Chapitre 3

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Village de Talsy, royaume des elfes.

Je demande à Sarah de m'attendre à l'entrée du village avec Astrid et pars à la recherche de Makoai. Elle doit se faire discrète pour l'instant.

Au bout d'une ou deux minutes, je l'aperçois, les yeux perdus à travers les légères vagues formées par le vent sur le lac. Je m'approche de lui.

- Bonjour, Makoai.

Il se retourne pour me faire face. Un grand sourire se dessine sur son visage puis il ouvre grand les bras.

- Aaron ! Quel joie de te revoir ! Comment vas-tu depuis tout ce temps ?

- Je vais bien, heureux de te revoir !

Makoai était un ami proche de ma mère. Il passait souvent s'occuper de moi lorsque j'étais plus jeune.

- Alors, que me vaut l'honneur de cette visite ?

Je regarde autour de moi puis l'emmène un peu à l'écart des regards indiscrets et lui murmure :

- J'ai besoin que tu m'aides.

Mon ton se fait plus grave, plus sérieux.

- Bien sûr Aaron, de quoi as-tu besoin ?

Je ne sais pas comment le lui dire.

- C'est assez compliqué... J'ai besoin que tu m'aides à établir un chemin vers... l'autre monde...

Mes derniers mots lui provoquent un mouvement de recul. Il me dévisage et reste interdit quelques longues secondes.

- Comment, Aaron ? Qu'est-ce qu'il te prend ? Tu es devenu fou ?

Il reste calme, pensant sûrement que je plaisante. Mais je comprends sa réaction, j'ai moi-même du mal à croire ce que je lui demande de faire.

- Écoute, je ne sais pas comment ni pourquoi mais j'ai rencontré une... humaine sur les terres d'Arcadia.

Il ouvre grand la bouche, il semble vouloir articuler un mot mais rien. Je continue donc.

- Elle n'est pas dangereuse, ne me demande pas comment je le sais, je le sais c'est tout. Elle souhaite seulement rentrer chez elle.

- Aaron, même si j'acceptais de t'aider, de l'aider, je n'ai pas la moindre idée de comment faire, rentre chez toi et livre la à ta reine. Tu ignore ce qu'elle vient faire ici !

- Makoai, je t'en pris attends ! Ils la tueront ! Comme ils ont voulu tuer ma mère ! Juste pour sa différence... Je sais qu'au fond de toi, tu ne laisserais pas une innocente perdre la vie à cause de préjugés. Tu as recueillis ma mère ici, tu es capable de le faire une seconde fois...

Il me fixe, songeur, son visage mélancolique. J'ai moi même les yeux embués par l'évocation de ma mère. Je passe en vitesse une main sur mes yeux et attends une réaction de sa part. Il lâche un long soupir puis prend la parole :

- Tu lui ressemble tellement. Toujours à vouloir défendre les plus faibles. Aaron, je ne suis pas en mesure de t'aider mais... mon fils le peut peut-être. Il est fasciné par les légendes humaines. De plus, il serait vraiment heureux de te revoir.

Mon corps se détend, je suis soulagé puis je lui souris.

- Merci, Makoai, merci du fond du coeur !

Je le remercie encore et pars retrouver Sarah. Je la vois là où je l'ai laissée. Je m'avance et remarque, à ma plus grande surprise, qu'elle se trouve accroupie en face d'un jeune renard. Tous les animaux de mon monde sont très dociles sauf les renards. Lorsque ce dernier remarque ma présence, il disparaît à travers les buissons et Sarah se retourne vers moi.

- Il était vraiment magnifique ! s'exclame-t-elle.

Je me contente de lui sourire et lui fait signe de me suivre. Astrid, quant à elle, est profondément endormie au pieds d'un arbre, une vraie marmotte.

Nous avançons jusqu'à la maison d'Ateyo. Il me semble que Sarah soit fascinée par les elfes, elle n'arrête pas de les dévisager de haut en bas. Quant à elle, personne ne l'a remarque, je l'ai recouverte de ma longue cape à capuche.

Arrivés devant la porte du fameux Ateyo, je tape trois fois. Quelques secondes s'écoulent puis la porte finit par s'ouvrir et mon vieil ami me fait face.

- Aaron ! s'écrit-il

Je l'enlace et lui donne une tape viril dans le dos.

- Ateyo ! Cela faisait trop longtemps !

Lorsque son père venait s'occuper de moi auparavant, il était toujours accompagné de son fils. Nous étions de très bons amis. La dernière fois que je l'ai vu est aussi la dernière fois que je suis venu ici, avant la mort de ma mère, il y a deux ans.

- Oh et je vois que tu n'es pas seul, entrez, entrez !

Il se décale pour nous laisser passer. J'examine les lieux, rien n'a changé. Tout est toujours aussi rangé, impeccable. Quel maniaque !

- Alors qui donc se cache sous cette cape ?

- Hum, Ateyo... Asseyons-nous, tu veux ?

Nous nous installons sur ce qu'il lui sert de sofa puis Sarah retire sa capuche et lui souris timidement. Ateyo la regarde, il se doute qu'elle ne fait pas partie de mon espèce puisqu'elle ne possède pas la marque d'Adiss. Ce dernier me lance un regard interrogateur puis je prend la parole :

- Nous avons besoin que tu nous dise tout ce que tu sais sur l'autre monde.

Il est surprit par ma demande puis ses yeux se mettent à scintiller et son regard se porte de nouveau sur Sarah.

- T-Tu viens de l'autre monde ?! C'est ça ?

- Oui... Et j'aimerai rentrer chez moi, lui répond-t-elle.

- Je n'en reviens pas !!

Je n'ai jamais vu Ateyo aussi heureux, il a prit la main de Sarah et ne cesse de lui poser des questions. Mais au bout de quelques minutes, il reprend ses esprits et se fait plus sérieux.

- Bien, restez là, je reviens.

Il se lève et quitte la pièce. Quelques secondes plus tard, le revoilà les bras chargés de vieux bouquins.

- Voilà toutes les légendes que j'ai réussis à trouver un peu partout dans le monde. Dans notre monde.

- Tu pourrais peut-être nous faire un résumé...? lance Sarah en fixant les livres.

- Oui bien-sûr ! Les légendes racontent qu'il y a fort longtemps, Motiz, le dieu des dieux, créa l'être humain. Mais ces derniers détruisaient les forêts, abattaient tout ce qui bougeaient et s'entretuaient. Alors sa fille, Adiss, déesse de la nature et des animaux, le supplia de remplacer les être humains par une espèce plus pure, respectant la nature. Mais celui-ci refusa, il était trop attaché à sa création. Adiss persévérait et son père finit par lui céder la possibilité de créer ses propres espèces dans une autre dimension, dans un autre monde, le notre. Mais il y avait une condition, une seule, pouvoir établir un chemin entre les deux mondes. Ainsi fut créé le talisman d'Adiss, un pendentif composé de la pierre de Motiz, un joyaux rouge.

- Ça veut dire qu'il existe un moyen pour que je rentre chez moi ? se réjouit Sarah.

- Je... euh...

Je passe ma main dernière ma nuque, ils me regardent, perplexes.

- La nuit où j'ai trouvé Sarah, je crois aussi avoir trouvé ce fameux talisman... Mais lorsque je l'ai prit, il s'est mit à briller puis le joyaux s'est... brisé.

Je lève un œil vers Sarah, son sourire a disparu. Je ressens un pincement au coeur, je m'en veux, tout ça est de ma faute.

- Il y a peut-être une autre solution... répliqua Ateyo.

À suivre...

À travers deux mondes Où les histoires vivent. Découvrez maintenant