Chapitre 1

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Cette journée n'avait pas vraiment été des plus brillantes, et j'avais d'ailleurs décidé de la classer dans la catégorie "journée pénible mais restant vivable car aucun drame n'est arrivé" sur le calendrier annuel accroché sur le réfrigérateur. Je me rappelle avoir mis du temps à écrire la date d'aujourd'hui dans la colonne déjà bien remplie de dates, autant que les colonnes "journée banale mais un peu trop pour être heureuse", "journée ne pouvant pas être pire" et "journée qui me renie toute entière", car mon stylo avait soudainement eu envie de me laisser tomber.

J'avais ouvert la grande machine représentant une minuscule chambre froide pour y attraper une canette de bière mais en vain : l'étage spécialement réservé pour la boisson magiquement pétillante m'était apparu totalement vide. L'absence de nectar alcoolisé m'avait vexée et énervée ; je m'étais sentie trahie par les petits conteneurs métalliques de liquide gazeux. J'avais soupiré tristement, avais claqué la porte du frigo et m'étais rendue dans l'entrée, afin de mettre les chaussures et la veste que j'avais enlevés quelques minutes plus tôt. Une fois prête, j'avais attrapé mon sac d'une manière parfaitement approximative et étais sortie de mon petit studio sans oublier de verrouiller la porte, les mains dans les poches, un visage sans expression particulière.

Sur le chemin de l'épicerie, j'avais traîné les pieds, raclant le sol avec mes semelles, les paupières lourdes de fatigue due au travail effectué durant la journée. J'avais fredonné quelques douces notes de musique tout en sentant une légère brise caresser mon visage, mon regard fixé sur le trottoir que mes pieds avaient lentement martelé. J'avais fini par arriver devant l'épicerie au coin de la rue, à quelques minutes à peine de chez moi. J'étais entrée et avais attrapé deux canettes du liquide pétillant que j'avais assez convoité pour ressortir de mon logis, et j'avais également pris un paquet de chips et deux boîtes de ramyun au boeuf. Je me rappelai avoir mis pas mal de temps à la caisse, car j'avais cherché les centimes au fond de mon porte-monnaie afin de donner précisément le montant indiqué par la caisse enregistreuse de la jeune vendeuse qui devait être très légèrement plus âgée que moi. Une fois que ce combat avait été remporté par mon porte-monnaie, m'obligeant à donner un billet plus gros, j'avais récupéré toute ma monnaie et m'étais emparée du sac en plastique contenant les achats que je venais tout juste de faire. J'avais poliment salué la jeune femme et m'étais dirigée vers les portes automatiques à l'entrée du magasin qui faisait également sortie.

Mais quelque chose, ou plutôt quelqu'un m'avait empêchée de retourner dans la rue. Une personne masquée et habillée de noir - un homme d'après sa taille - m'avait barré la route, pointant une arme à feu dans ma direction. Je n'avais eu aucune réaction, n'ayant pas eu le temps de comprendre la situation dans laquelle je m'étais trouvée à ce moment là. J'avais simplement écarquillé les yeux tout en fixant l'homme que je n'avais plus pu apercevoir la seconde d'après, ne voyant soudainement plus, mon visage pris au piège dans un sac en tissu de couleur sombre. J'avais entendu des coups de feu, des cris, des pleurs. Mais je n'avais pas bronché. Je m'étais seulement laissée bousculer un peu dans tous les sens, tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche, sentant du début à la fin une main empoignant fermement mon bras.

Je repensai à tout ça, me disant que j'aurais dû réagir dès le début, cela m'aurait peut-être évité de vivre tout ça maintenant, quelques mois après avoir expérimenté ce kidnapping dans la supérette. J'étais à présent allongée au sol, une larme roulant le long de ma joue, et je plaquai ma main sur ma bouche, choquée, affreusement répugnée, la douleur se faisant de plus en plus insupportable et difficile à gérer. Au fond de moi, je voulais crier, hurler, me débattre. Mais je ne faisais rien, j'étais passive. Je pleurais seulement, en silence.

Flash back

« Allez, avance ! me cria-t-on. »

Une main me poussa violemment dans le dos, je faillis tomber en avant. Mon visage était caché, je ne voyais absolument rien. Mes mains étaient attachées dans mon dos, la corde écorchait ma peau à force de se frotter. On continua de me pousser sur plusieurs mètres avant que je ne me prenne le mur en pleine figure, rouspétant de douleur.

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⏰ Last updated: Jul 31, 2017 ⏰

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