Trorh

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Les recherches avaient pris fin. Aucun corps n'avait été retrouvé. Une semaine après les investigations infructueuses, les cloches avaient sonné.
Le roi avait donc été déclaré mort.
Une cérémonie devait avoir lieu dans la matinée.
Les mestres ajustaient leurs robes, les ser leurs armures, les nobles leurs habits.
Le peuple n'avait pas le cœur à rire.
Le roi était bien vu par les petites-gens, auquel il accordait des festins et leur donnait de quoi manger.
Mais du côté des nobles et des soldats, le seigneur n'avait fait qu'entrainer le royaume dans la guerre, autant par ses décisions, mais aussi par ses serments qu'il avait rompu. La moitié du royaume était joyeuse, mais l'autre moitié était quant à elle dépitée.
La cérémonie allait commencer dans quelques minutes. Le chef de la garde royale était debout, contemplant le trône, sur lequel allait s'asseoir un nouveau gouverneur dans quelques minutes. Selon les traditions, le couronnement du nouveau seigneur de kingdomsea se ferait en même temps que l'enterrement de l'ancien roi.
Soudain, les grandes portes de la salle du trône s'ouvrirent, faisant sursauter ser Mirtri, qui recula précipitamment.
Les soldats affluaient, se mettant en position, tandis que les nobles et les petites-gens entraient. Quelques chevaliers en tenue de paysan, épée camouflée, vinrent se tenir dans la foule, histoire de prendre par surprise d'éventuels agresseurs.
Le grand mestre s'avança, en transportant une petite boite de la taille d'une tête recouverte d'un linceul vert émeraude. Comme on n'avait pas retrouvé le corps, il n'y avait qu'une boite vide.
Le mestre déclara soudain, de sa vieille voix :
- Monsieur, Madame, Mon damoiseau, Mademoiselle, nous sommes réunis ici pour célébrer la mort du seigneur Vigou. Ce roi était extraordinaire, bon et juste, et c'est avec regret que je vous annonce qu'il a disparu subitement. Un assassin l'a surement enlevé, et je vous jure sur les dieux que le châtiment sera terrible pour le coupable.
Je vous propose une minute de prière en honneur de notre seigneur. Les parents du roi, en accord avec nos traditions, porteront la boite jusque devant le trône. Odile Draconor, Héribert Draconor, à vous.
Le mestre se retira en laissant place aux parents. Ils marchèrent en silence, grimpèrent les marches et déposèrent la boite devant le trône, puis attendirent. Le grand mestre revint, et annonça au peuple :
-Monsieur, Madame, Mon damoiseau, Mademoiselle, nous sommes réunis ici pour le couronnement du nouveau seigneur, Trorh Draconor, fils du seigneur Vigou Draconor ! Trorh Draconor, avancez-vous.
Un jeune homme d'environ 18 ans, vêtu d'une chemise magnifiquement ornée, s'avança, sortant de la foule des nobles.
Il regarda son peuple, et eut un petit sourire satisfait. Le grand mestre déclara alors :
- Trorh Draconor, devant les dieux, devant les morts, je vous couronne roi de la mer, seigneur de kingdomsea, fils de Vigou Draconor, et protecteur du royaume, fouleur de la terre, et fondateur de la mer ! Je vous nomme roi !
Le mestre prit une couronne posée sur une petite table en pierre. Il la déposa doucement sur la tête du jeune seigneur, puis clama :
- Mesdames et monsieur, voici votre roi ! Longue vie au roi !
Le peuple répéta :
- Longue vie au roi !
Puis Trorh s'assit sur le trône, finement ouvragé, fait de roche, ayant la forme d'un bateau. Puis, il déclara :
- je suis votre roi, et vous mon peuple ! Vous devez me respectez, tout comme moi je dois vous respectez ! Longue vie au roi ! Longue vie à moi !
On entendit un tonnerre d'applaudissements, mais le grand mestre chuchota quelque chose à l'oreille du jeune noble. Le seigneur leva une main pour réclamer le silence. Puis, le mestre annonça :
- C'est l'heure de l'armement ! Le seigneur Trorh Draconor va recevoir ses armes royales ! Que l'on m'apporte les armes ! Deux gardes royaux apportèrent un support en pierre, qu'ils déposèrent devant le seigneur en s'inclinant respectueusement. Le mestre prit la parole :
- Trorh Draconor, je vous offre cette épée et ce bouclier ! Puissent-ils vous servir humblement.
Le roi se leva, empoigna les armes encastrées dans la roche, et les souleva. Il les tendit devant le peuple puis leva son épée. Tous les soldats l'imitèrent, y compris ceux qui étaient camouflés. Puis, Trorh se rassit en déclarant d'une voix calme :
- Peuple, vous pouvez disposer.
Un brouhaha s'éleva et les petites-gens comme les nobles se retirèrent de la grande salle du trône. Seuls les gardes royaux restaient à quelques mètres de Trorh, leur roi. Ser Mirtri, était celui qui était le plus près du roi, étant le commandant des gardes royaux, il avait ce privilège-là. Soudain, Trorh se pencha sur son trône, sa tête se calant sur la proue du bateau de pierre. Il murmura à ser Mirtri :
« - Etre roi, ce n'est pas chose facile, hein ?
- Non effectivement, mais vous ferez un excellent roi.
-Parfait. »
Trorh dit ensuite :
- Je souhaite monter dans ma chambre. Mestre Clin, conduisez-moi dans mes appartements.
- Bien, majesté, si vous voulez bien me suivre...
Le mestre conduisit son seigneur devant sa chambre, et avant d'ouvrir la porte, murmura :
-Sire, si je peux vous conseiller en tant que mestre, normalement, les rois et les seigneurs ont des conseillers : un grand conseiller, un trésorier, un chef de guerre, un mestre... Ce serait pour moi un honneur de vous servir, majesté.
-Bien, je vois ce que tu veux dire. Tu seras mon mestre et je nommerai des personnes en qui j'accorde ma confiance pour les différents postes que vous m'avez proposés. Puis, je réunirai ces membres quand cela sera nécessaire. Avez-vous autre chose à me dire ?
- A vrai dire, oui. Si je peux me permettre, je vous conseille de vous montrer bon et juste, au moins les premiers mois. Un roi malaimé ne finit jamais bien, je peux vous l'assurer.
Et le mestre partit de sa démarche mesurée, laissant Trorh désemparé. Le roi entra dans ses appartements et ce qu'il découvrit le remplit d'horreur : un noble était étalé par terre, un parchemin froissé dans une main, et une lance plantée à l'arrière de son crâne. Le jeune seigneur s'agenouilla à côté de la victime et sortit le mot de la main du mort :

Messire Trorh Draconor,

Maintenant, vous êtes roi, félicitations ! Je vous adresse ce mot pour vous mettre en garde. Jamais vous ne serez en sécurité sur le trône. La mort vous guette, aussi brusque et horrible que cet innocent que j'ai envoyé comme messager. Votre règne sera court.
Effectivement, c'est très dur d'être roi.
Je ne suis pas votre ennemi, ni votre ami. Je vous mets juste en garde. Trorh draconor, le roi des morts.


La prison des ténèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant