'Olivia.
Ma conversation de la veille avec Jamie m'avait fait le plus grand bien. Évidemment, ma vie restait un parfait chaos de secrets que je venais tout juste d'apprendre, mais je pouvais maintenant au moins compter sur le support de ma troupe. Dès mon retour dans le dortoir, les jumeaux s'étaient empressés de me serrer dans leurs bras, alors que Jared me sortait un pot de crème glacée et une cuillère.
-J'ai vu quelque part que c'était un remède de fille contre à peu près tout, me dit-il en me tendant le contenant froid.
J'éclatais de rire, autant amusée par son «remède de fille» que toucher par le geste.
-Ethan, je te mets en charge du groupe. Je vais dire un mot à M. Jackson, dit soudainement Jamie au-dessus du bruit.
Il me lança un bref regard avant de quitter et je sus instinctivement ce qu'il allait faire: demander à ce que je voie ma mère. L'idée de la revoir après si longtemps était excitante, mais je savais que ce ne serait pas une brève réunion mère-fille. Je devais savoir toute l'histoire, tout ce qu'elle m'avait caché.
-Pas besoin de faire cette tête, il sera bientôt de retour, me dit soudainement Ethan en m'envoyant un clin d'oeil suivit d'un large sourire.
Les garçons éclatèrent d'un petit rire et mes joues s'empourprèrent quand je compris ce qu'il insinuait.
-On a juste discuté!, protestais-je devant leurs moqueries.
-Personne n'a jamais dit le contraire, Kayla, répliqua Matt d'un sourire connaisseur.
J'allais à nouveau tenter de me défendre lorsque le principal intéressé se manifesta dans le cadre de la porte.
-Kayla, ta mère devrait arriver sous peu, M. Jackson va tenir la rencontre dans son bureau.
Déjà?! Il me semble que tout se passait si vite. Je ravalais rapidement la boule de stress qui grandissait en moi et me levait, remerciant mes coéquipiers au passage.
Je ne mis pas de temps à atteindre le bureau du directeur, c'était un chemin que je connaissais maintenant par coeur. Après quelques coups, la porte s'ouvrit pour laisser place à M. Jackson. Il ne dit pas un mot, se contentant de reprendre sa place à son bureau. Je m'assis sur le petit divan, ne sachant trop comment entreprendre la conversation. L'homme sembla sur le point de dire quelque chose lorsque la porte s'ouvrit brusquement pour faire place à ma mère.
-Oh Kayla, tu m'as tellement manquée!, s'exclama-t-elle en me prenant fermement dans ses bras.
J'enlaçais mes bras autour de son corps, mais j'étais incapable de dire un mot. Cette femme n'avait pas changé et pourtant j'avais l'impression d'être quelqu'un d'autre complètement. Je n'avais ni la même vie qu'avant et apparemment pas le même passé non plus et pourtant ma mère se tenait là comme si nous étions toujours dans les bois.
Après m'avoir regardée un instant, son sourire s'assombrit et son regard tomba sur celui de M. Jackson.
-Qu'est-ce qu'elle sait?, demanda-t-elle au directeur.
-Un camarade lui a raconté l'histoire et elle sait le lien avec nous. Pour l'instant, c'est tout, répondit-il d'un ton neutre.
-Et ça ne va pas en rester là. Tu m'as menti toute ma vie sur qui je suis et sur qui tu es, ça se termine aujourd'hui. Je ne veux plus de secrets, dis-je fermement en regardant la femme durement.
Elle me regarda un long moment avant de finalement soupirer et de me faire signe de m'asseoir. Je m'exécutais, soudainement nerveuse de comprendre qu'il y avait probablement plus à savoir.
-Par quoi tu veux commencer?, me demanda-t-elle.
Excellente question... Sur la base que toute ma vie est un mensonge j'imagine qu'il est possible de commencer à plusieurs endroits, n'est-ce pas? Pourtant, je savais déjà ce qui m'avait choquée le plus.
-Es-tu vraiment une Oru?, demandais-je d'une voix que je ne voulais pas tremblante.
-Oui, j'en suis une. En fait, j'en étais une. Lors du combat où ton père est mort, j'ai tenté de le protéger. Les miens m'ont vue et m'ont exilée pour trahison. Évidemment, je ne pouvais pas être acceptée par les Nakras, c'est pour ça qu'on a toujours vécu dans la forêt, me répondit-elle doucement.
-Mais... les hommes qui nous ont attaqués?
-Ils étaient effectivement des Orus. Tu dois comprendre que la situation est la même pour eux qu'ici. C'est un combat qui fait rage depuis des siècles, la lumière contre l'obscurité. Pour la première fois depuis le début de cette guerre, ils pouvaient avoir l'avantage qui les ferait gagner. Tu aurais pu détruire cette chance complètement, répondit ma mère.
-Alors tu peux faire cette fumée?, demandais-je.
-Non, je ne peux pas. C'est comme pour le feu des Nakras, le pouvoir n'est donné qu'aux guerriers. On m'a retiré le don lorsque j'ai été exilée, répondit-elle avec un sourire.
-Pourquoi l'as-tu cachée de moi?, demanda soudainement M. Jackson.
Son visage paraissait vieilli de dix ans et ses yeux arboraient une douleur que je ne lui connaissais pas.
-J'avais peur. J'avais peur de me faire emprisonner pour avoir mis un pied sur le territoire si tôt après ce qui s'était passé, j'avais peur que vous décidiez de m'enlever ma fille, j'avais peur qu'elle devienne un soldat avant d'avoir eu la chance d'être une enfant et j'avais peur qu'elle puisse être utilisée d'une mauvaise façon. Je savais qu'un jour elle devrait venir ici, mais je voulais attendre le plus possible. Je ne savais même pas que j'étais enceinte lorsqu'il est mort. Outre le fait qu'elle possède le feu, je ne pensais pas que vous seriez intéressé d'avoir une petite-fille qui vient de moi, avoua ma mère d'un ton qui laissait transparaître le fardeau qu'elle avait porté jusqu'à maintenant.
-Je ne pensais pas non plus, mais elle est tout ce qu'il me reste de Francis..., dit M. Jackson, ses yeux se remplissant tranquillement de larmes qu'il ne laissa pas couler.
J'étais sous le choc de le voir dans cet état. Bien sûr, j'avais compris qu'il détestait ma mère à ce point, car il la croyait coupable de la mort de son fils, mais je n'avais pas réalisé la peine profonde que cachait cette colère.
-Je suis désolée, j'essayais de faire ce que je croyais le mieux pour elle..., dit ma mère après un instant de silence.
J'avais une dernière question qui devait être posée et c'était celle que je redoutais le plus.
-Est-ce que je suis...?, demandais-je sans vraiment être capable de terminé ma phrase.
-Oui. Tu es moitié-Nakras, moitié-Oru, répondit M. Jackson.
Je le savais déjà, c'était logique, mais je devais m'en assurer à nouveau avant de poser la prochaine question.
-Pourquoi est-ce que je peux faire du feu si je suis en partie Oru?
-Pouvoir faire du feu n'est pas un don qui te vient uniquement de ton côté Nakras. Tu possède le feu et tu peux le manipuler à ta guise, c'est ton héritage Nakras, c'est vrai. D'un autre côté, tu l'as complètement retiré de la surface de la terre. C'est une façon de propager l'obscurité et c'est donc ton héritage Oru, répondit finalement ma mère.
Nouveau chapitre qui je l'espère sera plein de rebondissements! Merci encore pour votre beau support et j'espère que vous passez tous un super été :)
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Cœur de flammes
FantasyMes yeux devinrent d'un rouge brillant, le bas de mes cheveux n'étant plus que flammes, alors que le dôme explosait autour de moi en un ras de marée de feu, balayant les trois hommes qui y étaient collés. Je posais mes mains sur la terre brute, pren...