Chapitre 1 : Le commencement

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J'ai toujours pensé qu'il était complètement idiot de dire qu'une " nouvelle vie " prend ses débuts dès lors qu'on déménage, ou tout simplement que l'on quitte son chez-soi habituel pour toujours, et qu'on sait qu'on y reviendra jamais.

Et je trouverai toujours ça idiot.

Moi, je n'ai jamais eu de chez-moi, je ne me suis jamais sentie bien nulle-part. Et j'espère vraiment trouver un endroit où je pourrais me plaire. Mais je sais malgré-moi que ce ne serra jamais le cas... Comment pourrais-je me sentir bien après tout ça...? Pourtant j'ai trouvé une nouvelle source d'espoir. Je vais tout recommencer à zéro, m'installer là où personne ne me connaît, et vivre.

J'ai finalement trouvé l'espoir de commencer à vivre.

***

Je levai soudainement la tête en entendant la sonnette d'entrée résonner dans la maison. Je descendis de mon lit et détournai les yeux de la fenêtre, que je fixais depuis un moment, les yeux dans le vague. J'allai ouvrir la porte aux déménageurs, en leur lançant un sourire poli. Ils embarquèrent mes cartons rapidement, et partirent. Je regardai une dernière fois mon ancienne maison, avant de fermer la porte à clés, et de monter moi-aussi dans ma voiture. Je soupirai avant de démarrer, la pancarte " vendu " accrochant encore mon regard quelques secondes. 

***

-Merci. J'attrapai le bubble tea que me tendait la dame derrière le comptoir, qui hocha la tête distraitement, et alla prendre la commande d'autres clients. Puis je sortis du café, et traversai tranquillement la route sur le passage piéton. Il était 10h et je commençais les cours dans quarante minutes, j'avais parfaitement le temps de m'acheter à boire.

J'entendis alors de la musique se rapprocher. Je tournai la tête, sur la gauche, les sourcils froncés. Je reconnus la musique, qui tournait en boucle depuis des semaines sur toutes les radios : " Tuesday ".

Je remarquai aussi la voiture d'où venait la musique, à une cinquantaine de mètres du passage piéton, et qui se rapprochait rapidement. Ce serait le moment de ralentir, pensai-je.

Je continuai à marcher, arrivant au milieu du passage. Quand je tournai la tête à nouveau, je vis le conducteur qui regardait derrière lui, à quelques mètres de moi. Il va pas me foncer dessus ce crétin quand même... Sans savoir pourquoi, je me stoppai en plein milieu des bandes jaunes, regardant la voiture semblant s'approcher comme au ralentit, baissant les yeux à la dernière seconde, pétrifiée.

J'entendis la voiture freiner, et piler net. Je relevai prudemment la tête, remarquant que l'avant de la voiture se situait à un mètre de moi.

-Mais t'es complètement malade ! criai-je en me tournant vers les conducteur. J'hésitai à lui lancer ma boisson, mais j'avais beaucoup trop soif. Surtout qu'ici, en Californie, les boissons coutaient trois fois moins cher qu'à New-York ; et j'allais en profiter.

Levant finalement les yeux, je me stoppais quelques secondes, fixant le garçon qui avait pilé sur les freins quelques secondes plus tôt. C'était moi, mon portrait craché ! Il avait les même yeux ( et pourtant ce n'était pas une couleur commune ), la même couleur de cheveux, les même traits de visage, en plus carrés, une coupe en brosse, et le même nez retroussé. Et ses amis ( je supposais, vu qu'ils étaient avec lui dans la voiture ), me fixaient aussi. Deux filles et deux garçons, en plus de mon jumeau de visage. Il semblaient eux aussi avoir remarqué la ressemblance. La fille à la place passager leva ses lunettes de soleil sur son front et me lança un regard mauvais. 

Je finis par m'écarter doucement de la voiture, jetant moi aussi un regard mauvais à la fille qui continuait de me dévisager. Et sans rien dire, le conducteur démarra et partit en trombes. Je fixai la voiture encore quelques secondes, avant qu'elle ne disparaisse au tournant d'une rue.

Quels crétins ces Californiens... Je posai ma boisson dans le porte-gobelets, et partis en direction de mon nouveau lycée.

***

Je me parquai à une place libre, et sortis de ma Berline en jetant un regard curieux autour de moi. Ce lycée ne semblait pas bien différent de tous les autres lycées Américains. Il était juste beaucoup plus grand. Il était composé de briques rouges, dans un vieux style des années 1800, peut-être. Il était entouré de pelouses et d'arbres, et un parterre de fleurs rouges les séparaient du parking.

Je verrouillai mes portières, et remarquai deux Lamborghinis, ainsi que plusieurs autres voitures que je ne pourrais que rêver d'avoir. J'espérai juste ne pas tomber sur un lycée avec des groupes de sportifs snobs comme dans tous les grands films américains, accompagnés de leurs petites-amies cheer-leaders débilement méchantes. Dans mon ancien lycée, les sportifs et cheer-leaders s'entendaient avec tout le monde, et pas seulement avec des gens de la même classe sociale. Aucunes histoires de bizutage, ni de menaces.

Je rabattis la capuche de ma veste sur mes cheveux, et avançai en direction de la porte principale, les mains dans les poches. Première journée en tant que nouvelle, et je sentais déjà que ce serait pas la meilleure de toutes... Je montai la première marche des escaliers, quand j'entendis quelqu'un à côté de moi m'interpeller, et me saisir le bras.

Tient, la voisine. Elle me regardait avec un grand sourire. Elle était plutôt petite, avec un visage allongé, un nez droit, les yeux marrons et les cheveux rouges, ainsi que la peau étonnamment pâle. Ses sourcils m'apprirent que sa vraie couleur de cheveux devait être dans les auburn.

-Salut! Je m'appelle Alisson, je suis ta voisine! J'ai sonné chez toi ce matin, mais tu devais être déjà partie! Je lui lançai un petit sourire en retour, et acquiesçai. En fait je l'avais vue par la fenêtre de la salle de bain, pendant que je me brossais les dents, mais je n'avais eu aucune envie d'aller ouvrir la porte encore en pyjama et avec ma tête de zombie. Quand j'étais enfin sortie, le temps que je m'habille et descende, elle n'était plus là.

-Sûrement, oui. Je m'appelle Dylan, dis-je en la regardant du coin de l'oeil, alors qu'on montait les marches.

Je remarquai qu'elle coordonnait ses pas sur les miens, et je m'amusais à changer de rythme toutes les secondes pour la désorienter. Marche normalement petite...

-Oh c'est joli Dylan ! J'aime beaucoup, surtout sur une fille ! Elle me lança un grand sourire innocent. Elle a une tête de dealeuse... j'aime bien.

-Merci, fis-je. Elle semblait vouloir me suivre. Ce qui était tant mieux en même temps ; au moins je ne serais pas seule pour mon premier jour. Peut-être que cette année n'allait pas être aussi nulle que je le pensais? J'avais déjà quelqu'un qui semblait vouloir rester avec moi, il ne me restait plus qu'à m'intégrer.

***

UnexpectedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant