As red as his cheeks

359 36 63
                                    




Il faisait froid. C'était l'hiver, et le ciel était lumineux mais fade, le gris éblouissant les yeux fatigués de ceux qui osaient lever le regard du goudron. Le silence régnait presque maître, enveloppant les moins bavards dans une bulle indestructible pendant que d'autres ne se laissaient pas abattre par le vent glacial qui soufflait parfois de plein fouet sur leurs visages, les déformant dans des grimaces et humidifiant leurs yeux, mais n'empêchant pas leur lèvres de s'ouvrir indéfiniment pour raconter comment l'un avait dû escalader son portail pour pouvoir sortir de chez lui tellement le gel avait soudé ses portes, ou comment l'une avait commencé une nouvelle série la veille au soir et s'était couchée à pas d'heure tellement elle avait été prise dans l'intrigue terriblement accrocheuse de l'histoire.

L'air glacial remplissait les poumons de Jinyoung de la meilleure des façons, et ses yeux embués étaient levés vers le ciel dans une prière silencieuse faite en toute sympathie aux nuages fondus et imprimés dans le gris clair comme s'ils en faisaient parti de façon définitive. Il attendait la neige avec impatience, autant pour le fait qu'elle lui permettait de rester chez lui, que pour les fous rires qu'elle apportait en se posant délicatement sur l'herbe terne, le ciment des routes, ou le toit des chaumières dans une épaisse couche qui permettait de faire des bonshommes de neige, et des batailles, et des anges, et de la luge, et d'autres activités qui finissaient par le tremper jusqu'aux os, mais qui le remplissait d'un sentiment de contentement ultime.

Jinyoung n'était pas un enfant qui jouait plus qu'il ne travaillait. Il n'était pas non plus un adulte qui travaillait plus qu'il ne jouait. Il faisait parti de cette catégorie de la population qu'on désignait sous le nom d'adolescents, ou ceux qui n'étaient plus des enfants mais pas encore tout à fait des adultes. Certains êtres dans cette catégorie se prenaient pour des adultes quand d'autres choisissait de rester un peu plus longtemps dans la cours des petits, et aucun n'avait tort. Jinyoung, cependant, était de ceux qui n'avaient pas choisis. Le temps qu'il choisisse, cette période aurait été terminée, donc il avait finit par décider de faire ce qu'il souhaitait sans vraiment échapper aux responsabilités qu'on commençait à lui donner mais continuant de jouer à la PlayStation tous les soirs avant le dîner et de manger des gâteaux au goûter.

Tous les adolescents derrière, devant, et à côté de Jinyoung allaient au même endroit.

Il était neuf heures dix-sept, la sonnerie retentissait à neuf heures trente-cinq, et Jinyoung sentait ses doigts de pied se recroqueviller toujours un peu plus à chaque pas sur la route usée du lycée. Il avait encore le temps, vraiment, surtout qu'il n'aurait certainement pas été le retardataire, laissant cette place à Jaebum qui arrivait toujours avec cinq minutes de retard, malgré qu'il habite littéralement à deux rues de l'école.

Jinyoung préférait l'hiver à l'été, parce que même s'il avait froid, il pouvait alors encore plus apprécier la différence de température lorsqu'il entrait dans un bâtiment, ou lorsqu'il sirotait un chocolat chaud ou un café, ou même lorsqu'il prenait une bonne douche brûlante avant de s'enrouler dans ses couvertures qui ne faillaient jamais de le réchauffer comme il le fallait. Le seul moment vraiment désagréable qu'il connaissait en hiver, c'était le réveil. Sortir de la couette après une bonne nuit dans un cocon plus que familial pour être accueillit par un froid léger mais présent dans l'air était effectivement un bémol à prendre en compte.

En été néanmoins, il avait beau avoir chaud, il ne pouvait pas faire grand-chose pour y changer quelque chose, alors qu'en hiver il suffisait d'un bon pull et de couvertures pour que le froid ne soit plus qu'un mauvais souvenir.

Lorsqu'il releva le regard vers le ciel une dernière fois avant d'entrer dans le grand bâtiment d'un blanc livide pour regarder les nuages une dernière fois, il vit passer devant ses yeux un avion de papier volant à toute allure dans le sens du vent avant qu'il ne disparaisse dans les arbres dénudés, rejoignant les autres avions déjà échoués entre les branches depuis quelques mois.

Airplanes like feathersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant